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Sophie Rallon, créatrice d’une société d’événementiel à Rome

Publié le 10 mars 2009

À 30 ans, Sophie Rallon, native du Port, vit aujourd’hui à Rome où elle gère une société d’événementiel. Son agence, située en plein centre historique, entre la fontaine de Trevi et la place d’Espagne, organise des mariages de rêve dans la capitale mythique.

Sophie Rallon

Rubrique Le parcours du mois du Journal de l’île de la Réunion du 2 mars 2009 - Economie, avec le site www.reunionnaisdumonde.com

De père breton installé à Saint-Paul depuis 1968 et de mère créole dont les ancêtres sont arrivés sur l’île Bourbon en 1667, la jeune femme a vécu à Saint-Gilles-les-Bains jusqu’à l’âge de 16 ans. Après un baccalauréat passé à Aix-en-Provence, elle est revenue poursuivre des études de Lettres à l’Université de la Réunion. Avant de rejoindre Lausanne pour se lancer dans une carrière hôtelière haut de gamme. Forte de son expérience internationale, elle pose un regard très critique sur la qualité de l’accueil touristique local.

Quelles sont les motivations qui vous ont poussée à quitter la Réunion ?

J’ai décidé de quitter mon île natale à 19 ans pour me lancer dans la carrière hôtelière. Je tiens cette passion de mon père qui avait investi dans des hôtels à la Réunion. Déjà, à l’âge de 8 ans, je me plaisais beaucoup à donner les clés aux clients et à les accompagner dans leurs chambres.

Quel a été votre parcours ensuite ?

J’ai obtenu mon diplôme à l’École hôtelière de Lausanne en Suisse après quatre années d’études bilingues français-anglais. Cette formation reconnue internationalement prépare à la gestion d’hôtels et restaurants haut de gamme en Europe. Mais la nostalgie causée par l’éloignement de mon île natale s’est toujours ressentie, ce qui explique le choix du thème de mon mémoire de fin d’études sur « la perception et la satisfaction touristique dans la stratégie marketing de la Réunion ». Cela m’a donné un motif pour séjourner sur l’île quelques mois et participer de manière concrète à sa promotion.

En quoi consiste aujourd’hui votre activité professionnelle ?

Après mes études, j’ai décidé de créer ma propre société d’événementiel à Rome, « Gaudium et Spes Wedding and Event Planner » (www.gaudiumspes.com), spécialisée dans la coordination et l’organisation de mariages et d’événements exclusifs en Italie. Les services s’adressent à des institutions et des sociétés étrangères ou locales souhaitant planifier un événement dans la capitale italienne ou dans sa région, ainsi qu’aux Italiens et aux étrangers désirant se marier dans la ville éternelle ou souhaitant y séjourner pour raisons touristiques, professionnelles ou religieuses. Mon mari italien et moi réalisons de nombreux mariages pour les étrangers. Irlandais, Anglais, Américains, Hollandais, Australiens... Nous pouvons aussi aider les Réunionnais qui voudraient se marier à Rome !

Que signifie le nom de votre société ?

L’origine du nom latin de notre société « Gaudium et Spes » provient de la Constitution pastorale du même nom rédigée par le Pape Paul VI. Cela symbolise ma foi catholique profonde et la philosophie de mon entreprise qui consiste en la joie (gaudium) d’un événement réussi avec succès et élégance et l’espoir (spes). Car en effet, en parallèle, nous participons à la réalisation de projets humanitaires et sociaux en faveur de populations défavorisées en Afrique et dans le monde.

Quel regard portez-vous dorénavant sur la Réunion ?

J’essaie de promouvoir mon île natale depuis l’Italie, en proposant la Réunion comme destination finale aux mariés italiens pour leur voyage de noces ou bien aux curieux qui, bien souvent, n’ont en jamais entendu parler. En réalisant ma thèse, j’avais déjà remarqué que la Réunion connaissait un déficit de notoriété. Elle demeure absente de la scène touristique internationale, occultée par Maurice, son concurrent direct. Par ailleurs, si les Italiens reviennent en général très satisfaits de leur séjour à la Réunion, il est souvent difficile au départ de les convaincre de choisir l’île comme destination malgré ses nombreux atouts. Elle reste en effet une destination chère. Le coût des billets d’avion est élevé et l’hébergement laisse parfois à désirer. Malgré la gentillesse de l’accueil, le défaut de maîtrise de l’anglais reste un inconvénient.

Qu’appréciez-vous dans votre environnement actuel qui ne vous serait pas accessible à la Réunion ?

La capitale italienne est un lieu idéal pour organiser des événements prestigieux. Pour les mariages, les lieux de réception sont très diversifiés. Châteaux, villas romaines, restaurants avec terrasses panoramiques, palais baroques… les mariés ont le choix entre plus de 600 églises pour la célébration de leur mariage catholique. Ils ont même la possibilité de se marier à l’intérieur de la Basilique Saint-Pierre de Rome ! Les séances photos dans la Rome antique avec le Colisée et les vestiges de l’empire romain en arrière-plan sont des mises en scène qui fascinent toujours.

Envisagez-vous de revenir vivre sur l’île ?

Je l’espère, mais j’ignore quand, du fait de mon activité professionnelle et de mes projets de vie. Je suis énormément attachée à mon île natale, mes parents y habitent toujours, j’ai encore beaucoup de famille sur place. Une chose est sûre, je me sens plus réunionnaise que française de l’hexagone, même si j’aime beaucoup la Bretagne, département d’origine de mon père.

Que diriez-vous à des Réunionnais que l’expatriation tente, mais qui hésitent à sauter la mer ?

Il ne faut surtout pas hésiter ! Quitter la Réunion, même pour une courte durée, permet de s’enrichir et d’acquérir une ouverture d’esprit. Je l’ai fait et ne le regrette absolument pas, aussi difficile que cela ait pu être au début. Il faut faire preuve de courage et de patience mais l’ambition et la volonté sont une aide sans pareil.

Interview réalisée par Séverine Dargent

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