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Thierry Sautron : de l’Allemagne au Québec en passant par le Cambodge...

Publié le 4 septembre 2016

A 28 ans et depuis ses études en langues étrangères à Montpellier, Thierry a attrapé le virus des voyages. Du Cambodge où il a travaillé six mois dans une ONG, il a suivi sa petite amie au Québec et travaille au service client d’un gros groupe de concessionnaires automobiles.


Racontez-nous votre parcours.

Je suis originaire du Tampon. J’ai quitté l’île il y a bientôt 10 ans (oté, ça commence à faire beaucoup là !) pour poursuivre mes études à Montpellier en Licence LEA. En troisième année, j’ai eu la chance de faire un séjour ERASMUS en Allemagne. J’y suis retourné quatre fois depuis ! J’ai un Master en Négociations de Projets Internationaux (anglais, allemand).

Comment êtes-vous arrivé au Québec ?

Après avoir fait un stage de six mois au Cambodge en 2015 pour une ONG française (www.saffa.fr mène des actions de formation professionnelle pour les filles), je suis revenu en France passer ma soutenance de Master. J’aurais pu retourner au Cambodge car je m’étais fait un bon réseau professionnel, et j’avais d’autres offres d’emploi, mais ma moitié a eu un poste au Québec dans un hôpital. Je l’ai suivi dans une autre partie du globe que je ne connaissais pas.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Arrivé au Québec en février 2016, je travaille depuis avril. Ce n’est pas un poste de rêve et je commence à en avoir fait le tour, mais je continue encore quelques mois avant de chercher autre chose. J’ai déjà commencé à me pencher sur des idées visant à promouvoir la Réunion ici au Québec ! Parallèlement, j’aide l’ONG SAFFA de loin, en travaillant sur des projets et en mettant en place de nouvelles stratégies de financement de l’organisation à partir du Canada.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

J’ai des amis réunionnais à Montpellier et un peu éparpillés en métropole. J’ai eu la chance de rencontrer Georges et Sébastien de Georges Rhumerie à Siem reap au Cambodge pendant mon stage. C’était presque ma deuxième maison là-bas ! Ils sont adorables et proposent des plats réunionnais incroyablement savoureux au pays du sourire, ils connaissent un vif succès. Je les recommande fortement à tous les voyageurs en escale au Cambodge et à Siem Reap. Sinon, j’allais souvent aussi au snack réunionnais de l’île intense à Montpellier. Ils font des plats trop bons ! C’est vraiment agréable de constater que les Réunionnais réussissent à promouvoir la cuisine créole partout dans le monde… et de voir qu’ils continuent à garder leur cœur sur la main.


Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Un vanne, du piment, un TV Bar qui me regarde tous les jours et que je garde pour un moment de déprime, un vin de Cilaos, un rhum arrangé banane flambée...

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Venir d’une île avec un tel mélange de cultures (et encore, je dirais qu’il y a UNE culture créole !) et de religions a fait de moi quelqu’un de très ouvert et respectueux… Respect et tolérance qu’on ne trouve pas partout dans le monde d’après ce que j’ai pu voir et entendre. A la Réunion, ça me fascine encore de voir une église et une mosquée dans la même rue, des temples malbars ou bouddhistes pas loin. Ce mélange et cette absence de préjugés me manquent énormément ailleurs. Le fait d’avoir des amis blancs, kaf’, malbar, chinois... de retrouver toutes les couleurs dans une famille ou dans un cercle d’amis, ça manque aussi.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

A cette question, je répondrai une chose que je retrouve au Cambodge et au Québec : la gentillesse et la simplicité des gens. Même si au fil des années, j’ai l’impression que les gens deviennent de moins en moins gentils et respectueux à la Réunion. A moins que mes souvenirs du passé ne soient enjolivés… Sinon, bien sûr la famille et les amis me manquent, et le fait d’avoir d’un coté la mer, et de l’autre les montagnes !

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Elle m’a apporté énormément de choses positives. J’ai pu découvrir de nouvelles contrées, faire de belles rencontres, je suis devenu plus indépendant plus vite... J’ai découvert le monde. Maintenant j’aime les voyages. Je ne tiens plus en place !


Avez-vous des anecdotes à partager liées à votre mobilité ?

Je pense que tout(e) Réunionnais(e) sourira quand on lui demandera de raconter sa première année en métropole. Je m’adresse à eux :
-  quand des Zoréys te disent que la Réunion est aux Antilles
-  quand tu utilises des mots créoles que tu pensais être français, et qu’on te regarde d’un air perplexe (gabier, siave, et j’en passe)
-  quand on te demande pourquoi tu n’es pas noir (je suis métis clair)
-  quand on te pose des questions pour savoir si on a l’eau courante, l’électricité, des universités...

Un jour qu’on m’avait demandé « comment on faisait pour l’eau », j’en avais tellement marre qu’on prenne les Réunionnais pour des « sauvages qui vivent dans la savane », que j’ai répondu : « tu sais, c’est assez compliqué en fait. Chaque matin, les guerriers de nos tribus vont chercher de l’eau à la rivière. Les familles disent au revoir à ces guerriers, car souvent, ils ne reviennent pas car ils se font attraper par les lions... » Le pire c’est qu’on m’a cru ! Enfin, c’était il y a huit ou neuf ans, ça a du changer depuis...

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Question délicate qui ne tourne pas toujours à notre avantage. Quelques exemples :

Les grèves. Je me souviens des dernières grosses gréves sur l’île et de la façon dont elles ont été relatées par les médias métropolitains. Problème : les prix des aliments sont trop chers à la Réunion. La solution des Réunionnais ? Entrer dans les magasins pour tout saccager, voler, et abîmer des produits. La solution des politiciens ? Tourner la tête, laisse passer la crise et proposer une fausse solution au problème. L’image que les Réunionnais ont véhiculé lors de ces grèves était limite gênante. Dans les médias on passait vraiment pour des abrutis aux yeux des zoréys... et ça nous faisait honte en tant que Réunionnais de métropole, à l’université ou ailleurs.
 
Le tourisme. Quand on a une île aussi incroyable, il faut la respecter. Chaque fois que je reviens en vacances voir la famille, je constate qu’il y a des coins magnifiques qui sont sales car les gens ne respectent rien. Pique-nique fini ? On jette les affaires n’importe où. Sans parler des déchets dans les ravines, sur le bord des routes... Si les Réunionnais eux-même respectent pas leur île, qui le fera ?


Voir le profil de Thierry Sautron / la page http://www.reunionnaisdumonde.com/r/1/Amerique-du-Nord (565 inscrits)


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