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Une commission nationale sur les « Réunionnais de la Creuse »

Publié le 10 février 2016

George Pau Langevin, ministre des Outre-mer, annoncera le 18 février 2016 la mise en place d’une commission nationale composée d’experts pour étudier l’histoire de ceux qu’on appelle les « Réunionnais de la Creuse », ces quelque 1600 enfants arrachés à leur famille dans les années 60 et 70 pour être placés dans des familles d’accueil dans des départements ruraux de métropole, dans des conditions souvent très difficiles. De cette commission, les enfants de la Creuse attendent des billets d’avion permettant aux Réunionnais déracinés depuis parfois plusieurs décennies de retourner sur les lieux de leur enfance, ainsi que des réparations financières et l’accès aux dossiers et archives les concernant.


« Il faut que nos compatriotes puissent enfin retourner une fois dans leur vie sur leur île natale avant de mourir », déclare Valérie Andanson, membre de la Fédération des Enfants Déracinés des DROM. « Nous demandons également des réparations financières, que notre histoire soit reconnue crime contre l’enfance et l’accès pour chacun des enfants déplacé à son dossier complet, à l’ensemble des documents nous concernant, que ce soit aux archives de la Réunion ou en métropole ».

La commission pour les Réunionnais de la Creuse devrait voir le jour le 18 février 2016 : c’est la promesse faite par le ministère des Outre-mer aux associations d’anciens enfants déracinés, venus demander des comptes rue Oudinot en janvier 2016, soit deux ans après la reconnaissance par l’état d’une « responsabilité morale » dans cette affaire, sous l’impulsion de la députée de la Réunion Ericka Bareigts.

Communiqué

Madame George Pau Langevin, ministre des Outre-mer, devrait annoncer le jeudi 18 février 2016, la mise en place d’une commission nationale composée d’experts visant à étudier l’épisode du transfert forcé de 1 615 enfants réunionnais-e-s et à travailler sur les attentes de ces ex-pupilles ; notamment en matière de réparations. Entre 1963 et 1982, ils ont été répartis dans 26 départements français, notamment celui de la Creuse où a été transféré le contingent le plus important ; c’est pourquoi leur histoire est connue sous le nom « des enfants de la Creuse ». Deux ans après le vote de la résolution d’une loi à l’Assemblée nationale, loi qui reconnait l’implication de l’état français dans cet exil, et un an après l’engagement de Madame la Ministre des Outre-mer pour mettre en œuvre les préconisations de la résolution, cette commission va enfin voir le jour.


Pour mémoire, l’initiative de ces transferts revient à Michel DEBRÉ. Afin de résoudre le problème démographique et social de l’île de La Réunion, en 1963, Michel DEBRÉ met en place le BUMIDOM qui favorise l’immigration des adultes volontaires. Mais, en marge de cette politique, il organise aussi l’immigration massive d’enfants réunionnais, issus de classes défavorisées, vers les départements métropolitains touchés par l’exode rural (Creuse, Gers, Lozère…). Ce déracinement, généralement réalisé sans le consentement des parents, bien souvent illettrés et agissant sous la pression de l’administration, a privé ces petits réunionnais de leur histoire, de leur identité et de leurs familles.

Beaucoup de parents étaient convaincus que leurs enfants partaient pour un avenir meilleur et qu’ils reviendraient régulièrement sur l’île. Mais la plupart n’ont jamais revu leurs enfants. Les noms de ces derniers ont été changés. On a coupé tout lien avec leur famille. On les a considérés comme des orphelins. Certains ont été adoptés rarement pour le meilleur, souvent pour le pire (travail forcé, violences…). L’Etat, comme les services sociaux, ont une lourde responsabilité dans ce dispositif ; même si un rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales de 2002 n’a reconnu aucune faute de leur part…

Ce préjudice est inestimable et irréparable. Cette mise en place de cette commission marque un nouveau pas vers la réparation qui prendra pour les victimes encore vivantes la forme d’un long cheminement avant de parvenir à une possible résilience.

Nous remercions Madame George Pau Langevin pour le combat qu’elle mène à nos côtés afin que cette histoire soit reconnue et diffusée, afin que l’État considère qu’il a manqué à sa responsabilité morale envers ces ex-pupilles et que tout soit mis en oeuvre pour leur permettre de reconstituer leur histoire personnelle.

“Personne ne peut décréter l’état de bonheur pour un autre, fût-il un enfant” (Stéphane Nicaise : Une enfance en Exil). “Mais l’état de bonheur sur quoi se fonde t-il ? Ne tient-il pas au fait de se sentir vivant, au sentiment d’être libre, de se sentir chez soi et d’être plus près de ceux qui nous aiment.”

Wilfrid BERTILE, Président de la Fédération des Enfants Déracinés des DROM
Jean-Charles PITOU, Jean-Philippe JEAN-MARIE, Christophe OUSDALE, Julien LIMÉRY, vices-présidents de la F.E.D.D.
Tous les membres de la F.E.D.D.
Valérie ANDANSON, Chargée de Communication de la F.E.D.D (06 74 73 70 41)

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