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Nadia Payet, prix Talent de l’Outre-mer 2007

Publié le 30 novembre 2007

"Apres un baccalauréat général scientifique obtenu avec mention très-bien en 1999, j’ai commencé mes études supérieures par 2 années de classes préparatoires scientifiques à la Réunion. A l’issue de ces 2 années, j’ai intégré l’école d’ingénieur CPE Lyon (Chimie, Physique, Electronique) où j’ai découvert ma future passion, l’informatique...

Nadia Payet

Rencontre du CASODOM et de ses lauréats (Comité d’Action Sociale en faveur Des Originaires des Départements d’Outre-mer En Métropole) - Article extrait du site www.casodom.com

Présentation de Nadia PAYET

Après un baccalauréat général scientifique obtenu avec mention très-bien en 1999, j’ai commencé mes études supérieures par 2 années de classes préparatoires scientifiques à la Réunion. A l’issue de ces 2 années, j’ai intégré l’école d’ingénieur CPE Lyon (Chimie, Physique, Electronique) où j’ai découvert ma future passion, l’informatique, où j’ai aussi abordé nombre de sujets intéressants, et où j’ai particulièrement apprécié la continuation de deux langues vivantes, à savoir l’anglais et l’allemand. Après avoir brillé à Lyon tant scolairement en restant deux années de suite major de promotion, que socialement en intégrant le BDE (Bureau des Elèves), j’ai opté pour une année de césure en entreprise.

Voyageuse dans l’âme, je me suis dirigée vers l’Allemagne, parlant couramment l’allemand, pour découvrir Infineon Technologies et Munich. Cette année en entreprise m’a permis d’aborder la vie active et de mieux orienter mon projet professionnel, et surtout de confirmer mon envie de voyager et de découvrir le monde.

Forte de cette expérience à l’étranger, j’ai ensuite postulé pour faire ma dernière année d’école d’ingénieur aux Etats-Unis, voyage rendu possible grâce à des ententes entre CPE Lyon et des universités américaines. J’ai ainsi intégré Oregon State University en septembre 2004, et j’ai découvert la vie sur un campus américain. Les cours aux États-Unis se choisissant à la carte, j’ai pu me perfectionner dans mon domaine de prédilection, l’informatique, et me trouver une spécialité, ce qu’on appelle là-bas Computer Graphics, en bref tout ce qui concerne l’animation 3D et le traitement de l’image, la visualisation graphique de données scientifiques également.

Étant une inconditionnelle du cinéma, j’ai tout de suite entrevu là une possibilité de combiner loisir et travail et de faire carrière dans l’industrie du cinéma, plus précisément dans les effets spéciaux et l’animation. J’ai donc mis les bouchées doubles en classe et obtenu les meilleures notes, et je me suis faite remarquer par quelques professeurs qui m’ont proposé de faire un Masters/PhD combinés. Il fallait juste trouver un moyen de financer le coût des études américaines (très élevé !). Après quelques entretiens, j’ai obtenu un poste d’assistant chercheur couvrant la plupart de mes frais, j’ai donc accepté de rester !

Je devrais obtenir mes deux diplômes (Masters et PhD) en décembre 2009. Cela me mènera sur le marché du travail début 2010, et j’aimerais commencer ma carrière ici aux États-Unis, avec un peu de chance dans l’industrie du cinéma directement, pourquoi pas les studios d’Hollywood ? J’ai déjà effectué un stage dans un studio d’animation du nom de Laika à Portland, Oregon, et j’espère que cette expérience me permettra d’intégrer plus facilement le milieu assez fermé du cinéma.

J’espère ensuite pouvoir créer une entreprise de publicité ou un mini studio d’animation en France ou à la Réunion selon les opportunités professionnelles, mais il me tarde de pouvoir redonner à mon île, d’une manière ou d’une autre, tout ce savoir et cette expérience accumulés pendant ces longues années d’expatriation.

Comment se sont déroulées vos études, secondaires, supérieures ?

Mes études secondaires se sont déroulées sous le signe du voyage et de la soif de connaissance. En effet, collège et lycée ont été pour moi l’occasion de partir en voyage organisé ou en échange en Grèce (6e), au Canada et aux Etats-Unis (3e), en Allemagne (2nde) et en Australie (1ere). C’est donc tout au long de ma scolarité que j’ai découvert mon appétit pour le voyage et je suis reconnaissante envers mes parents pour avoir financé ces voyages.

C’est aussi à travers mes études supérieures que s’est affirmé mon amour des sciences et de la rigueur associée au parcours scientifique. CPE Lyon m’a fait découvrir l’informatique et ses possibilités quasi-illimitées, et je crois que ce sont ces 2 années d’école d’ingénieur qui ont été le déclencheur de ma passion actuelle.

Parlez-nous de votre rencontre avec la France métropolitaine.

Ah, comment oublier ! Quitter le soleil de la Réunion pour le froid et la grisaille de Lyon, cela n’a pas été facile. J’ai eu la chance que ma mère m’accompagne pour mon installation, ce qui a probablement facilité l’intégration sur place.

Avez-vous eu des difficultés particulières liées à votre situation de « domien » ?

Venir de la Réunion a plutôt été un avantage et, a en tout cas, beaucoup facilité mon intégration dans l’école. C’est toujours une destination exotique pour les métropolitains et ils se rappellent plus facilement de vous. Le seul « hic », c’est que j’étais tellement fière de mon île, que l’on m’a souvent trouvée chauvine.
J’ai aussi eu beaucoup de succès en organisant des soirées cuisine créole, extrêmement appréciée par mes camarades de classe…à conseiller à tous !

De gros efforts d’adaptation vous ont-ils été nécessaires ?

Des efforts pour supporter le climat et ne pas déprimer, bien sur, mais rien de vraiment méchant. Changer de milieu, de climat, d’amis et ne pas avoir sa famille près de soi, ce n’est jamais facile, mais il faut apprendre à dépasser les petits chagrins et ne pas perdre de vue l’objectif : se bâtir une expérience enrichissante et surtout différente.

Quel jugement vous portez sur votre parcours personnel et quel sentiment en avez-vous gardé ?

Je suis très heureuse d’avoir pu effectuer ce parcours. Je ne regrette aucun choix, et quand je regarde derrière moi, souvent je n’arrive pas à bien évaluer le chemin parcouru. La prépa pour moi c’était hier, et quand je vois ma sœur de 8 ans ma cadette, qui se retrouve en première année de faculté, je suis étonnée de me dire que c’était moi il y a 8 ans ! Ce parcours, je l’ai construit au fur et à mesure, j’ai saisi certaines opportunités et refusé d’autres, mon idée étant toujours d’avancer.

Mes années à Lyon, je les ai vécues à fond, en faisant partie du Bureau des Elèves d’une part, en continuant des cours de danse d’autre part, en visitant cette ville superbe, en me créant des nouveaux amis… Mon départ pour l’Allemagne, fut un peu stressant, mais ce fut une expérience unique avec tellement de souvenirs ! Et aujourd’hui les Etats-Unis, c’est l’avenir pour moi, un futur emploi dans le domaine des effets spéciaux que j’adore, et aussi une possibilité de création d’entreprise a plus long terme.

Qu’avez-vous envie de conseiller aux jeunes « domiens » qui vous suivent ?

Quelqu’un m’aurait dit il y a 8 ans, quand j’ai obtenu mon baccalauréat, que j’en serais là aujourd’hui, je crois que je lui aurais carrément ri au nez ! On ne peut pas savoir où on sera dans 10 ans, par contre on peut avoir des ambitions, et les plus folles sont souvent les meilleures.

Toujours se surpasser et donner le meilleur de soi, se faire plaisir et ne jamais, penser ne pas être à la hauteur, voilà les clés du succès selon moi. N’ayez pas peur du ridicule, ne vous sous-estimez pas, en un mot, foncez !

Que vous a apporté la distinction "Jeunes talents de l’Outre Mer" 2007 ?

Tout d’abord, la reconnaissance locale en premier lieu. Ma famille a été beaucoup félicitée pour le parcours de sa fille, et rien ne pouvait me faire davantage plaisir. C’est grâce au soutien de mes parents et de mes sœurs que j’en suis là aujourd’hui, et que j’ai toujours avancé sans me démoraliser. C’est donc tout naturellement à eux que j’ai pensé quand j’ai reçu la distinction « Talents de l’Outre Mer » au Palais d’Iéna à Paris, le 12 novembre 2007.
Ensuite, c’est aussi la possibilité d’entraînement qui m’a séduite. Penser que mon parcours peut servir d’exemple est très réconfortant et cela me donne envie d’aller plus loin.

Lire aussi : Talents d’Outre-mer 2011 : appel à candidatures

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