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Johan : surmonter la surdité pour réaliser ses rêves

Publié le 19 septembre 2023

Johan, étudiant en master 2 études créoles, est un exemple de détermination face à la surdité. Malgré les discriminations et les défis, il brise les stéréotypes pour poursuivre ses rêves et promouvoir la reconnaissance des langues créoles et de la langue des signes.


Johan n’a pas été diagnostiqué sourd dès sa naissance. À l’époque, les tests d’audition à la naissance n’étaient pas effectués systématiquement. Se rendant compte qu’il ne réagissait pas au bruit à l’âge d’un an et demi, sa famille décida de lui faire passer des examens chez l’ORL.

On lui diagnostiqua une surdité bilatérale. En 2002, Johan s’envola pour Marseille pour se faire opérer et on lui posa un implant pour qu’il puisse entendre. Suite à l’opération, il fut suivi trois à quatre fois par semaine par une orthophoniste. À l’âge de quatre ans, Johan put être scolarisé dans une école "ordinaire" à La Réunion.

En raison de son handicap, le jeune homme est toujours victime de discrimination aujourd’hui.

"Souvent, je subis des discriminations, que ce soit à l’école ou à l’extérieur. En raison de mon handicap, j’étais en difficulté dans certaines matières, je subissais des pressions ou de la discrimination de la part de mes professeurs dans ces deux matières. Dans le sport, j’ai toujours aimé le football, mais quand je suis arrivé en France, on m’a toujours refusé l’intégration dans les clubs", témoigne Johan.

Johan réside à Lille depuis 2018 et est actuellement étudiant en Master 2 Études créoles, en distanciel avec l’université des Antilles. Malgré quelques difficultés, le jeune homme est fier de son parcours.

"Mon handicap est devenu une force au fil des années, car j’ai su surmonter mes difficultés grâce à d’autres avantages, comme m’investir pleinement à l’école. J’ai défié les statistiques qui disaient qu’une personne sourde ne pouvait pas faire de grandes études. Aujourd’hui, je suis en Master 2 pour devenir professeur de langue créole et enseigner à La Réunion. J’ai surpassé mon handicap dans la vie quotidienne en accomplissant plusieurs choses, comme obtenir mon permis en 2021, le BAFA en 2022, une double licence en 2022 et entreprendre un double master en 2023, bien que je n’aie réussi qu’en master créole. Je suis fier de mon parcours et de mes réussites qui n’auraient pas été possibles sans le soutien de ma famille", témoigne Johan.


Avec l’implant cochléaire, Johan se trouve entre deux cultures, un métissage. Il a accès au monde des entendants et au monde des sourds. Il a accès à la musique, au maloya, mais il ne souhaite pas renier son handicap. Pour préserver cette culture sourde, il a continué à apprendre la Langue des Signes Française (LSF). C’est le même combat que pour la langue créole qu’il étudie à l’Université et parle à La Réunion. Ce sont deux langues qui méritent d’être reconnues. Il faut continuer à défendre ces langues. Le créole et la LSF font partie de son identité. D’ailleurs, la LSF peut être en créole réunionnais, avec ses signes spécifiques. Le signe "maman" peut avoir huit variantes selon les régions.

Même si l’implant cochléaire facilite sa vie quotidienne, Johan rencontre parfois des difficultés à suivre le professeur lorsque la classe est bruyante. "Cela demande des efforts pour lire sur les lèvres, ce qui peut parfois me donner des maux de tête. Pour me soulager lorsque l’ambiance est trop bruyante, je suis obligé d’enlever mon appareil en classe. J’ai la chance de pouvoir me déconnecter. Heureusement, j’ai eu d’excellents professeurs et camarades qui m’ont soutenu et intégré dans la classe. J’ai également bénéficié d’aménagements tels que la dispense d’assiduité, un tiers-temps lors des examens, une salle séparée et la dispense d’épreuves orales en anglais. Cela m’a permis d’optimiser mes chances de réussite. Cependant, parfois, on ne me croyait pas car je m’exprime bien et les gens confondent souvent sourd et sourd-muet. Je suscite beaucoup de curiosité, mais mes parents m’ont appris à accepter mon handicap."

Johan a récemment participé à l’émission "Les 12 Coups de Midi" diffusée sur TF1. Il a également obtenu une bourse Graeme Clark en récompense de son parcours. Pour le jeune homme, cela prouve que le handicap n’est pas un obstacle, mais plutôt un tremplin vers la réussite.

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