Publicité

Vincent Cellier, enseignant au Lycée Français de Séoul en Corée

Publié le 11 février 2010

Partir pour un contrat de 3 ans en lycée français à l’étranger… Beaucoup de professeurs l’ont rêvé, Vincent l’a fait. A 40 ans, il compte bien en profiter pour découvrir plusieurs pays d’Asie : « On apprend énormément en remettant en cause ses habitudes et ses conforts. On prend aussi la pleine mesure de la chance d’habiter dans une île comme la Réunion... »

Vincent Cellier
Au sommet du Seoraksan en Corée.

Racontez-nous votre parcours.

J’ai grandi au village du Brûlé, dans les hauts de St Denis. Depuis 2000, j’étais installé avec mon épouse à Sainte-Marie avant de m’expatrier vers la Corée en 2008.

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

L’occasion est offerte aux enseignants de postuler en Lycée Français à l’étranger dans le réseau AEFE. Ce type de mutation garantit un retour à la fin du contrat, c’est une de mes considérations importantes en plus de l’envie de m’ouvrir sur d’autres horizons.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

J’ai pu déménager avec un container de 12 m3. J’ai donc vendu la grande majorité de mes meubles, bouquins et petites choses en brocantes avant de partir. Je n’avais jamais fait de brocante avant, ça a été une expérience intéressante de se débarrasser ainsi de toutes ces choses ! J’ai gardé avec moi mes bouquins professionnels, mon Mac mini, nos cadeaux de mariage. De la Réunion, nous avons amené des beaux livres pour montrer d’où nous venons, et des épices et de la vanille pour la cuisine.

Racontez-nous vos débuts en Corée.

Une difficulté quand vous arrivez dans un pays avec une langue inconnue, des habitudes et des mentalités différentes, une culture confucéenne forte, c’est de vous adapter rapidement pour communiquer avec les gens que vous croisez, et trouver un logement. Vous n’avez aucune aide de l’AEFE dans cette affaire. Vous arrivez 8 jours avant la rentrée et la caution est d’un an de loyer... Les Coréens sont heureusement très accueillants et d’une honnêteté à faire pâlir de honte beaucoup de nos compatriotes !

Quels sont les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion ?

La Réunion, avec son mélange de cultures et la facilité avec laquelle on peut avoir des amis aux racines variées, nous apprend à accepter les différences sans préjugés. Je pense que c’est une adaptabilité que tout le monde n’a pas dans les communautés d’expatriés. En cela, nous avons un atout dans la manche.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Un œil différent sur la société, la consommation, les voyages. On apprend énormément en remettant en cause ses habitudes et ses conforts. On prend aussi la pleine mesure de la chance d’habiter dans une île comme la Réunion.

Quels sont vos projets ?

Nous voulons voyager un maximum pour découvrir les pays d’Asie ou au delà. Durant ces trois années de contrat, c’est l’occasion de compenser ce manque que nous ressentions à La Réunion où les billets d’avion sont trop chers.

Vincent Cellier

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Incontestablement, c’est la montagne réunionnaise et le climat qui me manquent le plus. J’ai aussi eu du mal à me séparer de mes amis et ma famille, mais les possibilités d’Internet et surtout Skype ont atténué le sentiment d’éloignement. On reste malgré tout en contact avec l’actualité et les événements qui touchent nos proches. De nos jours, l’expérience est bien plus facile de ce point de vue.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

La Réunion n’exploite pas tout son potentiel économique. L’exemple coréen après la crise de 1997, avec la volonté farouche qu’ils ont eu de s’en sortir (aujourd’hui 11ème pays le plus riche du monde !), nous fait voir à quel point on peut augmenter les ambitions pour la Réunion. Il fait très bon vivre à la Réunion répète-t-on souvent, mais à condition d’avoir un travail et des moyens ; ce qui écarte d’office la moitié de la population... D’un autre côté, trop de gens attendent beaucoup que tout leur tombe tout cuit dans l’assiette et ne savent pas se sacrifier pour investir dans leur propre avenir. Le chômage et le manque de motivation de certains, le manque de partage des expériences et des richesses rendent la vie difficile pour trop de monde. Les politiques ont un rôle très important à jouer avec les acteurs économiques et syndicaux.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Les Réunionnais en Corée ne sont pas très nombreux et ne se rencontrent pas particulièrement plus que les autres. Nous en connaissons quelques uns et sommes toujours contents d’échanger nos impressions, mais nous nous tournons davantage vers la découverte du pays d’accueil que vers la nostalgie de l’île.

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

La Corée est vraiment un pays à part. Bien ancrée en Asie, elle diffère réellement du Japon ou de la Chine, ses voisins les plus proches, malgré de nombreux points communs. L’écriture et la langue sont uniques. Le pays est riche et très développé, mais les écarts de richesse sont énormes.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Tentez l’expatriation. On se connait mieux, vu de l’extérieur. Le monde est vaste et vaut la peine d’être découvert.

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

Le site est très bien, riche en contenu et bien conçu ! Continuez.

Publicité