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DEBRE Michel.

Publié le 1er janvier 2014


Wilfrid Bertile, Auguste Legros, Michel Debré

Né le 15 janvier 1912 à Paris, décédé le 2 août 1996 à Montlouis-sur-Loire (Indre-et-Loire). [Filiation : Fils du professeur Robert Debré, pédiatre mondialement connu. Petit-fils, du côté paternel, de Simon Debré, grand rabbin de Neuilly, auteur d’un catéchisme israélite publié en 1914]. Marié à Anne-Marie née Lemaresquier. 4 enfants (Vincent, François, Bernard, médecin urologue et député, Jean-Louis, président du Conseil Constitutionnel après avoir présidé l’Assemblée nationale). Ti’noms : Michou-lacolère ou l’Amer-Michel (Le Canard Enchaîné). Lycées Montaigne et Louis-le-Grand, Faculté de droit de Paris et Ecole libre des sciences politiques. Service militaire comme sous-lieutenant de cuirassiers, après un passage à Saumur (1932), il sort major de sa promotion. Lieutenant en 1940, il est fait prisonnier pendant la guerre 1939-1945 et parvient à s’évader. En 1943, il est nommé adjoint au délégué en France du gouvernement de Londres puis d’Alger par le général de Gaulle Auditeur au Conseil d’Etat (1934), il entre au cabinet de Paul Reynaud (1938). Mobilisé en 1940, il est prisonnier, s’évade, et passe en zone sud. En 1943, il rejoint Paris et, membre du Comité général d’études créé par Jean Moulin, il participe à une réflexion sur la réforme de l’Etat. À la fin de la guerre, chargé par Charles de Gaulle de choisir les futurs commissaires de la République, il sera celui d’Angers. Au cabinet de Gaulle (1945-1946), il est chargé de la réforme administrative dont sortira l’ENA, l’Ecole nationale d’administration. Adhèrent du RPF, Rassemblement du peuple français (1947), sénateur radical d’Indre-et-Loire (1948), il est opposé à la Constitution de la IVe République, et favorise le retour au pouvoir de Charles de Gaulle. Garde des sceaux (juin 1958), il est chargé de la rédaction de la Constitution de la Ve République. À cette occasion, il se taille un rôle de Premier ministre en étant le premier chef de gouvernement de la Ve République jusqu’aux accords d’Evian chargés d’abandonner l’Algérie dans les conditions criminelles que l’on sait, malgré les promesses gouvernementales faites (juillet 1962). Il aura en charge d’autres ministères : Economie et Finances (1966-1968), Affaires étrangères (1968-1969), et sous la présidence de Georges Pompidou, Défense nationale (1969-1973). Maire d’Amboise (1966-1989), conseiller général d’Indre-et-Loire (1976-1993). Aux élections présidentielles de mai 1974, il fait campagne à la Réunion pour Jacques Chaban-Delmas contre Valéry Giscard d’Estaing. Député européen (1979-1980). Circonspect par rapport à la candidature de Valéry Giscard d’Estaing pour un second mandat, il se présente aux élections présidentielles de 1981 mais 192 n’obtient que 1,66 % des suffrages exprimés. Autre : A l’origine d’une loi portant son nom sur les rapports entre l’État et les établissements d’enseignement privés (31 décembre 1959). Fondateur des périodiques L’Echo de Touraine, puis fondateur et éditorialiste du Courrier de la Colère. Pendant les événements de mai 1968, les étudiants en colère du Quartier Latin, puis les caricaturistes de l’hebdomadaire Charlie Hebdo, l’ont affublé d’un entonnoir sur la tête, ustensile considéré comme symbole de la folie alors qu’il représentait la sagesse au Moyen Age. À la Réunion : Battu aux élections législatives en Indre-et-Loire (1962), il se fait élire député de la Réunion le 5 mai 1963, avec pour suppléant Henry Sers, grâce à l’initiative de Georges Repiquet, sénateur gaulliste de l’île, Gabriel Macé, maire de Saint-Denis, Roger Payet, président du Conseil général, Dominique Sauger, maire de Sainte-Rose et le député Marcel Cerneau. Son mandat parlementaire à la Réunion se termine en 1988. Artisan sans conteste du développement économique et social de l’île, il a fait ouvrir dans l’île le premier centre d’orientation familiale, procéder à la création de nombreuses cantines scolaires où il fait distribuer gratuitement du lait en poudre aux enfants, le « lait Debré ». Il a lutté personnellement pour obtenir du gouvernement la création d’un second lycée dans le sud de l’île, au Tampon, alors qu’il n’y en avait alors qu’un seul à Saint-Denis pour plusieurs centaines de milliers d’habitants, le lycée Leconte-de-Lisle. Il a développé aussi le Service Militaire Adapté (SMA) créé par Pierre Messmer. Enfin, dans les années 60, il est à l’origine d’une grande immigration des Réunionnais en France métropolitaine avec la création du Bumidom et du CNARM, considérant que la démographie de la Réunion constituait une menace pour son développement.

Autres

Signataire d’un décret de son Gouvernement portant création d’un ministère autonome de l’Outre-mer (13 février 1959) A l’initiative de l’ordonnance du 15 octobre 1960 — baptisée “loi scélérate” par ses adversaires — qui renforçait l’autorité des préfets dans l’Outre-mer français et sanctionnait voire expulsait les fonctionnaires « séparatistes », texte touchant 26 personnes dont 13 Réunionnais (Gervais Barret, Nelley Barret, Boris Gamaleya, Clédie Gamalaya, Bernard Gancarski, Jean Le Toullec, Jean-Baptis Ponama, Yvon Poudroux, Joseph Quasimodo, Max Rivière, Roland Robert, Pierre Rossolin, Georges Thiebaut), texte abrogé en 1972 Après une prise de position de l’Organisation pour l’unité africaine (OUA), sur l’indépendance de la Réunion, il invite les Réunionnais à boycotter économiquement l’île Maurice et Madagascar (1978).


Jean-Marie Dupuis, Michel Debré et Jacques Chirac

Principaux livres : La mort de l’Etat républicain (1954). Ces princes qui nous gouvernent (1958). Refaire une démocratie, un Etat, un pouvoir (1958). Au service de la Nation (1963). France, quelle jeunesse te faut-il ? (1965). Sur le gaullisme (1967). Une certaine idée de la France (1972). Le pouvoir politique (1977). Le Gaullisme (1978), Les Entretiens avec le général de Gaulle 1961-1969 (1993) et les cinq tomes de ses Mémoires (1984-1993) dans lesquels il témoigne d’une fidélité inconditionnelle pour le général de Gaulle. Prises de parole : « Que les Algériens sachent surtout que l’abandon de la souveraineté française en Algérie est un acte légitime — c’est-à-dire qu’il met ceux qui le commettent et qui s’en rendent complices hors la loi, et ceux qui s’y opposent, quel que soit le moyen employé, en état légal de légitime défense » (Courrier de la Colère, 20 décembre 1957). « La Réunion, ce n’est pas l’Algérie. Elle est plus française que l’Alsace. Et pour les Réunionnais, il n’y a le choix qu’entre la France et le Néant. Personne ne s’intéresse à eux. D’ailleurs les communistes eux-mêmes n’osent pas parler d’indépendance. Ils parlent d’autonomie. Ce n’est pas le problème. Le problème, c’est de trouver une issue à une situation économique difficile » (France Observateur, 18 avril 1963). Distinctions : Elu membre de l’Académie française en 1988. Un “Séga Debré” a été composé à son intention pendant sa période réunionnaise : « Notre papa l’est là, n’aura pas personne pour ennuie à nous. Tout’ bande communiste y ennuiera pu nous. Notre papa l’est là pou donne à nous notre pinte de riz, 193 pour défendre à nous ”. Sur une place du chef-lieu de la Réunion surplombant la Rivière Saint-Denis, une arche encadrant un portail ouvert a été construite sur lequel est inscrite en son honneur une définition que Michel Debré avait faite de lui-même : “Créole un jour, créole toujours”. Toujours à la Réunion, on trouve à la Plaine des Cafres le collège Michel Debré. À Paris, une place a été inaugurée au Quartier Latin portant son nom (9 juillet 2006) et une plaque a été apposée à sa mémoire dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale (novembre 1997).

Décorations

Commandeur de la Légion d’honneur. Croix de guerre 1939-1945. Rosette de la Résistance, Médaille de la France Libre, Médaille des Combattants volontaires.


Jean-Claude Fruteau

Références

Archives personnelles. Sites Internet de l’Assemblée nationale. Portail Universalis.fr. Le Monde 11.07.1978. Le Mauricien 6.07.1978, 7.07.1978, 8.07.1978, 11.07.1978, 17.07.1978, 19.07.1978. Témoignages 10.07.1978, 11.07.1978, 13.07.1978. Croix-Sud 23.07.1978. Quotidien de la Réunion, 8.07.1978, 10.07.1978, 15.12.1980, 29.11.1992. Journal de la Réunion 6.07.1978, 18.07.1978, 18.02.1984, 10.02.2003, 4.05.2003.

Source : Jérôme l’archiviste - Extrait de l’ouvrage Célébrités de la Réunion paru en 2009, basé sur plus de 50 000 documents et archives retraçant quarante années de la vie réunionnaise.

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