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Luc Baudot, Coordonnateur de la réserve naturelle à Kerguelen

Tous les ans il quitte sa Loire Atlantique natale pour l’autre bout du monde. A 40 ans, Luc effectue sa 16e mission dans les TAAF, dans une réserve naturelle nationale terrestre et marine jeune (elle fête ses dix ans cette année), mais primordiale dans le contexte environnemental actuel.

Portrait 5 de la série « En mission dans les TAAF »


Mini CV :

- IUT – Technicien agronome (Aurillac)
- Master recherche Ecologie (Rennes, Québec, Lyon)
- 16 missions dans les TAAF (2002 – 2016) : Volontaire Civil à l’Aide Technique (VCAT) à l’IPEV, Guide touristique, Agent de la réserve naturelle, Coordonnateur de la réserve naturelle à Kerguelen. Il dirige une équipe de 3 à 10 personnes selon les périodes de l’année

Sa mission à Kerguelen

- Connaissance du vivant et observation : « en cas de problème ou d’épidémie, on se tourne vers le monde scientifique. L’avantage de notre réserve, c’est qu’elle peut s’appuyer sur la recherche scientifique menée sur place depuis des décennies ».
- Mesures de biosécurité : « Dans un écosystème insulaire et isolé de tout continent aussi simple, l’introduction involontaire d’éléments extérieurs (graines, œufs d’insectes, etc.) peut être dévastatrice. Il s’agit pour la réserve de prévenir le risque d’invasion grâce à la mise en place de mesures de biosécurité strictes (« décontamination » des vêtements, des bagages, du fret, etc.).
Malheureusement, ici comme partout ailleurs, la prise de conscience environnementale a été tardive...

Un impact humain irrémédiable

Les premiers bateaux ont apporté sur ces îles lointaines des rats et des souris… Les hommes ont alors introduit des chats censés éliminer ces rongeurs. Mais ils n’ont pas tardé à proliférer, à retourner à l’état sauvage et à s’attaquer aux oiseaux.

Au cours du 20e siècle des tentatives d’élevage se sont également révélées désastreuses. Le mouton a embarqué avec lui un petit scarabée prédateur. Les bêtes à longues oreilles* occupent aujourd’hui des terriers autrefois réservés aux oiseaux. En dévorant les végétaux, ils ont aussi modifié l’équilibre existant.

Au niveau de la flore, la vingtaine de plantes autochtones présentes aux Kerguelen tient difficilement la compétition avec les espèces introduites plus ou moins volontairement. Souvent, les espèces extérieures sont plus résistantes et s’adaptent mieux aux perturbations à grande échelle que les espèces endémiques. Ainsi le pissenlit n’a pas tardé à coloniser l’île.


"Après tant de missions, mes souvenirs se superposent, j’ai arrêté de prendre des photos."


Un patrimoine naturel unique… mais fragile

Ces îles volcaniques surgies de l’océan hébergent les communautés d’oiseaux marins les plus riches au monde. Ils viennent s’y reproduire : albatros (les plus grands oiseaux de la planète avec une envergure de 3 mètres et une espérance de vie de 70 ans), pétrels, goélands, cormorans…

Les manchots qui trouvent refuge dans ces îles et forment d’immenses colonies, sont sensibles au réchauffement climatique. Ils subissent le déplacement du front polaire vers le sud et doivent parcourir des distances plus grandes pour s’alimenter. Tout comme les mammifères marins (otaries, éléphants de mer), les orques, baleines et dauphins de Commerson.

Pollution et réchauffement climatique sont palpables

Les données de Météo France (présent depuis des décennies dans les Terres australes) sont claires : la température augmente. Et le réchauffement se voit dans le paysage ; les glaciers reculent d’environ 100 mètres par an.

A Amsterdam, l’air est si pur que l’arrivée d’un bateau comme le Marion Dufresne se lit dans les mesures du laboratoire d’analyse de l’air. Sur le long terme, le taux de carbone dans l’atmosphère ne prend pas la forme d’une courbe, mais plutôt d’une droite qui ne cesse de progresser… L’impact sur le milieu est palpable, les équilibres écologiques sont progressivement chamboulés.


Un travail de protection primordial

A côté de la biosécurité et de la lutte contre les espèces introduites, les TAAF s’attachent à concilier la présence humaine sur place avec la protection de l’environnement. Cela se manifeste dans la gestion des déchets, les lessives et produits d’entretiens que nous utilisons (ils sont maintenant écologiques), la dépollution et le démantèlement des installations anciennes : bâtiments, grillages, installations industrielles... Le volet logistique de notre travail est primordial et s’appuie sur la relation avec La Réunion.

Les liens avec La Réunion

Le Marion Dufresne nous ravitaille depuis Le Port, c’est le cordon ombilical des terres australes ! Les travailleurs contractuels réunionnais sont aussi très présents sur les bases d’Amsterdam, Crozet et Kerguelen, en cuisine et dans les métiers du bâtiment et de la logistique. D’ailleurs, les moments de détente à la base recréent régulièrement l’ambiance de fête de La Réunion. A la cantine, le rougail saucisse et les caris sont souvent au menu !

Pour aller plus loin...

www.taaf.fr / www.facebook.com/TAAFofficiel


Plus d’actus / portraits / offres d’emploi dans les TAAF



* Une superstition interdit aux marins de prononcer le mot « Lapin ». En arrière plan, un hangar métallique désaffecté à Kerguelen qui va être démantelé.

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