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JACE (TEDx Réunion) : de la clandestinité aux commandes publiques

Publié le 9 décembre 2014

C’est du direct : Jace la bombe à la main, Jace invectivé, Jace qui prend ses jambes à son cou... et Jace qui déboule sur la scène de TEDx !

Les interpellations par la police, cela lui est arrivé plus souvent qu’à son tour, rappelle-t-il. À New-York, il a passé trente heures en cellule. Connu les menottes, les insultes. L’avocat commis d’office. L’interdiction de revenir sur le sol américain... pour finalement y retourner, invité par une galerie ! Tout a commencé à la Ravine-des-Cabris, rappelle-t-il, lorsqu’adolescent il se prenait « pour un taggeur de métro, mais il n’y avait que des vieux bus... ». Déjà, il ne voulait pas « détruire », mais « embellir ».

Il fait ses armes, se fait un nom, donne naissance au Gouzou, investit l’espace public désaffecté, fait passer des messages. Une municipalité le contacte... puis fait marche-arrière. Comme encore récemment, lorsqu’une fresque réalisée avec des enfants (projet validé et re-validé) est recouverte de peinture blanche par l’équipe de nettoyage d’une mairie. « Quand je fais ça dans mon coin, ça reste des années. Quand j’ai l’autorisation, ils effacent ! », sourit-il (jaune).

C’est toujours cet équilibre entre légalité et clandestinité qui le caractérise. Le pont de la rivière Saint-Etienne, détruit par Gamède, il l’a peint avec une équipe, de nuit, échappant de peu au 4x4 des vigiles. La fresque de la route des Tamarins, c’est en mode commando qu’il l’a réalisée. Avec, en prime, un courrier circonstancié des pouvoirs publics... qui ont ensuite téléphoné pour lui proposer d’habiller la pile-témoin du nouveau pont !

Cela peut-il conduire à une forme de schizophrénie ? « Même si la presse encense le graff – elle dit " street-art, ça fait mieux !" – il y a encore des peines de prison qui tombent. Je suis régulièrement contrôlé. Souvent, je réponds : c’est mon métier ! Ça peut se terminer bien... Mais j’ai besoin de cette adrénaline ». C’est pour cela que Jace préserve son anonymat. Parce que si le Gouzou a fait le tour du monde, son créateur veut continuer de vivre les mêmes sensations que l’adolescent qui graffait « Wall », sous un pont, pas très loin de la Ravine-des-Cabris.

Texte : Kévin BULARD, Le Quotidien - kevin.bulard_lequotidien.re - Extrait du Dossier compte-rendu du 7 décembre 2014



jace
Jace est indissociable du personnage jaune qu’il a créé : le « gouzou ». Depuis 1992, il le fait apparaître partout sur l’île, là où on ne l’attend pas ! Grand voyageur comme en attestent ses dernières publications « Gouzous around the world », sa production « outdoor » est incessante. Dans un style proche d’une ligne claire réinventée, en aplats colorés, Jace aborde différents thèmes avec ses personnages, anges ou démons, manipulateurs ou victimes. S’ils sont rentrés dans le patrimoine réunionnais (et bien au delà), ses « gouzous » ne lui ont pas toujours attiré les éloges. En 2009, sur la route des tamarins pas encore livrée, Jace prend plaisir à orner les tabliers des ponts de gouzous. S’ensuivent lettres de menaces, plaintes des collectivités et courses poursuites avec les gardiens de nuit. C’est non sans humour, qu’il nous livre son expérience du passage de l’illégal à la légalité et le travail sur le fil du rasoir, un équilibre toujours précaire.




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