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Hervé Francou, 19 ans, en stage de BTS dans une entreprise à Tours

Publié le 27 juin 2006

Etudiant en BTS Bâtiment au lycée Jean Hinglo du Port, Hervé a choisi de passer son stage de deuxième année dans une entreprise métropolitaine. Pour lui, ce stage est une première étape pour préparer son avenir et retourner travailler en métropole plus tard. "Je découvre la réalité de devoir prochainement vivre sans mes parents, explique-t-il. Ca me stresse, c’est normal, mais c’est une source de motivation aussi, le début d’une nouvelle expérience !"

Hervé Francou

Racontez-nous vos démarches pour partir en métropole.

"Ca a été assez facile : démarches auprès d’entreprises pour trouver celle qui m’accueille pour mon stage et démarche des professeurs auprès de l’ANT pour le financement du billet d’avion. J’ai la chance d’être hébergé chez ma soeur et son mari, qui habitent à Tours. En revanche, c’est moi qui paye entièrement mes billets de TGV. Ca fait un mois et demi que je suis chez ma soeur (le stage dure deux mois). Tout se passe super bien, leur petit (mon neveu) est tranquille... Un petit bout de paradis !"

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"J’aurais dit "un début de vie en presque totale autonomie" si je vivais seul pendant mon stage, mais je suis chez ma soeur. En tout cas elle m’apporte une première expérience professionnelle, certes pas extraordinaire mais nécessaire. Elle me permet de redécouvrir la France avec les yeux d’un jeune adulte contrairement, aux trois fois précédentes où j’étais venu étant gamin. Je découvre la réalité de devoir prochainement vivre sans mes parents une fois que je m’installerai définitivement en métropole. Ca me stresse, d’un côté c’est normal, mais c’est une source de motivation aussi, une nouvelle expérience !"

Quels sont vos projets ?

"Finir mon stage puis revenir terminer ma deuxième année au Port. Ensuite, c’est presque sur, je pars m’installer en France. C’est en tout cas mon souhait pour peaufiner mon avenir. J’aimerais aussi suivre la coupe du monde de rugby 2007 en France. J’aimerais continuer mes études après le BTS en école d’ingénieur. Ce n’est pas encore sûr, j’ai encore une année pour réfléchir à tout ça".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Tout simplement mes racines, l’endroit où je vis depuis 19 ans, la Réunion tout simplement, mon pays ! Mes amies si proches, des filles extraordinaires et voir les jolies cafrines si caractéristiques de notre île. Manger un bon rougail saucisses, voir la montagne quand je me lève de mon balcon, et la mer quand je vais sur le balcon du salon".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Je ne suis pas très fort là-dedans, mais je dirais que l’économie dépend de notre fameuse route du littoral. Il faudrait déjà faut la sécuriser pour ne plus avoir le risque de paralyser l’île. Sinon, il faut maintenir et optimiser les filières canne et tourisme qui sont les deux fers de lance de l’économie réunionnaise. Il faut aussi inciter les industriels et les étrangers à investir dans notre région, ce qui est en train de se faire progressivement avec tous les partenariats qui se signent de plus en plus. A mon avis, la situation à la Réunion s’améliore doucement mais sûrement".

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

"Quand on dit qu’on vient de la Réunion, certaines personnes nous cataloguent direct "petit métisse qui ne connaît rien à la vie à part son petit caillou où il se la coule douce". Mais il ne tient qu’à nous de nous affirmer pour montrer qu’on n’est pas des pecnots. Je ne tiens pas compte de ce genre d’opinions, je fais mon boulot et puis c’est tout".

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"Une petite île où les gens sont fiers d’être 974, un brassage de cultures et de religions. Le métissage est quelque chose de franchement magnifique, il n’y qu’à voir les filles de notre île".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"N’ayez pas peur de la mobilité, elle n’est que bénéfique pour votre propre culture et votre accomplissement personnel. Dans ma classe, quand on nous a demandés qui voulait faire son stage en métropole, j’ai levé la main tout de suite. Les autres, quand on leur a demandé pourquoi ils ne voulaient pas y aller, ils ont répondu que c’était trop loin de chez eux. C’est dommage. Je peux comprendre l’appréhension et une certaine crainte, car je l’ai vécue aussi, mais moi je suis toujours open pour bouger hors de mon île".

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