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Non à l’indépendance en Écosse : une Réunionnaise témoigne

Publié le 22 septembre 2014

Originaire du sud de la Réunion, Fiona Brown vit à Glasgow depuis huit ans. Partisane du Oui à l’indépendance, cette danseuse professionnelle de 32 ans décrit l’ambiance en Écosse au lendemain d’un référendum qui laissera des traces.


Pouvez-vous nous décrire l’ambiance autour de vous, alors que le résultat du référendum vient de tomber ?

L’Écosse a parlé et les résultats sont très serrés. Les deux camps prenaient cette campagne très à cœur et on savait que les uns ou les autres seraient abattus. Personnellement j’étais dans le camp du Oui et le sentiment de déception est immense ! Beaucoup de gens autour de moi ont le cœur brisé. La grande majorité de mes amis et connaissances sont pour l’indépendance de l’Écosse...

Comment avez-vous vécu les dernières heures avant le résultat ?

Je suis allée à George Square, la place principale de Glasgow, où des milliers de personnes étaient réunies pour voter Oui et se libérer du joug de Westminster. C’était poignant de sentir cette émotion et le désir profond d’être indépendant. Toute la campagne a été comme l’attente de l’éruption d’un volcan. Les camps du Oui et du Non étaient très présents dans la rue et dans les médias. Ils ont réussi à faire se déplacer dans les urnes un nombre incroyable d’Écossais. J’ai vu un débat à la télé où 5000 adolescents étaient réunis. Leurs points de vue étaient pertinents et leurs questions précises à en faire tomber les politiciens. Il restera de cette consultation un véritable événement démocratique : certaines personnes qui étaient totalement indifférentes à la politique et n’avaient jamais voté se sont soudain intéressées à leur avenir !

Selon vous le référendum va-t-il laisser des traces ?

Oui, il restera dans les cœurs et les mémoires de chacun. Les Écossais seront plus à l’écoute de la politique, plus exigeants et se battront pour leur avenir. Ils attendent que certaines promesses faites par le gouvernement central soient réalisées, ils veulent du concret.

Quelles sont les revendications des Écossais ?

Malgré une certaine autonomie et l’existence d’un gouvernement, les Écossais n’ont pas d’influence sur les grandes décisions et l’affectation de leurs impôts. Par exemple, des millions sont versés à la construction de missiles nucléaires que personne ne veut en Écosse. Le système de santé écossais risque d’être bientôt privatisé. L’Écosse veut être gérée par des Écossais et non par des Anglais qui voient d’abord leurs intérêts. Au-delà de cela, j’ai l’impression que cela fait des centaines d’années que les Anglais sont durs avec les Écossais. Et ça continue aujourd’hui. Par exemple, à chaque fois que je vais à Londres, on me refuse mes billets « Bank of Scotland », alors que la monnaie est la même : le Sterling !

Quelles raisons vous font basculer du côté du Oui ?

Ce pays a un potentiel naturel énorme. L’Écosse et son gouvernement ont toujours été là quand j’en ai eu besoin : aide au travail, aide au logement quand je n’arrivais pas à payer mon loyer... On a la chance d’avoir la NHS (National Health Service) : les soins à l’hôpital et les médicaments sont gratuits ! J’en ai fait l’expérience après avoir été soignée gratuitement à l’hôpital à Glasgow pendant quatre jours pour une méningite virale. A titre de comparaison, quand je suis rentrée à la Réunion il y a peu, on m’a facturé 80 euros pour une simple prise de sang...


Fiona Brown
Quel est le parcours qui vous a amené à poser vos valises en Écosse ?

Mes Parents sont Chantal et Basil Brown, précurseurs de la danse à la Réunion. J’ai grandi à la Ravine des Cabris, puis aux Avirons. A 17 ans, je suis partie pour Paris où j’ai entamé une carrière professionnelle de danseuse (tout comme pas mal de Réunionnais sortis du Centre Chorégraphique Chantal Brown). Après huit ans au cours desquels j’ai beaucoup voyagé, j’ai souhaité quitter Paris pour voir autre chose. Le statut d’intermittent était devenu instable, il y avait moins d’auditions. J’ai eu l’opportunité d’aller à Glasgow donner des cours de danse. Tout de suite, la chaleur des Écossais et leur sens de l’accueil m’ont plu. Je me suis sentie chez moi et depuis, je n’ai plus quitté ce pays. Si mon cœur restera toujours à la Réunion, Glasgow est devenu ma deuxième maison.

Quels points communs voyez-vous entre l’Écosse et la Réunion ?

L’Écossais et le Réunionnais sont tout autant passionnés de leur pays et fiers de leur culture ! Tous deux ont leur propre musique, leurs danses traditionnelles et leurs spécialités culinaires. Tous deux ont le cœur sur la main et sont prêts à tout faire protéger leur environnement et leurs traditions.

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