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La tradition du conte à La Réunion : danger et renouveau

Publié le 10 mars 2010

La tradition du conte en créole a failli disparaître à la Réunion. C’est l’un des constats de cette passionnante rencontre avec Daniel Honoré : il fait allusion à la fameuse année 1964, synonyme de l’apparition de la télévision dans les foyers réunionnais. Un tournant historique où la fascination des séries télévisées a menacé d’engloutir cet héritage oral transmis de génération en génération...

Daniel Honoré conteur réunionnais

Dans la collection "Les Dossiers de l’ARCC", L’Association Réunionnaise Culture et Communication présente "La tradition du conte à La Réunion" : CD audio 49 minutes - Daniel Honoré, Rencontre animée par André Robèr, Interventions en créole réunionnais.

Engeristrement réalisé à l’occasion de la rencontre "Couleur Saphir" N° 128 le 12 juin 2009 à Paris.

présentation - suite...

... A travers les questions et réflexions lancées par l’éditeur André Rober, le conteur-écrivain Daniel Honoré offre un intéressant éclairage historique. Car avec l’entrée en force du petit écran dans les villes et les villages, rares ont été les résistants face au rouleau compresseur d’images et de sons.

Quelques rares conteurs ont gardé le flambeau allumé, tels que Lo Rwa Kaf à Sainte-Suzanne ou Granmoune Baba à Saint-Louis. Les raconteurs zistoirs ont été laissés dans leur coin, ignorés. On avait même honte de leurs zistoirs créoles, proverbes, expressions et autres devinettes qui ont mis du temps à sortir du fénoir.

Et Daniel d’évoquer le début des années 70, la prise de conscience de pionniers comme Boris Gamaleya – avec ses textes publiés dans le quotidien Témoignages -, d’Axel Gauvin ou du groupe Ziskakan. Cette démarche militante s’est aussi enracinée dans les initiatives de « deux ou trois zoreilles arrivés avec un esprit ouvert et critique », tel que Robert Chaudenson.

Alors comment ne pas parler du Réunionnais Christian Barat « un des piliers de notre culture », alors professeur à l’Institut de Linguistique et d’Anthropologie. A travers force enquêtes sur le terrain, la tradition orale a été fixée sur bandes magnétiques, le conte a été sauvé. En témoigne « Kriké Kraké », qualifié par Daniel Honoré de « monument dans les histoires de la Réunion, le document de référence » sans oublier les deux Atlas sur le lexique de La Réunion.

La publication de ces ouvrages – comme le fut aussi « Zistoir Kristian » - a suscité une formidable réaction pour laquelle Daniel emploie un mot français durant son intervention en créole. Il parle de « regain » dans la population face à cet héritage.
Ecouter les « granmounes », retranscrire leurs propos : c’est bien. Mais redonner vie avec de nouveaux conteurs, c’est encore mieux. Une démarche tout à fait logique, c’est là qu’interviennent des Réunionnais tels que Annie Grondin ou Sully Andoche. Daniel Honoré parle d’eux avec respect et enthousiasme. Les stages de formation proposés par ce trio en créole redonnent sans aucun doute une seconde jeunesse au conte.

La vie est comme une course de relais, si on ne transmet pas le témoin, la course s’arrête. Avec une telle comparaison, Daniel n’y va pas par quatre chemins. S’il insiste autant sur le besoin de transmettre en créole un tel héritage, c’est que le conte demeure - aujourd’hui plus que jamais - une facette essentielle de la culture réunionnaise.

Mais pas question de copier les contes d’ailleurs en les adaptant simplement au contexte réunionnais Et n’oublions pas qu’il est des repères du conte réunionnais – telle que Grand Mère Kal- qui ont besoin d’être respectés. De ne pas être défigurés de références qui ne leur conviennent pas. Avec bon sens – et humour aussi – Daniel Honoré montre combien la langue créole éclate avec une nouvelle génération de « raconteurs et écriveurs » qui ont réveillé tant d’expressions créoles trop longtemps « laissées sous une bonne couche de poussière ».

Albert Weber

En savoir plus et commander les coffrets : écrire à [email protected]

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Daniel HONORE né le 16 octobre 1939 à Saint-Benoit (Île de La Réunion ) d’une mère Cafrine (origine africaine et malgache) et d’un père Chinois . Etudes de lettres puis enseignant ( Français et Anglais ). Nombreuses experiences dans les milieux sportif et associatif : Union Sportive Bénédictine ( USB ) , Mouvement Culturel Bénédictin ( MCB ), Radio locale privée POC-POC, Université Populaire, Association Bénédictine Culturelle Chinoise ( ABCC ). Ancien Délégué départemental des CEMEA ( Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Education Active ). Ancien membre du Parti Communiste Réunionnais ( PCR ). A l’origine de l’émission littéraire télévisée KAROLIV.Ecrit surtout en Créole réunionnais .

Quelques titres

* Romans , récits :

Louis Rédona , éd. Les chemins de la liberté , Saint-Denis 1980
Chemin Bracanot’ , éd. UDIR/ASPRED , Saint-Denis 1984
Marcéline Doub-kèr , éd. UDIR Saint-Denis 1988
Vativien éd. K’A France 2006
Shemin brakanot , éd. K’A France 2008

* Nouvelles :

Le Comore , éd. ASPRED Saint-Denis 1982
Lo Maloyèr blan éd. UDIR Saint-Denis 1991

* Collection héritage immatériel :

Gramoun la di ( proverbes ) éd. UDIR Saint-Denis 1990
Proverbes réunionnais ( proverbes ) éd. Page libre Saint-Denis 1992
Devinettes créoles éd. UDIR Saint-Denis 2003
Devinettes créoles ( version française ) éd. UDIR Saint-Denis 2004
Kroyans ( croyances populaires ) éd. UDIR Saint-Denis 1995

* Contes et légendes :

Légendes créoles ( Tome 1 ) éd. UDIR Saint-Denis 1997
Légendes créoles ( Tome 2 ) éd. UDIR Saint-Denis 1997
Légendes chinoises, éd.UDIR Saint-Denis 2000
Contes créoles ( Tome 1 ) éd. UDIR Saint-Denis 2004
Contes créoles ( Tome 2 ) éd. UDIR Saint-Denis 2005
Faisons nos...contes ( essai ) éd. K’A France 2009

* Autres :

Dictionnaire d’expressions créoles, éd. UDIR Saint-Denis 2002
Mi koz kréol ( en collaboration ) éd. ORPHIE Saint-Denis 2004

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