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Coralie Renambatz, chargée de Promotion pour le Conseil National du Tourisme aux Seychelles

Publié le 28 septembre 2016

En tant que Volontaire de solidarité internationale, elle développe les projets et les liens entre la Réunion et les Seychelles. Un des postes à pourvoir régulièrement dans l’océan Indien et ouverts à des Réunionnais. Coralie est âgée de 30 ans et originaire de Saint-André.


Quel a été votre parcours de mobilité ?

A l’âge de 20 ans, par curiosité j’ai assisté à une réunion d’information sur les études possibles au Québec. Quelques mois plus tard je m’envolais pour vivre une expérience de trois ans dans le grand froid ! Expérience rythmée par de nombreux moments de doutes et de nostalgie. Beaucoup vous le diront, quitter La Réunion pour s’installer dans une grande province comme le Québec où l’hiver est très dur, c’est loin d’être évident. C’est difficile de s’en rendre compte avant le départ, c’est même difficile à l’expliquer. Je dois dire qu’au début je ne m’étais pas vraiment préparée à ce voyage...

Comment cela s’est-il passé ?

J’ai toujours voulu quitter La Réunion pour voler de mes propres ailes et découvrir le monde. Cette opportunité était donc pour moi une occasion rêvée. Très vite, je me suis rendue compte que ça n’allait pas être facile et que La Réunion me manquait plus que tout ce que j’aurais pu imaginer. Néanmoins, je me suis toujours accrochée aux points positifs et répétée que ça finirait par aller. Etre entourée de Réunionnais a été une grande force et je me suis d’ailleurs accrochée à la petite famille que je m’étais créée. Mes cours étaient passionnants et l’enseignement très formateur. J’ai d’ailleurs eu, à travers mes stages, l’occasion de voyager et de découvrir de nouvelles régions. Malgré les difficultés et les doutes, je suis fière aujourd’hui d’être restée, d’avoir été jusqu’au bout et d’avoir obtenu mon diplôme en Techniques de Tourisme à l’issue de ces trois années.

Et ensuite ?

Forte de cette grande aventure, après le Québec, je me suis installée à Londres. J’y ai vécu et travaillé un peu plus de deux ans. Puis, l’appel de la chaleur et l’envie de découvrir un nouveau pays m’a conduit en Australie où j’ai voyagé six mois. Depuis maintenant un an, je suis installée aux Seychelles où je vis une expérience professionnelle et personnelle très enrichissante.


En quoi consiste votre travail ?

J’occupe un poste de VSI chargée de Promotion pour le Conseil National du Tourisme en partenariat avec France Volontaires, la Région Réunion et l’Europe (programme INTERREG V Océan Indien). Cette opportunité me donne enfin la chance d’exercer un métier dans mon domaine d’activité avec des responsabilités et des défis. Je travaille sur des projets très intéressants avec lesquels je développe mes compétences et je m’épanouis.

Parlez-nous des Seychelles.

Bien que l’on soit dans le même océan, la vie seychelloise est complément différente de la vie réunionnaise : rythme moins stressant, vie beaucoup plus simple, plages de carte postale... Il est très agréable de vivre aux Seychelles et on s’y sent en sécurité. J’ai été très bien accueillie par les Seychellois. Ce sont des gens simples et naturels, qui aiment partager des moments en famille et entre amis.

En tant que Réunionnaise, qu’est-ce qui vous paraît le plus proche / le plus éloigné par rapport à notre île ?

Ce qui m’a frappé de suite, c’est leur façon de vivre leur créolité. Le créole reconnu comme langue officielle est parlé partout et tout le temps. Il fait partie intégrante de la culture et on sent qu’on n’a pas besoin de le revendiquer puisque qu’il a déjà sa place. En parallèle, la population parle couramment l’anglais et tout le monde comprend le français. Sur ce plan, nous devrions prendre exemple et montrer plus de fierté envers notre créole. Et surtout arrêter de croire que le parler nous empêche de parler correctement une autre langue.

Quelle est l’image de la Réunion aux Seychelles ?

L’image de La Réunion pour les Seychellois est assez divisée. Ceux qui n’y sont jamais allés savent que nous avons de beaux paysages, mais restent sceptiques par rapport aux requins et au coût de la vie qui leur paraît très chère. Ceux qui connaissent La Réunion nous parle principalement de la dodo, des bouchons, du rougaille saucisse et du boucané ! Nombreux sont ceux qui viennent aussi pour suivre des soins médicaux.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

J’habite en collocation avec une Réunionnaise, elle aussi VSI à la chambre de commerce avec France Volontaires, et le hasard a fait que mes voisins sont également Réunionnais installés dans l’archipel depuis plusieurs années. Je suis donc loin d’être dépaysée.


Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Peu importe la destination, j’ai toujours eu dans mes valises des photos de mes proches. Quand c’était possible je me faisais envoyer bouchons, saucisses, boucané et piment la pâte bien sûr. Très important !

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Partir vivre ailleurs est l’une des meilleures choses que j’ai pu faire. La Réunion est et restera toujours mon pays et je suis très fière d’être Réunionnaise. Cela dit, habiter à l’étranger, peu importe l’endroit finalement, nous apprend énormément sur nous-même. Je n’aurais jamais eu la chance de vivre tant de choses différentes en restant à La Réunion. Sortir de sa zone de confort, tenir, même dans les coups durs, et se battre pour obtenir ce que l’on désire m’a permis de me dépasser et d’aller au bout de moi-même. Il est évident que la mobilité m’a rendu plus forte.

Selon vous, quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion ?

Etre Réunionnaise à l’étranger pour moi n’a été qu’un avantage, même si encore beaucoup de gens ne savent pas vraiment nous situer sur une carte. La Réunion évoque toujours de la curiosité quand on en parle. C’est marrant ! Les gens ne comprennent pas forcément qu’on est une île française, qu’on fait partie de l’Europe, alors qu’on est perdu en plein cœur de l’océan Indien. Du coup, ils posent beaucoup de questions… C’est comme ça qu’on devient des ambassadeurs de La Réunion et qu’on essaye de convaincre les gens qu’ils doivent absolument voir ça de leurs propres yeux.

Quels sont vos projets ?

Après presque 10 ans à l’étranger, je suis prête à rentrer. Ma mission aux Seychelles touche à sa fin et j’aimerais beaucoup me lancer dans une nouvelle aventure, me diriger vers l’entreprenariat. Pour le moment, je suis encore en réflexion, mais dès mon retour j’y apporterai tout le temps et l’énergie nécessaires pour mener à bien ce nouveau défi.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Elle est très ambivalente. D’un côté, l’île est marquée par une politique de grands chantiers, un développement urbain à grande échelle et une société de consommation. Alors que de l’autre, le taux de chômage, notamment chez les jeunes, est impressionnant, le coût de la vie est particulièrement cher et on sent de plus en plus un malaise social. L’insertion à La Réunion, il faut le dire, reste difficile, diplômé ou pas. Nombreux sont ceux qui se battent pour une stabilité et nombreux exilés voudraient revenir s’installer sur l’île. A mon sens, à fonction et à capacité égales, le Réunionnais doit être privilégié. On se doit tout de même de rester positif. Le fait d’être Français et Européens est une grande chance et nous donne beaucoup d’opportunité. De plus, il faut reconnaître que la jeunesse réunionnaise a un potentiel énorme. De plus en plus qualifiée, ouverte sur le monde avec une envie de réussir, j’ose espérer que nous réussirons ensemble à améliorer notre situation.

En conclusion, j’aimerais préciser que partir ne veut en aucun cas dire oublier d’où l’on vient, bien au contraire, ça nous permet de prendre du recul pour mieux comprendre notre identité culturelle et personnelle. Comme on dit, les voyages forment la jeunesse ! Ils ne sont pas la garantie d’une réussite. En revanche, ils vous apportent une richesse et une force incontestable.

www.reunionnaisdumonde.com/r/14/Ocean-Indien-hors-Reunion


Voir : LES OFFRES DE MISSION FRANCE VOLONTAIRE DANS L’OCEAN INDIEN

Basé sur l’île, France Volontaires propose toute l’année des missions indemnisées de 12 à 24 mois en Afrique Australe et dans l’Océan Indien. Plus de 40 Volontaires de Solidarité Internationale originaires de La Réunion sont en permanence en mission dans des pays de la zone, en appui à des structures locales œuvrant pour la coopération régionale. Sur quels postes, dans quels pays et comment postuler ? Cliquez ici pour en savoir plus : De la Réunion, France Volontaires recrute toute l’année pour l’océan Indien

D’autres infos et portraits de Volontaires réunionnais dans l’océan Indien / La page Facebook


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