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DUCAP Narmine

Publié le 1er janvier 2014


Guitariste et compositeur, né le 26 septembre 1940 à Saint-Denis (la Réunion), décédé le 25 juin 2015. Fils de Marcel Ducap et de Denise née Pitou. Ti’nom : Narmine lui vient de son oncle et parrain Roger Pitou, ce surnom devenant par la suite son nom d’artiste Son initiation à la musique commence au début des années 50, alors que l’orchestre Pitou compte parmi les plus actifs de l’île de la Réunion. Narmine, avec Nono et leur cousin Guy Pitou, participent à plusieurs enregistrements chez les frères Ismaël et Abdoul Ack Affejee, où il joue des petites percussions et des hochets, souvent fabriqués par Loulou Pitou, sur le modèle des bongos, claves et maracas afro-caribéennes. Il s’essaie aussi au jazz dans l’orchestre de l’accordéoniste Jeannot Fontaine où il côtoie Luc Donat. Vers 1956, Léon Ephrème et Gabriel Bainville lui enseignent quelques rudiments de guitare. Mais Narmine, qui ne connaît au mieux que quatre ou cinq accords, travaille surtout d’oreille, s’efforçant de reproduire des succès français comme la Prière péruvienne. Il s’impose comme virtuose de la guitare. Pendant longtemps, il écumera les bals avec son dalon préféré Max Dormeuil. Entre 1959 et 1962, il effectue son service militaire à Madagascar où, après avoir passé une semaine au mitard pour avoir égaré son paquetage, il est recruté comme musicien de l’orchestre du 14e bataillon d’infanterie de marine. Très demandé, cet orchestre de danse se déplace pour des bals militaires ou des cérémonies officielles à travers la Grande Ile. Aux côtés de musiciens métropolitains, il modernise son répertoire qui reste centré sur la chanson française (François Deguelt, Charles Trenet, Yves Montand...) et la musique dite « typique ». De retour à la Réunion, il participe à la première tournée du Groupe Folklorique de la Réunion, à Maurice, et joue pour des concours d’orchestres « à l’applaudimètre ». En 1963, il est recruté par Jules Arlanda (dit Julot) pour jouer dans l’orchestre de l’Hôtel d’Europe. En 1968, le musicien s’aperçoit du talent de chanteuse de sa jeune fille Michou et lui écrit son premier titre, Viens dors dans mon dos. Dès lors, c’est uniquement pour elle qu’il composera ou arrangera des chansons à succès telle que Largu’la sauce, Mam’zelle Paula, Crasé salle verte, Bouscule pas … Michou devint dès le premier enregistrement, au studio Chane Ti Wane, en 1972, La petite fiancée des Réunionnais. Nicole et Harry Pitou, Michou et 218 Christian Ducap poursuivent la lignée de ce foyer d’artistes. Narmine fait partie aujourd’hui d’une génération de musiciens dionysiens qui se sont investis au cours des décennies 1960- 70 dans l’enregistrement de ségas. Participant à la structuration de la production discographique insulaire, il fut un des instrumentistes les plus sollicités par les studios, en particulier pour son efficacité en tant que soliste et ses capacités à accompagner, au pied levé, les chansons d’autres interprètes. Souvent associé à la carrière de sa fille Michou, qu’il dirigea jusqu’au milieu des années 1980, il a aussi composé une trentaine de titres instrumentaux entre 1966 et 2004. Le label Takamba, du Pôle Régional des Musiques Actuelles animé par Alain Courbis, a choisi de reproduire ceux qu’il enregistra jusqu’en 1976. Significatifs de l’électrification du séga radiophonique, ils témoignent de l’émergence de nouvelles façons de jouer (en terme de sonorités et de rythmes) qui marquent encore une partie de la production actuelle de séga. Mais il fut aussi un observateur de son époque. Au début des années 1980, Narmine délaisse les bals face à la concurrence croissante des sonos que les gérants de salons privilégient de plus en plus. Ne jouant presque plus en public à partir de 1985, son activité musicale se concentre sur les enregistrements : les siens (il enregistre un 33 tours d’instrumentaux chez Piros en 1987) mais aussi ceux de Michou (jusqu’en 1987) et de son fils Christian pour qui il compose un album entier en 1999. En 2000, il fête ses cinquante ans de carrière au Théâtre de Saint-Gilles. Cet événement, où sont réunis une partie de ses anciens collaborateurs, ses enfants et quelques chanteurs de séga et de maloya comme Davy Sicard, Jo Vany (du groupe Analyse) ou Tikok Vellaye, marque le début d’une collaboration avec une nouvelle équipe de musiciens, dirigée par le guitariste Guillaume Legras. L’acuité de ses souvenirs et son talent à les raconter ont incités le label à ajouter à cette réédition plusieurs extraits d’entretiens réalisés en 2006. Regroupés en chapitres thématiques, ils permettent de saisir une partie du contexte et de l’état d’esprit dans lequel le guitariste et compositeur évolua. Discographie (sélection) : Ségas instrumentaux 1966-1976 (2008). Pilé grillé guitare (2004). Narmine raconte (2008). Ambiance guitare année 60, vol 1 (2009).
Source : Jérôme l’archiviste - Extrait de l’ouvrage Célébrités de la Réunion paru en 2009, basé sur plus de 50 000 documents et archives retraçant quarante années de la vie réunionnaise.

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