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Mickaël Morel alias Zoroots Harijan, artiste à Paris

Publié le 18 juin 2009

Originaire des quartiers du Chaudron et La Source, Mickaël arrive à Paris en 2003 avec la soif de découvrir le monde. Il se fait connaître en tant qu’auteur-compositeur sous le nom de Zoroots Harijan. Aujourd’hui âgé de 29 ans, il sortira prochainement son premier album, intitulé « Secret Roots ».

Zoroots Harijan

Racontez-nous votre parcours.

Je suis du Nord de l’île, des quartiers Chaudron et Lasours, d’un milieu très modeste. J’ai grandi dans un univers musical très riche, bercé par le maloya, mais aussi le reggae, la soul, le funk, le jazz et le rock. En 1992, j’ai intégré le mouvement hip-hop par le biais de la danse.

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

Je suis parti m’installer à Paris car j’avais envie de découvrir le monde, avec un regard naïf et curieux sur les conditions de l’Homme ailleurs. Je voulais aussi développer ma musique et étudier. Je suis parti après avoir démissionné de mon poste. Je suis arrivé à Paris sans aucune aide particulière, seul et sans adresse. Cela fut très enrichissant. J’ai apporté avec moi mes albums CD et Vinyle, mes instruments de musiques et des photos.

Comment s’est passée votre arrivée à Paris ?

L’arrivée n’a pas été très facile. J’ai été victime de ce qu’on appelle les « taxis pirates », qui profitent de la naïveté des nouveaux arrivants pour les escroquer. Puis il m’a fallu six mois avant de trouver une réelle stabilité. J’ai étudié à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne où j’ai décroché un diplôme en Métier des Arts et de la Culture. Parallèlement j’ai développé mon réseau artistique et musical.

Aujourd’hui où en êtes-vous ?

Je travaille sur mon premier album solo qui s’intitulera Secret Roots. Cet album prend du temps à se faire ; il demande beaucoup d’énergie et des moyens dont je ne dispose pas facilement en tant qu’indépendant.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Elle change mon regard et ma perception du monde. La mobilité met en avant brutalement la quête identitaire. Mes valeurs se redéfinissent. Comme le disait Leopold Sedar Senghor, toutes valeurs sont des éléments qui ne sont pas statiques. »

Mickael Morel
Zoroots Harijan

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Un continent et un océan me séparent de mon île. Ce qui me manque, c’est un tout : la famille, la cuisine, le cadre, les gens… C’est La Réunion qui me manque.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

L’île est profondément marquée par une hégémonie culturelle et notamment coloniale. Cette situation se désenclave trop peu. J’observe néanmoins que les Réunionnais s’intéressent davantage à leur identité et à leur position en tant que créole. Une culture faite et créée à partir de la mixité… Mais cette mixité où commence-t-elle et où s’arrête-t-elle ? Par ailleurs, je dénonce les orientations d’une économie désastreuse et d’une politique vieillie, où les jeunes ne sont pas sensibilisés et ne sont pas non plus représentés. Je regrette la domination omniprésente des mêmes personnes dans nos institutions à la Réunion.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Un rougail saucisse géant, pour ceux qui la connaissent ! D’autres pensent que l’île se situe près des Antilles...

Et vous, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Je suis tous les jours surpris. Les gens changent toutes les minutes. Je vis à Paris. Cette ville est réellement une autre France dans la France.

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Samia Omarjee, Etudiant en journalisme à Info-Com

Info Com Réunion
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