Publicité

Marine Zopire : tour du monde à vélo mode d’emploi

Publié le 3 novembre 2022

Préparation, matériel, budget, étapes, journée type, anecdotes… Cette Réunionnaise spécialiste du « slow travel » achève deux ans de Tour du monde à vélo avec son conjoint. Son projet de voyage et de vie : « vivre avec moins pour vivre plus ». Elle nous explique comment.

Lire aussi : Journée type et anecdotes d’un Tour du monde à vélo / Plus de Réunionnais "Grands Voyageurs"


Qui je suis

Marine Zopire, 27 ans, je viens de la Petite-France au Maïdo. Comme beaucoup de Réunionnais, j’ai quitté l’île après mon lycée à Evariste de Parny pour aller faire mes études de psychologie en métropole. C’est à Toulouse que j’ai posé mes valises. Je suis restée quatre ans dans la ville rose. Puis, je suis allée vivre à Paris un an pour un stage. Pour ma dernière année de master, j’ai fait six mois à l’université de Reims puis six mois de stage dans un cabinet de conseil sur les risques psychosociaux à Lyon. Depuis 2018, je suis diplômée en psychologie sociale et du travail. Mon compagnon Jonathan a trouvé du travail au Congo (Brazzaville) et je l’ai rejoint après mes études. J’y ai travaillé un an comme directrice adjointe d’une école Montessori. Puis en 2020, avec Jonathan nous avons commencé un grand voyage à vélo qui depuis, me fait parcourir le monde...


La naissance du projet

Toulouse est une grande ville étudiante, c’est là-bas que j’ai rencontré des étudiants des quatre coins du monde. J’ai aimé être en contact avec cette diversité de cultures. Je savais déjà à l’époque que je voulais voyager pour continuer à être en contact avec des gens du monde entier mais c’est en rencontrant mon compagnon qui avait un rêve de faire le tour du monde que ce projet s’est vraiment concrétisé. L’idée de partir en tour du monde à vélo nous est venue en 2018 au Congo. Nous avions envie de parcourir la planète et en apprendre sur d’autres modes de vie avant de nous installer et de travailler sur le long terme. Par contre, on souhaitait avoir un minimum d’impact écologique et voyager lentement, la lenteur permettant une imprégnation et une observation riche des cultures des pays traversés. L’ avion étant exclu, le choix s’est porté sur le vélo sur terre, et le bateau sur mer.


Le projet Nartrouv

Adeptes du "Slow Travel", le vélo nous permet de ralentir en voyage, sortir des sentiers battus, prendre notre temps, et laisser opérer la magie des rencontres. La confiance dans le genre humain est à la base du projet, "vivre avec moins pour vivre plus". Le vélo n’est qu’un moyen, pas une fin. Nous n’avons pas d’objectif de performance. En revanche, notre objectif est de rencontrer les gens et de nous imprégner de leur culture. C’est pour cela, que voyager lentement était indispensable. Ainsi, nous avons décidé qu’une moyenne de 50km par jour (avec beaucoup de jours de repos) était appropriée. Avant de partir, nous avions établi un itinéraire qui nous faisait partir de France, traverser l’Europe par le sud puis l’Asie centrale par la célèbre route de la soie pour rejoindre l’Asie de l’Est. De là, nous comptions chercher un bateau pour atteindre l’Amérique centrale ou du Sud et peut-être plus tard trouver un autre bateau pour aller vers la côte ouest africaine. Bien évidemment, nous n’avons pas du tout suivi cet itinéraire. En même temps, le voyage c’est se laisser porter par les imprévus et avec le COVID on a été servi...


La préparation

D’abord nous n’étions pas totalement novices. Tous les deux nous avions déjà expérimenté les voyages en stop et sac à dos à travers l’Europe et au Congo. Physiquement, nous nous sommes entraînés avec du Cross Fit. Au niveau budget, nous avons estimé que 10 000 € par an pour deux personnes suffiraient, sans compter l’investissement initial dans le matériel le matériel (vélo, sacoches, vêtements techniques, matériel vidéo pour environ 10 000 €…),. Par jour, ça correspond à 22€ pour deux personnes pour l’hébergement et la nourriture. Dans ce budget, il faut aussi tenir compte des imprévus : maladies, matériel cassé, visas, vaccins… En plus, nous produisons des vidéos que nous publions chaque mois sur notre chaîne Youtube, donc il faut aussi un budget pour le logiciel de montage et l’accès à une bibliothèque musicale libre de droits.


Le matériel

Nous avons des vélos de la marque Histoire Bike. Ce sont des vélos faits pour les voyages longues distances. Pour ma part, je porte quatre sacoches, une sacoche guidon et deux tentes sur mon vélo et Jonathan a un gros sac en plus. Ce sont des sacoches de la marque Vaude mais malheureusement la colle des sacs ne tient pas en cas de fortes chaleurs et nous avons dû les rafistoler de nombreuses fois. Nous avons une tente plutôt légère de la marque MSR, très rapide et facile à monter. Nous avons également une tente moustiquaire qui est pratique dans les chambres d’hôtels sans moustiquaires ou quand il fait très chaud. On rajoute à la partie couchage, un coussin, un drap, un matelas gonflable et un sac de couchage. Nous avons des vêtements techniques de montagne pour la période hivernale. Nous avons ce qu’on appelle un système de trois couches : des t-shirts techniques, une polaire/doudoune et un coupe-vent. Nous étions bien content de les avoir quand on a roulé par -10°C en Turquie. Nous avons aussi des vêtements plus légers pour les pays chauds.


Pour la partie hygiène, nous avons une trousse de toilettes, des serviettes, une douche portative. Pour la partie cuisine, nous avons un réchaud à essence, une trousse d’épices (réunionnaise oblige...), un set de casserole/poêle, assiettes, couverts et tasses. Nous avons aussi des batteries externes et un panneau solaire. Pour la partie vidéo, nous transportons un ordinateur, un drône, une caméra, une go pro, des batteries et des chargeurs. Tout a été calculé : pas de carbone pour le cadre mais de l’acier, facile à souder, un format universel 26 pouces pour les roues, des freins à patins changeables partout dans le monde et une selle Brooks idéale pour les longs trajets, des sacoches étanches, pour ranger le matériel de bivouac, une douche portative pliable, des mini-panneaux solaires et une dynamo installée sur le vélo, qui permet en quatre heures d’efforts, de charger deux fois et demie deux téléphones pour rester autonomes. Nous sommes partis chargés respectivement de 49 et 56 kilos.


L’itinéraire

Pour démarrer l’aventure, nous sommes partis de Pau en juin 2020. Direction Bayonne pour attraper la Vélodyssée, une voie cyclable de 1 200 km, qui longe le littoral atlantique, du Pays basque jusqu’à la Bretagne. Nous avons parcouru quelques pays d’Europe en essayant d’éviter les zones de confinement. Nous avons ensuite pédalé trois mois en Turquie. Malheureusement la frontière Iranienne ne s’est pas ouverte et nous avons dû revoir nos plans. Nous avons donc navigué sur un catamaran pendant six mois dans l’archipel du Cap vert. Quand nous sommes arrivés au Sénégal, nous nous sommes remis en selle pour longer la côte Ouest Africaine. A l’heure où je vous réponds, je suis au Gabon après deux ans et demi sur la route à un petit millier de kilomètres de notre destination finale : la ville de Pointe Noire au Congo.


Un premier bilan ?

Deux ans que nous sommes partis dans cette folle aventure, deux années fortes en émotion, en rencontres et en galères mais surtout deux années de bonheur. La première fois qu’on a appuyé sur notre pédale, on était loin de se douter de toutes les épreuves qui nous attendaient. Les premiers mois nous ont permis de prendre nos repères et gagner en confiance. Petit à petit nous sommes devenus de vrais pro du voyage à vélo ! Il y a des cyclo-voyageurs qui disent qu’on est souvent blasé la deuxième année, que finalement tout se ressemble et qu’une routine s’installe. Ce n’est pas notre cas. Peut-être est-ce à cause de notre tracé atypique ou parce qu’on est aussi occupé à tourner les vidéos YouTube mais nos journées se suivent et ne se ressemblent pas (lire l’article Journée type et anecdotes d’un Tour du monde à vélo).


Et la Réunion ?

C’est depuis que j’ai quitté l’île que je me suis rendue compte de la richesse de la Réunion et que je ne connaissais pas mon île si bien que ça. D’ailleurs je reviens en janvier pendant un mois et demi pour voir ma famille, mais aussi avec une grande envie de la redécouvrir. Depuis que j’ai quitté l’île, j’essaie de présenter la culture réunionnaise par la cuisine (rougail saucisse, morue, les brèdes, etc.) que je prépare pour nos hôtes quand je trouve les ingrédients. Il y aussi le simple fait de nous appeler « nartrouv travel » sur les réseaux Instagram, Facebook et YouTube qui fait que les gens nous posent souvent la question de la signification de nartrouv. Ca donne l’occasion d’expliquer le créole réunionnais, où se trouve l’île de la Réunion et de présenter un bout de la Réunion aux gens qu’on croise.


+ d’infos : www.facebook.com/nartrouvtravel / www.youtube.com/channel/UC7-qitA6aTEUbZhq-APn2qw / www.instagram.com/nartrouv_travel


Lire aussi : Journée type et anecdotes d’un Tour du monde à vélo / Plus de Réunionnais "Grands Voyageurs"



Publicité