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Whisky, Gin, Vodka… la mode des nouveaux Arrangés

Publié le 5 janvier 2024

Sans protection de l’appellation « arrangé », de son origine, ou de son lien intrinsèque avec la Réunion*, le marché des arrangés fait feu de tout bois. Aux côtés des rhums sans saveur qui fleurissent en grandes surfaces, 2023 a vu apparaître des whisky, du gin, de la vodka et même du cognac et du calva arrangé… Un petit état des lieux en 20 exemples.

Lire aussi : Comment les marques distributeur diluent le rhum arrangé / Comment la Réunion pourrait (devrait) profiter de la notoriété de sa cuisine

Action marketing pour le lancement du gin arrangé

« Du rhum arrangé, on en trouve à plus savoir qu’en faire. Mais vous avez peu de chance de tomber sur du whisky arrangé ! Le whisky arrangé se fait tout simplement comme du rhum arrangé. Vous prenez de l’alcool, des fruits bien murs, vous laissez macérer et vous avez une boisson délicieuse… » Cette description trouvée sur le site "Gentleman moderne" a le mérite de la simplicité. Car si on trouve encore sur le web des traces de l’origine réunionnaise du rhum arrangé*, son succès a fait que le concept s’est exporté à nombre d’autres alcools et liqueurs.


Il y a quelques années de ça, au pays du Calvados, certains des acteurs des cidreries et différente distillerie de la région ont cherché à donner un nouvel élan plus novateur, plus jeune à l’alcool de Cidre : le Calvados. Le Calvados arrangé vit le jour grâce à un couple de passionnés, qui commença à faire macérer, tout comme un rhum arrangé, des fruits, des épices avec du jeune Calvados Pays d’Auge AOC. Le succès fût immédiat et l’aventure des Calvados arrangés put commencer.


Près de Lisieux en Normandie, un autre producteur propose une gamme de calvados arrangés aux fruits. Les parfums sont originaux et délicieux. Commercialisés sous la marque "P’tit Calva", ces alcools normands du Pays d’Auge sont idéals pour l’apéritif. « N’attendez plus pour déguster ces petites bouteilles fruitées au goût des îles ! »

On trouve aujourd’hui des bouteilles de whisky arrangé, de gin arrangé, de vodka arrangée !

* Une origine réunionnaise reconnue mais parfois contestée... et surtout non protégée !

Selon Wikipedia, le rhum arrangé est une préparation traditionnelle de rhum dans laquelle ont macéré longuement divers ingrédients tels que des feuilles, des fruits, des graines, des écorces ou des friandises. Cette boisson emblématique de La Réunion s’est étendue avec le temps aux Antilles, en Guyane et à Madagascar. À l’origine, les marins au long cours de la route des Indes mettaient les épices et les fruits dans de l’alcool pour les conserver. S’ensuit alors la tradition créole avec le rhum, devenant ainsi le rhum arrangé. Associé à une tradition de l’île de la Réunion, le rhum arrangé tire aussi ses origines du betsabetsa de Madagascar. Le betsabetsa est un vin, préparé à partir de jus de canne fermenté, mélangé à des épices, des feuilles et des écorces.


Selon le site « Les rhums du monde », l’origine géographique du rhum arrangé est un peu floue, mais on l’attribue aux Indiens de Madagascar qui auraient transmis cette tradition à l’île de la Réunion. Les nombreux échanges commerciaux de rhum et d’épices, entre les différentes colonies ont par la suite permis de faire connaître cette pratique jusque dans les Caraïbes.


Selon le site « La route des rhums », spécialiste du rhum antillais : Originaire de La Réunion et populaire à Madagascar, le rhum arrangé s’est rapidement démocratisé aux Antilles et désormais très répandu un peu partout en France.


"Le rhum arrangé est issu d’une longue tradition réunionnaise qui date de la marine à voile au XVIIe siècle, lorsque les bateaux ramenaient les épices du continent indien vers l’Europe en les conservant dans du rhum fabriqué dans les ‘îles à sucre’, La Réunion (autrefois île Bourbon) et l’île Maurice (autrefois île de France)", explique pour sa part Jérôme Isautier dans le Nouvel Economiste.


Extrait de l’article "Comment les marques distributeur diluent le rhum arrangé" : Le rhum arrangé perd peu à peu l’origine Réunion associée à son existence. C’est un exemple de perte de paternité progressive sur un produit sur lequel nous avons toute légitimité. Ces dernières années, ses ventes ont explosé en France ; il a conquis les rayons des cavistes et même des grandes surfaces. Mais la mode du rhum arrangé a attiré les acteurs de la grande distribution, qui, sous leurs marques distributeur, mélangent allègrement les provenances et en ont fait un produit « des îles ». On le sait, le consommateur métropolitain a souvent tendance à confondre la Réunion et les Antilles. Dans le cas du rhum arrangé, la confusion est totale en grande surface ; l’industrialisation a dilué l’origine Réunion derrière une bannière vaguement exotique.


Et le rougail saucisse, les caris, les samoussas, le achard, etc ?

A côté des sommes dépensées pour l’export et la communication, les efforts devrait également se porter sur la protection juridique. A quand une réflexion sur les valeurs nominatives de qualité ou d’origine ? Faut-il protéger les appellations ? Les recettes ? L’origine des produits ? L’indication géographique ? Faire en sorte que certains ingrédients ou savoir-faire proviennent obligatoirement de la Réunion pour doper la production et l’emploi local ? Peut-être en arriver à des Indication Géographique Protégée (IGP) ou Spécialité Traditionnelle Garantie (STG) ? Les décideurs locaux pourraient s’inspirer du travail fait ces dernières années sur le cassoulet de Castelnaudary et la pizza napolitaine.


Lire aussi : Comment la Réunion pourrait (devrait) profiter de la notoriété de sa cuisine


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