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Jean de la Fontaine, jonction entre Orient et Occident

Publié le 7 juin 2017

Jean de La Fontaine, un auteur atypique avant-gardiste au XVII ème siècle ou le refus du pouvoir absolu, l’indignation et le refus de l’injustice : se servir des animaux pour instruire les hommes, critiquer une société courtisane et indirectement le roi de France sans oublier de plaire. Le sens des moralités, une transition vers les valeurs de la philosophie des Lumières.


Avec le « romancier-historien » Honoré de Balzac au XIXème siècle, le polyvalent et « géant » Victor Hugo qui marquera tout le XIXème siècle romantique et réaliste, « l’atypique » Jean de La Fontaine a marqué mon enfance et fait parti de mes écrivains préférés. Jean de La Fontaine c’est aussi celui qui fait dans la littérature française la jonction entre l’Orient et l’Occident car il s’est inspiré du grec Esope et du poète latin Horace, mais aussi des fabliaux du Moyen-Age et surtout des récits arabes et des contes du poète indien Pilpay dont il avait entendu au cours de ses conversations avec un certain Bernier dans les salons de Madame de Montespan, de la Duchesse d’Orléans et celui Madame de La Sablière.

Bernier qui avait eu la chance d’aller jusqu’en Chine et en Inde avait ramené des contes écrits par Pilpay. La Fontaine parlait peu mais écoutait beaucoup les autres et a passé toute sa vie à l’ombre, dans la dépendance des femmes, alors que Corneille, Racine, Molière et Lully brillaient sous le Soleil louis quatorzien. La Fontaine n’a jamais été vraiment récompensé de son vivant pour son œuvre fabuleuse. Louis XIV et Colbert se méfiaient de lui car il avait soutenu l’ancien intendant des Finances Fouquet.


En écrivant ses fables, La Fontaine devient génial car il tient dans son écriture, la merveilleuse habileté qu’il déploie pour faire tenir l’universel et l’intemporel dans les limites de courtes pièces en vers et rimes. Les livres des fables paraissent entre 1668 et 1679. Mais elles ont failli ne voir jamais le jour. Pour la petite anecdote en juin 1657, La Fontaine s’est battu en duel avec le capitaine Poignant à Château-Thierry à propos de sa femme à laquelle d’ailleurs, La Fontaine n’est pas resté fidèle du tout, lui qui a vécu toujours aux dépens des femmes. L’épée de Poignant atteint La Fontaine au côté droit. Il chancelle et saigne. Quelques centimètres plus à droit et le foie aurait été atteint et il n’y aurait plus eu de Perrette au pot au lait, ni de corbeau montrant sa belle voix, plus de Petit Poisson, plus de Pêcheur, ni de Chêne, ni de Roseau...

La Fontaine était un haut fonctionnaire de l’administration royale-les Eaux et Forêts- qui exerce des responsabilités peu épanouissantes, mais aussi La Fontaine était un mondain qui, dès qu’il le peut, gagne Paris pour promouvoir ses créations dans les salons à la mode. Evidemment sa vie a été tout le contraire de ce que laissent imaginer les livres pour enfants lithographiés des années 1950-1970, où l’on voit un Jean de La Fontaine assis dans la forêt de Château-Thierry sous un arbre en train d’observer un renard flattant un corbeau. Pourtant un de ces livres que j’ai ouvert à l’âge de 5 ans, m’a tout de suite passionné. Cet auteur atypique, emprunteur certes, car il n’a inventé quasiment aucun des récits qu’il met en scène dans ses fables est un magicien et un génie car il a réussi à transposer la quintessence des contes et des fabliaux en Fables.


Tout son génie tient dans son écriture et son habileté à véhiculer des valeurs universelles à travers la société animale. Passionné par l’Histoire mais aussi par la Littérature et plus précisément par l’œuvre de Jean de La Fontaine et sa biographie, j’ai voulu en tant que professeur de Français, monter une séquence sur l’argumentation mais aussi sur les valeurs véhiculées par les morales pour aussi, par ailleurs rendre hommage à celui qui n’a jamais été reconnu de son vivant ni par le Roi Louis XIV, ni par la cour dont Colbert faisait parti, et qui sera immortalisé à titre posthume mais très justement, à travers l’apprentissage de ses fables, par des générations et des générations d’écoliers, de collégiens et de lycéens mais aussi des étudiants d’université. La fable fait aussi souvent partie des sujets de concours que nos élèves sont susceptibles de passer. La Fable est un genre transversal car elle touche en même temps au récit, au théâtre et bien entendu à la poésie. On peut étudier le schéma narratif, la versification et les répliques. Les Fables ont grâce à l’Ecole Républicaine, immortalisé Jean de La Fontaine et lui ont marqué des générations et des générations de petits français en France et dans le monde.

La Fontaine est né le 8 juillet 1621 et meurt le 13 avril 1695, rue Plâtrière, rue qui sera habitée bientôt par un certain Jean-Jacques Rousseau qui a donné son nom à la rue Plâtrière. A peine quatre mois plus tôt, le 21 novembre 1694, par l’un des hivers les plus rigoureux qu’aient connu Paris, était né un enfant chétif que les médecins avaient déclaré perdu : Voltaire. La Révolution s’approche !

Tamim Karimbhay

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