Publicité

Coronavirus au Brésil : une Réunionnaise témoigne

Publié le 18 juin 2020

Créatrice d’une marque de bijoux à Belo Horizonte, la Tamponnaise Nadia Fontaine décrit une situation marquée par l’incertitude sanitaire et politique, dans le plus grand pays d’Amérique du Sud.


Pouvez-vous vous présenter ?

Nadia Fontaine, 33 ans, originaire du Tampon. Je suis diplômée de l’école supérieure de commerce de Bordeaux, après avoir fait deux ans de classe prépa HEC à Bellepierre. Pendant mes études, j’ai réalisé un stage en communication et marketing chez Medicis à la Réunion, puis un stage d’un an en Australie chez Altios, à Sydney. J’ai fini mes études au Mexique, à Monterrey, et je suis repartie en Australie en 2011. Sponsorisée par une entreprise de commerce de marchandises entre l’Australie et les îles françaises du Pacifique, j’ai obtenu la résidence australienne puis la nationalité. J’ai travaillé dans la logistique et l’import-export en Australie pendant huit ans.

Et ensuite ?

Je me suis mariée avec un Brésilien et en 2016, nous avons démissionné de nos emplois respectifs après avoir passé un mois dans un Ashram en Inde, pour réaliser un grand projet : voyager pendant sept mois en Amérique du Sud. Arrivés au Brésil, nous devions revenir en Australie mais le destin nous a fait rester un peu plus longtemps… J’ai monté ma boite de bijoux plaqués or ici avec un style français qui cartonne depuis deux ans : @adulabrasil.


Quelle est la situation de l’épidémie Coronavirus au Brésil ?

Nous sommes très pessimistes sur ce qui se passe ici. Nous avons eu deux changements de ministres de la Santé et notre président depuis le début de la pandémie a tout fait sauf combattre le virus ! Le Brésil est un pays très complexe. Avec les fake news et les scandales, nous sommes très souvent sans savoir si ce qui se dit est vrai ou faux. En plus c’est un très grand pays avec plusieurs états et des situations particulières dans chaque ville et état.

Quelle est votre situation personnelle ?

Dans l’état où je suis, Minas Gerais, nous sommes en quarantaine depuis fin mars. Nous ne pouvons pas sortir sans masque sous peine d’amende. Toutes les semaines, un bilan d’occupation des hôpitaux et de nombre de malades est fait. C’est une situation très bizarre car la maladie n’a pas encore touché notre entourage. Nous sommes inquiets mais nous faisons très attention et notre possible pour garder un état d’esprit sain.


Et au niveau professionnel ?

Nous avons un ilot de vente dans un centre commercial. Il n’a pas encore réouvert et notre activité « physique » n’a toujours pas repris. Nous avons donc dû nous concentrer sur la vente en ligne. Et nous avons augmenté nos ventes de plus de 1000%, avec grand succès. Nous pouvons travailler de chez nous, et je me considère comme très privilégiée.

Quel est le regard sur la situation en Europe vu du Brésil ?

Les ´´Mineiros´´ (les habitants de Minas Gerais), je ne peux parler que d’eux, ont eu très peur de ce qui s’est passé en Italie. Ils ne comprenaient pas pourquoi les gens continuaient à sortir de chez eux. Je pense que c’est pour cela qu’ici les gens suivent plus ou moins bien les directives. Nous restons chez nous, portons le masque, etc. Même à la Réunion , je pense qu’il faut continuer à faire attention, respecter les mesures d’hygiène, se protéger, éviter les grands événements...

Belo Horizonte

Vu d’ici, le gouvernement brésilien semble très contesté et la société brésilienne divisée. Qu’en est-il ?

Le pays est très divisé. En gros il y a 25 % d’extrémistes de droite, 25 % d’extrémiste de gauche, et le reste de la population est un peu perdue. Certains ont peur de la dictature (qu’on a déjà connue au Bréil), d’autre du retour du gouvernement de gauche avec Lula. Au début de la crise, il y avait énormement de discussions, et de bagarres en famille. Mais les Brésiliens n’aiment pas le conflit. Au final, chacun reste plus ou moins sur ses positions et nous évitons de parler football et politique !

+ d’infos : www.adulabrasil.com / www.facebook.com/AdulaBrasil / www.instagram.com/adulabrasil


32 membres et articles au Brésil


Publicité