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Frédéric Payet, banquier d’investissement au Crédit Suisse à Paris

Publié le 8 avril 2014

À 29 ans, Frédéric Payet travaille aujourd’hui comme banquier d’investissement au Crédit Suisse, à Paris. Même s’il a choisi de s’expatrier pour travailler, ce Tamponnais d’origine cultive précieusement les liens avec sa terre natale.


Frédéric Payet, banquier d'investissement au Crédit Suisse à Paris

Article publié dans la rubrique "Le portrait d’expatrié du mois" dans le Journal de l’île de la Réunion du 7 avril 2014

De quel coin de la Réunion êtes-vous originaire ?

J’ai passé l’ensemble de mon enfance au Tampon, avant de partir pour Saint-Denis suivre une classe prépa au lycée Leconte-de-Lisle. Mes parents sont encore sur place ainsi qu’une grande partie de ma famille. Ça fait 10 ans que je suis parti, mais je reviens pour les vacances assez souvent. Je n’ai jamais vraiment coupé le cordon avec l’île.

Pour quelles raisons avez-vous quitté la Réunion ?

J’ai quitté l’île à l’âge de 20 ans, en 2004, après ma classe prépa pour continuer mes études en métropole. J’ai d’abord étudié à Orsay (physique fondamentale) puis à Paris (diplôme d’ingénieur obtenu en 2009). J’ai rejoint l’école d’ingénieur généraliste ENSTA ParisTech (École nationale supérieure de techniques avancées). J’ai obtenu également un Master 2 d’économie internationale de l’Université Paris I (Sorbonne).

Comment avez-vous débuté votre vie professionnelle ?

Avant de rejoindre le Crédit Suisse, j’ai eu quelques expériences en tant qu’analyste junior en finance de marché et d’entreprise successivement à Vienne en Autriche (4 mois en analyse des risques marchés) et à Paris (16 mois en banque d’investissement, puis en fonds d’investissement). Ces expériences ont été extrêmement enrichissantes, dans des environnements très cosmopolites et exigeants. Depuis 4 ans, je travaille à Paris comme banquier d’investissement chez Crédit Suisse. Mon travail au quotidien consiste à intervenir comme conseil financier auprès des grandes entreprises françaises dans leurs opérations de fusions, acquisitions et cessions d’autres entreprises.

Pourquoi avez-vous fait le choix de travailler à l’extérieur de la Réunion ?

Ayant vécu ma jeunesse à la Réunion, je ne m’étais pas forcément préparé à vivre une expérience de mobilité. La situation devient plus évidente lorsqu’on est en classe préparatoire car pour la grande majorité des étudiants concernés, les études doivent se conclure en métropole ou à l’étranger.

Comment vivez-vous le statut “d’expat” ?

Malgré le choc thermique, finalement tout se passe très vite et on se retrouve très rapidement lâché dans le bain. C’est une véritable leçon de vie où on doit apprendre à se débrouiller seul, gérer un budget, planifier… J’ai eu la chance de pouvoir compter sur un cercle d’amis rencontrés en classe prépa et qui se sont retrouvés ensuite à suivre les mêmes études en métropole.

Quel regard portez-vous sur Paris ?

Paris est une belle ville, un endroit idéal pour les sorties à toute heure, quelle que soit la saison. C’est un lieu de travail stimulant et une véritable capitale européenne. Par contre, tout reste un peu impersonnel et froid. Il y a toujours beaucoup de monde et la routine du « métro-boulot-dodo » n’a jamais été vérifiée aussi parfaitement qu’à Paris !

Pourriez-vous nous décrire votre univers professionnel ?

Mon employeur actuel est un groupe international, avec une forte culture anglo-saxonne. L’environnement est cosmopolite (mes collègues d’open space sont Russes, Libanais, Arméniens, Américains, Marocains…), très hiérarchisé et exigeant. Bien que basé à Paris, mon travail implique systématiquement d’autres bureaux mondiaux en fonction du projet (Londres, New York, Houston, Dubaï…). Ce qui fait la particularité d’une structure suisse à l’heure d’aujourd’hui est toute l’attention qui est mise sur la conformité et la gestion des risques. Les établissements s’attachent aujourd’hui à être absolument irréprochables sous tous points de vue.

En 10 ans d’allers-retours, comment avez-vous vu la Réunion évoluer ces dernières années ?

J’ai pu remarquer plusieurs choses. Les infrastructures routières se sont grandement
améliorées. La route des Tamarins a totalement remodelé les habitudes : même à l’échelle d’une ville comme le Tampon, on peut noter une volonté d’amélioration des installations. Idem pour certaines infrastructures touristiques dans les cirques (la plupart des sentiers de Mafate ont été rebalisés, nettoyés et sont donc beaucoup plus accessibles aux touristes). L’image de l’île ne s’est pas pour autant améliorée à mon sens : même si le métropolitain moyen sait maintenant bien situer l’île, il l’associe malheureusement souvent aux requins, aux cyclones et au chômage. On devrait peut-être s’inspirer de la stratégie de communication de l’île Maurice : on n’entend en effet jamais quelque chose de négatif de leur côté…

Pensez-vous retourner un jour travailler à la Réunion ?

Cela n’est pas exclu, mais n’est pas à l’ordre du jour. Il y a pour cela des raisons personnelles (10 ans en métropole et un ancrage qui existe déjà) et professionnelles : il y a peu d’opportunités correspondant aujourd’hui à ma formation. Cela dit, si demain on me proposait quelque chose d’intéressant sur place, je serais heureux de revenir dans mon île et de contribuer à la vie locale.

Propos recueillis par Émilie Marty

Article publié dans la rubrique "Le portrait d’expatrié du mois" dans le Journal de l’île de la Réunion du 7 avril 2014
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