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SUDRE Camille

Publié le 1er janvier 2014


Médecin et homme politique, né le 25 mars 1948 à Royat (Puy de Dôme). Divorcé de Marguerite née Demaïche dit Margie Sudre (1987). Ti’noms : Don Camillo, Robin des Bois (Journal de la Réunion, 9 mars 2004 et 28 mars 1992) Dieu, L’Ange Blanc ou le Che Guevara de Prisunic (Serge Lacour). Pseudonyme sur radio 663 Freedom : Alexis. Il passe une grande partie de sa jeunesse outre-mer, son père professeur de mathématiques exerçant successivement en Algérie, au Cameroun, au Sénégal et à Madagascar. Études secondaires en Ardèche. Faculté de médecine à l’université de Grenoble où il rencontre Margie qui devient son épouse avant de divorcer. Au cours de ses sept années d’étude, il prend position en faveur notamment de la contraception, de l’avortement et d’une médecine gratuite pour tous, Maître-nageur à Saint-Tropez et Gentil Organisateur (GO) dans les Clubs Méditerranée en Bulgarie et à Djerba pendant ses études de médecine (1970). En 1973, il rencontre sa future épouse, Margie, jeune médecin anesthésiste de la faculté de Marseille, en remplacement dans une clinique de Grenoble. En 1975, Volontaire de l’Aide Technique (VAT), il est affecté au Centre psychothérapique de Saint-Denis, à la Réunion. Libéré de ses obligations militaires, il revient en Métropole pour présenter sa thèse de doctorat et, diplôme de médecine générale en poche, il rentre à la Réunion en 1978 pour créer le Centre médical de Montgaillard à Saint-Denis avec deux de ses confrères. Il se fait aussitôt remarquer dans la profession en refusant de payer ses cotisations à l’Ordre des Médecins et en créant un éphémère mouvement baptisé L’Union des Jeunes Médecins, avec pour organe le périodique contestataire Sézisman (en français, “saisissement”, en créole “grande frayeur”), bulletin qui fait la critique du corps médical à la Réunion. Pressé de recueillir l’avis d’un médecin sur le problème des drogues, il déclare au Quotidien de la Réunion que « le zamal était moins dangereux que le tabac » (1986)

Margie et Camille Sudre

Militant maoïste à l’université de Grenoble (Rhône) pendant les événements de mai 1968, il devient socialiste dans les années 80 avec l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand. Installé à la Réunion avec son épouse Margie, anesthésiste, il donne naissance à une radio libre, Freedom, en 1981 et Télé Freedom en 1986, télévision émettant illégalement et diffusant des films de karaté et les premiers films érotiques. Dans le même temps, il entre en politique en se présentant aux élections législatives de juin 1988, dans la circonscription de Saint-Denis, où il recueille 10% des voix. Malgré sa quasi-maladie obsessionnelle de la foule, débute alors sa période de guérilla anti-système. Pour protester contre la non application de l’égalité sociale à la Réunion, il appelle à boycotter le défilé du 14 Juillet 1988. En 1989, il se fait élire à la mairie de Saint-Denis avec le socialiste Gilbert Annette et il occupe la place de troisième adjoint (1989). Puis, du 22 au 26 février 1991, ce sont les graves émeutes du Chaudron et son lourd bilan avec pour prétexte la défense de sa télévision illégale obligée d’interrompre sa diffusion. À la suite de ces événements, il est exclu de la majorité municipale socialiste de Saint-Denis, mais reçu à l’Elysée par le Président François Mitterrand, en compagnie de Paul Vergès et Pierre Lagourgue (1992). C’est le faire-part de la naissance du mouvement politique Freedom dont la liste aux élections régionales arrivera en tête la même année avec 30,8% des suffrages exprimés. Il est élu conseiller régional, puis président du Conseil régional (1992-1993), grâce à une alliance avec Paul Vergès, secrétaire général du PCR, alliance que rejoint un peu plus tard Pierre Lagourgue pour former une “union nationale”. Ces élections sont annulées par le Conseil d’Etat qui prononce son inéligibilité durant un an pour dépassement des comptes de campagne. Dans l’impossibilité de se représenter, il pousse Margie Sudre à conduire la liste Freedom et fait élire treize conseillers régionaux freedomiens aux élections régionales de 1993 en assurant le succès de son ex-femme à la présidence de la Région Réunion. C’est l’époque où il n’hésite pas à qualifier Paul Vergès de « trop âgé pour raisonner clairement ». Deux ans plus tard, Margie Sudre le nomme chargé de mission auprès de la Région Réunion « pour les techniques audiovisuelles et de communication » (1995). Réélu conseiller régional en 1998, nommé premier vice-président pour avoir apporté les voix des cinq élus Freedom à Paul Vergès élu président du Conseil régional ; il retrouve ce poste aux élections régionales de 2004 après avoir été élu sur la liste de L’Alliance menée par Paul Vergès. Au cours de son dernier mandat qui prendra fin en 2009, il s’est distingué par une grande prudence politique 664 qui fait dire aux médias qu’il est « muet et métamorphosé » et à ses adversaires que son bilan est peu flatteur. Mis à part quelques incartades au sein de la commission permanente, à l’exemple de Guy Jarnac ou Yasmina Panshbaya, le groupe Freedom à la Région s’est montré en général très complaisant à l’égard de la politique régionale du leader communiste Paul Vergès ♥ Membre du groupe local 204 d’Amnesty International, il a été chargé en 1980 d’implanter une section à l’île Maurice, mais en conflit avec la direction parisienne de l’ONG, il s’est éloigné de l’association. Créateur avec Margie Sudre de Radio Freedom sur la fréquence 97,4 mégahertz en FM, il a tenu à lancer la première émission à une date symbolique, le 14 juillet 1981, mais également le jour de la saint Camille. « Par opposition à la radio d’Etat », la nouvelle radio privée et pirate de l’île opère à ses débuts dans la cave d’une maison à Bellepierre, sur les hauteurs de Saint-Denis. Si l’initiative est interdite par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), elle est en revanche soutenue par Danielle Mitterrand contre l’avis de Michel Rocard, alors Premier ministre, et cela au moment où le président François Mitterrand met fin au monopole d’Etat sur les ondes. Radio Freedom s’implante et poursuit son ascension, avec notamment une première à la Réunion en apportant la « révolu-son », le relais en permanence de la station périphérique Europe 1 (1985). Après Radio Freedom, il lance Télé Free Dom dont les premières images sont diffusées entre les deux tours des élections législatives, le 13 mars 1986, jusqu’au 1er juin 1989. Émettant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, jusqu’à sa condamnation par le tribunal correctionnel de Saint-Denis et la saisie de ses émetteurs en février 1991, la radio a eu une triple spécificité : les films pornographiques, les séries de karaté et le piratage d’émissions métropolitaines enregistrées clandestinement. Dès cette création, le médecin s’identifie à la télévision — dont le symbole est une colombe — et s’attache à ne porter que du blanc pour se vêtir. En 1999, il cède la régie publicitaire de Freedom à la radio NRJ appartenant au groupe Chane Ki-Chune, propriétaire du Quotidien de la Réunion, lui permettant, pour la première fois, de sortir des bilans comptables satisfaisants. Réputé comme « un homme à femmes », il fait de “Chaleur tropicale”, « l’accélérateur des “parties cul” », l’émission phare de Radio Freedom (2004). En 2006, sa radio fait entre 30 et 33% de part d’audience, loin devant NRJ (15%) et RFO Réunion (13%). Il a annoncé en 2008 vouloir relancer en 2010 Télé Free Dom, sur la TNT, Télévision numérique terrestre.

Autres

Signataire le 9 septembre 1983 d’un “Appel pour rendre hommage aux 269 victimes du Boeing sudcoréen” abattu par un missile soviétique lancé par le Comité de Défense des Libertés (CDL) présidé par le docteur Jean-Pierre Fontaine Président du comité des fêtes de Saint-Denis, il a eu l’idée saugrenue de célébrer le Bicentenaire de la Révolution française en érigeant en place publique du Barachois la célèbre guillotine de la Révolution française et en tranchant la tête d’un condamné mannequin (31 juillet 1989) Il a appelé à voter “oui” au référendum sur le traité de Maastricht (septembre 1992), s’est déclaré en faveur de Jacques Chirac à l’élection présidentielle de 1995 et lors d’une interview accordée au Quotidien de la Réunion, il s’est déclaré adversaire de la bidépartementalisation (1er octobre 1999). Par contre, il n’a pas pris position, ni pour le Oui ni pour le Non, au référendum sur le Traité ratifiant la Constitution européenne (mai 2005). Publication : Contribution à l’étude de l’hallucinose des buveurs à la Réunion publiée à l’université de Grenoble (1977). Prises de parole : « La Réunion, c’est le scandale permanent, le scandale de deux sociétés, de deux mondes. Un monde de privilégiés qui touchent des salaires supérieurs à ceux de la métropole, qui ont la sécurité de l’emploi, qui ont la totalité de leurs prestations sociales : ce sont des fonctionnaires métropolitains », (Le Mauricien, 19 septembre 1992). « Le zamal provoque une sensation de bien-être. Les hallucinations que ressent le toxicomane sont, la plupart du temps, agréables… Nous avons constaté que contrairement à l’alcool qui, ne l’oublions pas, est considérée comme une drogue dure, le zamal ne provoque ni accoutumance, ni dépendance », (Quotidien de la Réunion, 25 juillet 1986). « D’une façon 665 générale, toute tentative d’instaurer une quelconque « préférence régionale, fût-ce d’une de manière insidieuse, doit être écartée et condamnée, comme l’ont fait récemment certaines formations politiques », (Quotidien de la Réunion, 17 septembre 2004). « Ségolène Royal a su se mettre au-dessus de la mêlée, et en tant que présidente de la République, si elle est élue, elle donnera une bonne image de la France dans le monde » (Journal de la Réunion, 8 avril 2007). À lire : Eruption : le chaudron 1991, par Etienne Maillot (1991). Le phénomène Free Dom à l’île de la Réunion, par Arnaud Pontus (1995). Bob, « roman radiophonique » de Daniel Lauret (2006).

Distinction

Distinction

Prix Margoze décerné en 2008 par le Quotidien de la Réunion « pour son silence radio » au Conseil régional.

Source : Jérôme l’archiviste - Extrait de l’ouvrage Célébrités de la Réunion paru en 2009, basé sur plus de 50 000 documents et archives retraçant quarante années de la vie réunionnaise.

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