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Sandra Dosoruth, directrice financière d’un organisme HLM près de Paris

Publié le 1er novembre 2009

Après des études jusqu’au DESS à l’université de la Réunion, Sandra occupe depuis dix ans des postes à responsabilité dans des organismes publics en région parisienne. Engagée dans un parti politique, tout juste mère d’un petit Louis de 23 mois, elle se présente volontiers comme une preuve que la méritocratie républicaine existe bel et bien à la Réunion.

Sandra Dosoruth

Racontez-nous votre parcours.

Née à Maurice, je suis arrivée très jeune à La Réunion où j’ai accompli toute ma scolarité (BTS / MSG/ DESS). Mes deux parents sont retraités. Mon père était cadre infirmier et ma mère assistante médicale. Mon parcours est sans aucun doute atypique... Ayant un baccalauréat britannique, j’ai eu envie de me lancer le défi d’effecteur des études dans une université française. Quelqu’un qui a longuement partagé ma vie à l’époque (et à qui je dois tout) m’a fait découvrir la rigueur et le sérieux du BTS - Comptabilité et Gestion de l’entreprise, excellente formation pour future manager. Mais j’ai vraiment eu un "déclic" un jour que je suivais l’émission "Capital - l’argent Public gaspillé" pendant ma formation en Maitrise des Sciences de Gestion à la Faculté de Droit de la Réunion.

Qu’avez-vous fait ?

J’ai tout de suite demandé à faire un stage non rémunéré au sein du service juridique du Conseil Général de La Réunion, où j’ai vu les rouages administratifs d’un service public. Après ma Maîtrise, je me suis juré d’apporter ma petite pierre à l’édifice des finances publiques locales. Cette vocation fait suite à la reconnaissance que j’ai à cette île qui a su m’accueillir, me former, me donner ma première expérience professionnelle... preuve que la Méritocratie Républicaine existe bel et bien sur notre île !

Et ensuite ?

Avant même la fin de mon année de 3e cycle en DESS Administration des Collectivités Locales, la Mairie de Sainte Rose m’embauchait comme cadre pour s’occuper de ses finances. Après trois années de collaboration fructueuse, je quittais ce poste au grand regret du Maire de l’époque. Voilà mon parcours à la Réunion…

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

J’ai "sauté sur l’occasion" le jour où un cabinet ministériel de Lionel Jospin, en charge de l’outremer, est passé par Sainte Rose, ville où j’étais chargée de mission aux finances. J’ai décidé de rejoindre Paris, la capitale et de refaire ma vie... alors que j’avais tout pour continuer ici ma petite vie "pépère" de cadre territorial.

Comment cela s’est-il passé ?

Après un bref passage à l’Institut de Veille Sanitaire à Paris, où je fus l’administratrice des projets européens pour les finances publiques (cette fois européennes) qui transitaient par un établissement public en France, j’ai été nommée directrice financière d’un OPAC d’une petite commune de la banlieue parisienne, dans les Hauts-de-Seine. Mon parcours m’a ensuite amené à réorganiser et insuffler une nouvelle dynamique à un autre OPHLM communale de Seine Saint Denis, où j’exerce maintenant depuis cinq ans. Mon bilan et les résultats obtenus semblent plus que positifs. A l’heure où je réponds à vos questions, je viens d’être approchée pour être Directrice de Cabinet.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Elle est riche sur tous les plans... Sur le plan personnel, elle est un gage d’une ouverture d’esprit sur le monde qui nous entoure. Ensuite, sur les possibilités qui m’ont été offertes dans mes activités extra-professionnelles. En restant à la Réunion, je n’aurais pas pu être la collaboratrice d’un ancien Premier Ministre sur les questions touchant aux DOM-TOM. Enfin, elle m’a permis de faire de belles rencontres humaines.

Quels sont vos projets ?

Après ces dix ans passés loin des miens, mon souhait le plus cher est de rentrer bientôt à la Réunion avec conjoint et enfant pour mettre mes compétences au service de mon île. J’attends incessamment sous peu la mutation de ma moitié !

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

L’odeur de la mer, quand à sept heures du matin j’arrivais sur le littoral sainte-rosien pour prendre mon poste, les cari bichiques et ti-jacques de ma maman... et les gâteaux patates de mon vieux papa ! Quand j’ai quitté la Réunion, j’ai emporté dans mes valises un kalou, de la vanille et du massalé avec piment la rényon.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

L’ile de La Réunion connaît certes un fort taux de chômage, mais avec une croissance à faire jalouser ses régions consoeurs métropolitaines. Depuis les années 90 on entend parler de zones franches et j’ai l’impression que rien n’est fait pour achever les chantiers commencés dans ce domaine. L’écart entre riches et pauvres se creuse, cela fait 10 ans que je reviens dans l’île tous les ans et que je le constate de visu... Les hommes politiques ne se battent pas plus que cela pour sauver cette Réunion qui voit malheureusement partir ses enfants. Ce "génocide intellectuel" coûtera cher à La Réunion tôt ou tard, j’en ai bien peur hélas.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Mon plus grand plaisir est quand quelqu’un (femme ou homme) dans l’établissement où je travaille arrive le matin et me dit que mon sourire égaye ce temps de gris dans lequel nous évoluons d’octobre à avril...

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Oui, ayant été la déléguée fédérale à l’Outremer pour ma formation politique, je suis en contact constant avec tous les ultramarins et notamment des Réunionnais rencontrés ça et là dans des réunions, des manifestations culturelles ou comme au 1er village de la Diaspora Réunionnaise organisé par le Dr Margaret Robert-Mucy, qui a crée des liens forts entre nous ici à Paris et de part le monde. J’ai aussi participé à l’Association des Amis des Mascareignes avec qui j’organise des week-ends portes ouvertes sur La Réunion dans des Mairies qui ont des sensibilités sur la représentation ultramarine en Métropole.

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Je ne sais pas si le secteur dans lequel je travaille y est pour quelque chose mais je dois dire que la misère humaine ici est parfois criante et la situation n’est pas comparable à celle que l’on vit à la Réunion. Ici, les gens sont dans un autre état d’esprit. Quelqu’un chantait que " la misère est moins pénible au soleil"... Dans notre île, il y a une solidarité familiale et sociale qu’il n’y a pas en Métropole.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Sot la mer, alé voir kosa sa y passe lot koté. La rényon n’est pas le nombril du monde et n’attendez pas que l’on vienne tout vous servir sur un plateau. Dans la vie tout se mérite ! Votre destin c’est vous qui le provoquez...


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