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Village de la diaspora réunionnaise : la suite des débats (2/3)

Publié le 18 octobre 2009

Une réunion de travail sur le thème de la promotion de la Réunion s’est tenue dans l’hémicycle du Conseil Régional, en présence de représentants de la Région et de l’IRT. La création d’un réseau « d’ambassadeurs » à l’échelle nationale a été évoquée. Organisés sous forme d’association, ces Réunionnais de métropole habitués à représenter ou promouvoir la Réunion dans le cadre de leurs activités professionnelles ou associatives recevraient un soutien logistique des institutions. La constitution de ce réseau à déjà commencé en s’appuyant sur la base des Réunionnais du monde.

Photo : Betty Cerveaux-Mayer
Le village de la diaspora se déplace à la Région Réunion.

La réunion du 15 octobre 2009 a été précédée par les interventions de Margaret Robert Mucy (présidente de l’association Valcoré organisatrice du Village), Wilfrid Bertile (vice-président du Conseil Régional en charge de la mobilité), Emmanuel Lemagnen (conseiller régional), Ayoub Ingar (responsable communication de l’IRT – Ile de la Réunion Tourisme) et Nicolas Martin (responsable de reunionnaisdumonde.com).

Les premières interventions des participants du village de la diaspora concernent les thèmes déjà abordés lors de la 1ère journée, à savoir la possibilité de rentrer au pays pour ceux qui le souhaitent et la question de la continuité territoriale.

Wilfrid Bertile répond que les dispositifs de continuité territoriale doivent encore s’améliorer et qu’il revendique plus que tout autre le concept de préférence régionale.

Louisa Lafable (responsable de l’association « Réunionnais du Québec, nous lé là ! ») propose d’offrir des réductions sur les billets d’avion aux Réunionnais de l’extérieur qui s’investissent dans la promotion de leur île. Prenant l’exemple de la récente reconnaissance du maloya comme patrimoine culturel de l’humanité, elle précise que l’association organisera le 20 décembre une fête à Montréal pour le faire savoir. Selon elle, les Réunionnais de l’extérieur sont les mieux placés pour véhiculer une image vivante et positive de l’île.

Réponse d’Emmanuel Lemagnen : la prise en charge d’une partie des billets d’avion est envisageable si les Réunionnais s’organisent sous forme d’association.

Elie Kybio suggère de faire venir à la Réunion des compagnies aériennes européennes, la concurrence étant susceptible de faire baisser le prix des billets d’avion. Concernant le tourisme, il pointe aussi le problème de l’animation nocturne sur l’île. Enfin, en écoutant en direct sur Internet certaines radios locales, il se demande ce que les touristes viendraient faire « dans ce guêpier ».

Ayoub Ingar répond qu’il reste de nombreux efforts à faire en termes d’accueil sur l’île. Les Réunionnais sur place doivent aussi devenir des ambassadeurs. Par ailleurs, il précise que le ciel réunionnais est règlementairement ouvert à toutes les compagnies européennes. Enfin, Air Austral a commandé deux gros porteurs A380 qui seront livrés dans quelques mois. Les billets baisseront de l’ordre de 30% à travers la création d’une compagnie low cost.

Bruno Hibon (steward Air France à Barcelone) souligne que Air Austral n’a pas signé la charte sur la continuité territoriale et évoque le problème du deuil. Il finit son intervention par un cri du cœur : aidez nous à revenir à la Réunion !

Georges Ah-Tiane (technicien France Télécom à Marseille) précise qu’il a fait sa vie en métropole et qu’il ne cherche pas à revenir habiter sur l’île. Son principal souci est de valoriser la Réunion autour de lui, notamment à travers ses activités associatives la culture et l’artisanat réunionnais : « Quels moyens peuvent être mis en œuvre pour nous aider ? »

Emmanuel Lemagnen évoque le principe d’arrière boutique. Par exemple, le kayamb et le bobre sont fabriqués à la Réunion et peuvent être exportés, sous réserve de structuration d’une centrale à l’export. Mais pour des produits comme le Roulèr, la matière première existe en métropole. Ils peuvent donc être fabriqués sur place par des artisans réunionnais vivant en région. Les prix de l’artisanat seront plus abordables. Par ailleurs, il estime que de nombreux « kréopolitains » font la promotion de la Réunion sans que cela se sache ! Il propose de créer une association représentant un panel actif et représentatif de ces Réunionnais pour les reconnaitre, les soutenir, leur donner du matériel de promotion et de communication...

Géraldine Touneji (créatrice de la société voyagedereveàlareunion.com) décrit alors son activité et souligne que de nombreux Réunionnais travaillent pour la Réunion en métropole.

Guillaume Huet (cadre à Paris) revient sur l’importance de structurer le réseau des Réunionnais dans le monde. C’est une étape supplémentaire à passer. Par ailleurs, il a constaté que certaines villes et régions étaient très organisées pour accueillir les touristes des nouveaux pays émergeants comme la Chine et l’Inde qui représentent un énorme potentiel. D’autant plus que la Réunion entretien des liens diasporiques avec ces pays. La mairie de Paris par exemple affiche des messages à l’attention des Chinois dans les transports en commun, les offices du tourisme, etc.

Emmanuel Lemagnen et Ayoub Ingar voient deux problèmes à l’arrivée de touristes des pays émergents : ils doivent d’abord découvrir les grandes destinations touristiques mondiales et le problème des visas, qui représente un véritable parcours du combattant même pour des ressortissants plus proches comme les Sud Africains.

Johan Virassamynaick (cadre dans le tourisme en France et en Angleterre) propose des combinaisons Maurice - Réunion pour toucher certains marchés, comme celui des voyages de noce en Inde.

Philippe Caussanel (tour opérateur en Afrique du Sud) enchaîne sur l’importance d’une bonne circulation des informations. Intrigué que des Sud Africains puissent aller faire du canyoning à Maurice, il a fait venir en deux ans à travers son entreprise 120 personnes de ce pays sur des activités de pleine nature à la Réunion.

Eric Chane Po Lime (du Québec) pense que chaque Réunionnais doit devenir proactif pour la promotion de son île. Il évoque la création d’un Journal électronique contenant des informations économiques et touristiques fiables pour aider les Réunionnais à valoriser l’île autour d’eux. Jusque là les informations qui parviennent aux Réunionnais expatriés sont disséminées dans plusieurs sources, notamment la newsletter mensuelle Réunionnais du monde et le Flash Infos de l’Agence de Développement de la Réunion.

Fabrice Thibier (directeur du développement économique à la SR 21) présente alors la toute nouvelle plateforme We’reunion qui offre à chacun une marque et des informations territoriales à partager.

Muriel Boisvilliers (styliste, créatrice de la ligne de vêtement Yapana) tiendra un stand au marché de Noël tropical les 19, 20 et 21 décembre à la Villette. Elle souligne qu’il existe beaucoup d’aides pour les créateurs d’entreprises à la Réunion, mais aucune pour les Réunionnais expatriés. Elle remet sur le tapis la question d’une aide en échange du fait d’être ambassadeur de la Réunion.

Aïcha Du Boisgueheneuc (dirigeante de Sud Outre-mer, entreprise qui importe des produits ultramarins en métropole) pointe le problème du prix du transport par bateau et celui des volumes d’importation. Il y a peu, cinq distributeurs s’étaient groupés pour créer Terroirs Réunion et mutualiser leurs importations, mais l’initiative semble en stand by.

Emmanuel Lemagnen suggère la création d’une centrale d’achat pour organiser l’exportation des produits réunionnais. En terme de distribution, la régularité et la fiabilité sont primordiales. Or une grande partie des productions locales sont trop faibles pour répondre à la demande intérieure sur l’île. La Réunion se retrouve donc dans une situation paradoxale où l’envie des consommateurs (notamment les Réunionnais expatriés) de consommer des produits locaux existe, mais elle ne peut être comblée dans des bonnes conditions de prix et de régularité.

Nicolas Peyrot (informaticien) souligne que la Réunion a maintenant une image positive, notamment grâce à la dernière campagne de publicité de l’IRT. Mais il regrette que les Réunionnais soient absents des galeries commerciales en métropole. Tellement absents qu’il a vu plusieurs fois des Antillais s’approprier et vendre des produits réunionnais leader comme le rougail saucisses, les bouchons et l’ananas Victoria...

Marie Suzelle Chapelan (restauratrice à Lyon) est en contact quotidien avec des touristes (anciens ou potentiels), des affinitaires et des Réunionnais en mobilité. Elle renouvelle la demande d’aide auprès des institutions. L’avis est partagé par l’ensemble des restaurateurs et traiteurs réunionnais présents dans l’hémicycle : ce sont eux (entre autres) qui assurent la continuité et la communication de la Réunion. Plutôt que de faire venir des gens par avion (parfois peu motivés) pour animer les stands et les salons, l’IRT ferait mieux de faire travailler les Réunionnais de métropole qui sont en contact quotidien avec la clientèle et ont tout intérêt à « vendre » la Réunion.

La réunion se termine sur une intervention de Betty Cerveaux-Mayer (membre de l’Association réunionnaise culture et communication), qui suggère qu’une action soit entreprise par les pouvoirs publics pour mieux faire connaître le site Réunionnais du monde à la Réunion et en métropole. Pour elle, ce site représente une vraie passerelle, un lieu où trouver des informations, se rassembler et s’organiser.

En guise de conclusion, Emmanuel Lemagnen revient sur la nécessité d’inventer et de construire l’avenir : « Plutôt que de multiplier les comparaisons avec d’autres territoires (Maurice, les Antilles, la Corse, etc.), la Réunion doit inventer ses propres indicateurs et mettre en avant ses propres référents ».

Compte-rendu : Nicolas Martin - Réunionnais du Monde (partenaire 1er village de la diaspora)

Remerciements photos : Betty Cerveaux-Mayer


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