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Sébastien Mohamed, créateur de mode à la Réunion – Spécial Retour

Publié le 8 décembre 2016

Mêler art, mode et design, c’est l’ambition de la marque « Sébastien Blum », créée par cet entrepreneur autodidacte rentré à la Réunion après avoir évolué dans les milieux du tatouage et de la coiffure. Interview.

Article publié dans Objectif Emploi, supplément du Quotidien de la Réunion – 16 février 2017 (cliquer pour lire)


Pouvez-vous vous présenter ?

Mon nom est Sébastien Mohamed, j’ai 24 ans et je suis un artiste entrepreneur. J’ai fondé et dirige l’entreprise Sébastien Blum. Originaire de Saint Louis, j’ai quitté le milieu scolaire à 16 ans avec un BEP Technique de l’Architecture et de l’Habitat. J’ai commencé à entreprendre très tôt. Avant même de quitter l’école, j’avais déjà un petit « atelier » de coiffure avec une clientèle stable. Cependant, j’ai tout de même effectué quelques formations et multiplié les petits emplois entre 2008 et 2012, tout en conservant mon « atelier ». En parallèle à tout ça, j’ai commencé à étudier l’art du tatouage dans un studio à Saint Louis. En 2012 j’ai obtenu un diplôme universitaire en création d’activité à L’IUT de Saint Pierre et j’ai commencé à tatouer sérieusement à mon compte. Mais je voulais voyager et découvrir autre chose.

Qu’avez-vous fait ?

J’ai démarché des entreprise en métropole par téléphone et j’ai obtenu une promesse d’embauche pour un contrat d’apprentissage de deux ans dans un salon de coiffure à la frontière suisse. J’ai trouvé un appartement dans la ville de Saint-Claude dans le Jura… Un mois plus tard, j’étais dans mon petit studio à la campagne. Effectivement à mon arrivé j’ai signé un contrat d’apprentissage, qui à duré… 48h. Au bout de deux jours en tant qu’apprenti, mon contrat s’est transformé en CDI. Je suis resté quelques mois, puis j’ai démissionné. Le cadre professionnel était parfait, cependant la route était éreintante et je ne me voyais pas vivre dans la région de mon lieu de travail. Je fonctionne beaucoup au feeling et je me suis dis : "allez tu démissionnes et puis tu improvises".

Et alors ?

Mauvais pari : je pensais retrouver quelque chose rapidement, mais finalement je n’ai rien trouvé. Alors je me suis débrouillé pour rebondir en entreprenant. La débrouille s’est transformé en bon investissement et j’ai pu avoir une situation plutôt agréable. Je n’avais pas pour projet de rentrer mais ile se trouve que j’allais devenir papa pour la première fois ! j’ai donc décidé de rentrer à la Réunion pour accueillir mon fils, au pays. Après un séjour particulièrement enrichissant en Angleterre, je suis finalement rentré en 2014.

« Blum », c’est le pseudo que j’utilisais à 15 ans pour signer mes graffitis (référence au personnage principal du film Big Fish de Tim Burton)

Avez-vous eu des difficultés à vous réinstaller ?

Oui et Non. Dans un premier temps, j’ai essayé de trouver un emploi pour avoir une stabilité, mais je n’ai eu aucune réponse positive. Alors j’ai redémarré l’activité de l’atelier et recommencé à tatouer à mon compte. J’avais toujours une petite base clients dans mes deux secteurs de prédilection : tatouage et coiffure, deux marchés saturés ici selon moi. En parallèle, j’ai mis en place mon projet de création d’entreprise. Je ne pense pas être fait pour un quelconque marché, je me suis donc créé mon propre marché !

Avec le recul, tirez-vous un bilan positif de votre expérience de mobilité ?

Le fait de vivre en métropole m’a beaucoup apporté sur tout les plans, c’est un véritable enrichissement. J’ai pu découvrir des pays comme la Suisse ou l’Allemagne par exemple, j’ai fait des road-trips jusqu’en Angleterre, rencontré des personnes très intéressantes, vécu des moments inoubliables... c’était vraiment bien. Je pense que ça ouvre encore plus le désir de voyager, de voir le monde.

Quels sont les points de satisfaction / déception de votre retour ?

La première satisfaction, c’est de retrouver ses proches, un mode de vie plus calme et de boire du bon café chez sa grand-mère. Une satisfaction avant tout humaine. On ressent une certaine fierté des proches qui répètent régulièrement : « Il a travaillé en France ! », comme pour dire « Il a le label qualité ». Les déceptions sont plutôt économiques. Habiter sur une île, ça ferme pas mal de portes d’un point de vue professionnel. On est vite rattrapé par le fait qu’on ne peut pas se déplacer aussi facilement qu’en métropole. Même pour aller à Maurice, qui est juste à coté, il faut avoir un petit budget. En métropole, on prend sa voiture et on profite de l’espace Schengen. D’ailleurs, je ne vis pas mon retour comme quelque chose de définitif. Je suis encore jeune, la terre est tellement grande et j’en ai si peu vu...

Aujourd’hui quels sont vos projets ?

J’ai mon fils qui grandit et j’ai eu une petite fille cette année. Du coup ma priorité c’est de m’occuper de mes deux bébés, voyager et faire voyager mes enfants. Puis, bien entendu : développer mon entreprise de manière internationale. C’est un concept vraiment innovant dans sa globalité, du coup tout est à faire. « Sébastien Blum » est une marque déposée, je pense développer plusieurs lignes de produits, tout en conservant le même positionnement.

Parlez-nous de votre entreprise.

Je considère que l’art ne doit pas se limiter aux supports et techniques conventionnels. La SERIE 1 est une performance artistique, un point de jonction entre le monde de la mode et celui de l’art, deux monde qui sont par nature opposés (la mode est considérée comme temporaire tandis que l’art est par nature intemporel). Autant les vêtements peuvent être perçus comme des vêtements d’exception, ils en ont d’ailleurs toutes les caractéristiques en terme de qualité. Autant ces mêmes vêtements sont l’objet d’une véritable expérience artistique. J’ai aussi réalisé le site internet www.sebastienblum.com de façon à optimiser l’expérience "SERIE 1". C’est un concept-store en ligne, se situant à mi-chemin entre la galerie d’art et la boutique en ligne. Nous avons déjà expédié une création de la Série 1 à l’étranger et sommes suivi par des personnes du monde entier sur nos réseaux sociaux.

Plus d’infos sur www.sebastienblum.com / www.facebook.com/SebastienBlum21


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