Publicité

Journée type et anecdotes d’un tour du monde à vélo

Publié le 3 novembre 2022

Avec en moyenne 50 kilomètres parcourus par jour, Marine et Jonathan profitent du voyage, économique et écologique, depuis plus de deux ans. Voici leur journée type et quelques anecdotes sur la route. « Globalement, nous nous arrêtons peu dans des zones touristiques. Au contraire, nous les fuyons car nous recherchons un contact naturel et authentique avec les locaux ».

Lire aussi : Marine Zopire : tour du monde à vélo mode d’emploi / Plus de Réunionnais "Grands Voyageurs"


La journée type

Nous avions au départ un itinéraire global (qui a changé 1000 fois en cours de route !), mais le trajet quotidien était organisé le jour même. Le matin, on regarde la route à prendre sur plus ou moins 50km et dans la journée, on ajuste par rapport à notre ressenti et à nos capacités. Il nous est aussi arrivé de faire des étapes de 20 km comme de 100 km. Pour choisir les routes, nous utilisons l’application Komoot qui nous donne des indications sur les types de routes (goudronnée, piste,…), le dénivelé... en gros les routes les plus praticables à vélo.


La journée type varie en fonction de l’environnement. Par exemple, quand il fait très chaud, il vaut mieux se réveiller très tôt (6h) pour pédaler pendant les heures les plus fraîches et finir à midi maximum, ce qui laisse l’après-midi pour manger, lire, dessiner, faire une sieste ou discuter avec les locaux. Quand il fait très froid, on fait la grasse matinée le temps que le température monte un peu. Dans le cas où on campe, il faut aller en fin de journée se renseigner où l’on peut poser la tente. En général, si nous campons sur le terrain de quelqu’un, nous mangeons le soir avec cette personne. Après, il y a des choses qui font parties de la routine : déballer ses affaires puis les ranger dans les sacoches, utiliser le réchaud pour cuisiner, gonfler les pneus pour éviter qu’ils ne crèvent, faire nos lessives à la main…


Où dormir

Dans la majorité des cas, nous ne savons pas le matin où nous dormirons le soir. Tout dépend des pays ou du continent. En Europe, les hôtels sont chers donc inenvisageables. Par contre, il y a des campings. Nous faisions aussi des bivouacs ou dormions dans le jardin des habitants. En Turquie, on dormait soit chez l’habitant soit à l’hôtel. En Afrique de l’Ouest : dans les villages sur le terrain du chef du village et en ville chez l’habitant ou dans des hôtels. Quoi qu’il en soit, on est autonome en tout et lorsqu’on arrive chez quelqu’un, on ne demande rien d’autre qu’un bout de terrain où poser la tente et un peu d’eau pour se laver. C’est même une règle pour nous car on ne connait pas les moyens de nos hôtes et on ne voudrait surtout pas devenir une charge pour eux. Après si on nous propose de partager un repas, on accepte avec grand plaisir.


Anecdote 1 sur une situation de bienveillance

La Guinée Bissau est le pays où on a eu le plus de mal à communiquer avec la population, car là-bas on y parle un créole portugais. Pour autant, en arrivant dans un village, on a plus ou moins réussi à obtenir l’autorisation du chef du village pour camper sur son terrain. Bien entendu, les interactions étaient comiques. A ce moment-là, le langage des gestes aide bien. Le soir venu, nous avons installé notre tente et mangé avec le chef et sa famille puis nous sommes allés dormir mais au petit matin, nous avons découvert que le chef du village avait installé une natte près de la tente pour veiller sur notre sécurité. Morale : même avec un communication difficile, nous sommes souvent tombés sur des personnes bienveillantes et soucieuses de notre sécurité.


Anecdote 2 sur une situation de peur

Le jour de notre entrée dans Istanbul en Turquie a été l’une de mes expériences les plus flippantes à vélo. Istanbul est une zone urbaine qui s’étend sur environ cent kilomètres. Pour rejoindre le centre, on passe forcément par de grandes routes qui ressemblent à des autoroutes avec de multiples entrées. La circulation y est dense et chaotique mais ça nous ne le savions pas avant d’emprunter cet itinéraire. Ce jour-là, nous avons fait 70km dans le stress car les voitures roulaient vite et arrivaient de tout côté en nous frôlant. Si on appelle Istanbul la ville au sept collines ce n’est pas pour rien. Nous devions tenir un rythme soutenu avec du dénivelé. A un moment sur une route plus étroite, je suis même tombée devant une voiture qui arrivait sur ma droite. Plus de peur que de mal... Nous avons finalement rejoint notre auberge de jeunesse en début de soirée avec des courbatures plein les jambes et une fatigue extrême. Morale : entrer dans une capitale ou une grande ville le dimanche car il y a moins de circulation ou alors l’éviter à vélo si on en a la possibilité.


Anecdote 3 sur une situation drôle

Après la traversée de l’Europe et de la Turquie et avant de continuer l’aventure en Afrique, nous avons voyagé sur le bateau d’une famille pendant six mois au Cap Vert. Nous sommes donc arrivés au Sénégal par la voie maritime qui, contrairement à la frontière terrestre, était restée fermée à cause du COVID. A notre arrivée, le douanier sénégalais était bien embêté. Pour nous régulariser, il nous a proposé de nous prêter sa voiture pour faire un aller-retour dans un pays frontalier et rentrer légalement au Sénégal. Pas de morale : juste plein de situations comiques comme celle-ci avec ce type de voyage.


Anecdotes en Afrique

1- Faire le marché dans une ville où aucun blanc ou métisse ne passe jamais, ça attire forcément les regards. Entre les grands cris "Toubab ! Toubab !" Et la nuée de gamins qui tourbillonne autour de nous, difficile de se faire discret. Alors on se laisse porter par la foule, on se perd dans un labyrinthe de stands à même le sol, jusqu’à ce qu’on trouve ce qu’on cherche. "Le tas là c’est 100 Francs, celui-là c’est 300"... Ici on ne vend pas au kilo mais par petits tas de 3 ou 4 légumes empilés. Quelques pièces échangées contre 3 petits oignons, un sourire et nous disparaissons de nouveau dans la cohue.


2- S’arrêter dans les villages, c’est ne jamais savoir à quoi s’attendre, mais on est à peu près sûrs d’être bien accueillis. Le village de Kiffaya confirme cette règle. Après s’être présentés au chef du village, Amadou Moktar, nous sommes invités à nous installer sur son terrain. Son hospitalité ne s’arrête pourtant pas là. Il nous fait goûter du miel local, nous offre une bonne dizaine de mangues, nous emmène en balade à moto, nous fait visiter ses vingtaines d’hectares de terre cultivable, nous offre le « moni » à la fin du jeûne (période de ramadan) et nous parle de sa vie de responsable du village. Bref, une journée bien remplie ! C’est un de ces précieux moments où une personne nous offre de son temps, de son énergie, de sa bienveillance pour nous faire découvrir son univers et pour qu’on puisse prendre part à sa vie pendant quelques heures.


3- A force de pédaler de village en village, on s’est habitué à faire nos courses dans les marchés ou les échoppes locaux. Dans les marchés les fruits et les légumes disponibles, bien que délicieux, dépendent de la saison en cours. La plupart des échoppes vendent les mêmes produits industriels, souvent en très petit format pour le dîner du soir. Tout ça pour dire que l’on vend de tout mais c’est un peu tout le temps les mêmes produits qui reviennent. On est entré dans un supermarché à Conackry et on a été perturbé par l’abondance soudaine de produits dans les rayons (à un prix beaucoup plus élevé bien sûr). Le contraste nous a fait bizarre, après avoir passé des semaines dans le monde du "juste ce qu’il faut", nous étions retournés, l’espace de quelques instants, dans le monde du "trop". On sentait notre envie d’acheter plein de choses. Heureusement que notre budget nous a rappelé qu’on n’était pas les rois du pétrole. Il faut se rendre à l’évidence, même si ce voyage nous change, il reste certaines addictions dont nous ne nous sommes pas encore tirés...


+ d’infos : www.facebook.com/nartrouvtravel / www.youtube.com/channel/UC7-qitA6aTEUbZhq-APn2qw / www.instagram.com/nartrouv_travel


Lire aussi : Marine Zopire : tour du monde à vélo mode d’emploi / Plus de Réunionnais "Grands Voyageurs"


Publicité