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Bruno Rivière, éducateur sportif en milieu carcéral en région parisienne

Publié le 21 octobre 2014

Gendarme puis surveillant pénitentiaire, Bruno Rivière a implanté sa passion (le volley ball) et de nouvelles méthodes au Centre Pénitentiaire Sud Francilien en Seine-et-Marne. Grâce à ses contacts sportifs, le Saint-Pierrois de 35 ans invite régulièrement des joueurs à taper la balle et intervenir en milieu carcéral. « En 2011, j’ai été affecté dans cet établissement flambant neuf. Tout était à inventer. Les murs sentaient encore la peinture fraîche, la structure était spacieuse et dotée d’équipements. C’était l’occasion de créer un service des sports selon mes idées, d’apporter "l’esprit sport" à des catégories de personnes qui n’en ont, parfois, jamais pratiqué... »


Bruno Rivière, éducateur sportif en milieu carcéral en région parisienne

Racontez-nous votre parcours

J’ai grandi à la Ravine des Cabris et j’ai fait mes débuts dans le sport très tôt. A 13 ans, je commençais à l’ASMJC de Saint-Pierre Volley-ball, jusqu’en senior. Après avoir passé mes plus belles années à Saint-Pierre, j’ai évolué dans plusieurs clubs de l’élite régionale, et j’ai même été vice-champion de la Réunion. Après le BAC et quelques années en FAC de Staps, l’envie de travailler était plus forte que tout : j’ai commencé par quelques petits boulots. Un de mes cousins, gendarme en métropole en vacances sur l’île, m’a alors encouragé à passer le concours de gendarme adjoint, devant un pain bouchon gratiné et une Cot grenadine, sur le front de mer de Saint-Pierre. J’ai passé ce concours avec succès et j’ai fait le voyage à destination de la métropole en janvier 2003. A l’arrivée, j’étais seul, perdu dans le métro parisien et aucune personne acceptant de me renseigner, excepté des gendarmes… Après avoir exercé quelques années dans la gendarmerie en Métropole puis à la Réunion, j’ai quitté ce métier qui ne me correspondait pas. En 2007, l’envie de revenir en Métropole m’a pris.

Comment êtes-vous devenu éducateur sportif en milieu carcéral ?

Pendant un an, j’ai travaillé à ISS - Sécurité en tant que stadier au stade de Football Gerland à Lyon. J’en ai vu des matchs de Ligue des Champions... à en faire des jaloux ! Je me suis aussi inscrit au volley-ball club de Mâcon en national 3 où j’ai passé de très bons moments. En 2008, j’ai obtenu le concours de Surveillant Pénitentiaire. Avec ce nouveau tournant professionnel, j’espérais devenir éducateur sportif en milieu carcéral. À tout juste 31 ans, après avoir passé avec succès les tests au concours d’entrée d’éducateur sportif, j’ai entamé une formation de huit mois au Creps de Vichy.

Et ensuite ?

En 2011, j’ai été affecté au Centre Pénitentiaire Sud Francilien en Seine et Marne, établissement flambant neuf, inauguré par le Président Sarkozy. Tout était à inventer. Les murs sentaient encore la peinture fraîche, la structure était spacieuse et dotée d’un superbe gymnase et d’un terrain synthétique... C’était l’occasion de créer un service des sports selon mes idées, d’apporter l’esprit « sport » à des catégories de personnes qui n’ont, parfois, jamais pratiqué de sport de leur vie. Dans le même temps, je me suis inscrit au Villejuif Volley-ball dans le Val de Marne. J’ai évolué en régional 1 et en national, ce qui m’a permis de nouer des contacts avec les clubs d’Île de France afin de les inviter à intervenir en milieu carcéral à taper la balle de temps à autre.


Bruno Rivière, éducateur sportif en milieu carcéral en région parisienne

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

C’est une très bonne expérience. Elle m’a permis de constater qu’à la Réunion, nous sommes bien lotis. Quand vous partez en mobilité, vous vous rendez vite compte que la vie à la Réunion est « un rêve », malgré les difficultés à trouver du travail. Le climat rigoureux en hiver est parfois difficile à supporter (-22 degrés en Seine et Marne en 2012). Et le racisme est malheureusement omniprésent, à la seconde où vous dites que vous venez d’un DOM... même pour ceux qui ont la peau blanche (yab) comme moi.

Quels sont vos projets ?

Mon plus grand projet reste de travailler un jour en tant éducateur sportif dans une des prisons de la Réunion, et d’entraîner une équipe de Volley-ball péi. Mais la route est encore longue ! Entre temps, j’aimerais demander un congé formation afin de passer mon Diplôme d’État de la Jeunesse, de l’éducation Populaire et du Sport pour me perfectionner dans ma discipline.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ? Ces objets vous suivent encore aujourd’hui ?

Un des objets qui me tient à cœur, que j’ai emmené en 2007, c’est un grand margouillat en bois, il me suit depuis. C’est une sorte de porte bonheur.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

La pratique du volley ball m’a permis de faire connaissance avec les Réunionnais qui pratiquent ce sport en Île de France, et je vous assure qu’ils sont assez nombreux. Et puis dans mon travail, je croise un bon nombre d’expatriés réunionnais. Et avec beaucoup de chance, j’ai mes amis d’enfance qui se sont installés près de chez moi : à chaque célébration ou jour important, nous nous retrouvons.


Bruno Rivière, éducateur sportif en milieu carcéral en région parisienne

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

La population réunionnaise reste jeune. Je pense que se former en France ou à l’étranger est une très bonne chose car cela permet de revenir un jour sur l’île avec des acquis qui serviront pour l’épanouissement de notre île. Mais voilà, combien sommes-nous à attendre de pouvoir revenir un jour ? Ma mère m’a toujours dit, « Bruno, quand on veut, on peut »...

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

La nourriture péi, la famille, le créole parlé à tous les coins de rue, la gentillesse des gens, les marchés péi, les paysages, la mer... En attendant d’être muté à la Réunion, je demanderais peut-être une mutation dans le sud est de la France pour me rapprocher du soleil et de la plage. Bien sûr, mes proches et mes parents me manquent. L’avantage de vivre en Île de France, c’est que la famille qui vient en vacances transite toujours par ici. Je vous assure, les gros colis 974 arrivent toujours à bon port... à la case !

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

La vie ici en Île de France est assez difficile. Les gens ne sont pas communicants, ils sont souvent sur leurs gardes. Les personnes d’origines ou de religions différentes ne cohabitent pas comme à La Réunion. Mais n’oublions pas que nous sommes près de Paris où il se passe chaque jour quelque chose de différent. C’est la ville où on ne s’ennuie pas.

Que pensez-vous du site reunionnaisdumonde.com ?

J’adore votre site, j’y suis presque tous les jours ! Grâce a vous, j’ai découvert de nouveaux restaurants par exemple, de nouvelles soirées ainsi que les boutiques de produits alimentaires qui me permettent de cuisiner les plats réunionnais. Ce site me permet de garder ce lien fort que j’ai avec mon île...


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