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Le rêve américain d’Emmanuelle

Publié le 8 octobre 2005

Emmanuelle vit aux Etats-Unis depuis maintenant sept ans. Originaire de Saint-Anne, cette fille de fonctionnaires a tracé sa route avec détermination pour se construire la vie de ses rêves. Associée dans un cabinet d’architecture californien, elle est aujourd’hui maman d’une petite Milla dont les origines sont tout un poème : un père américain d’origine nigériane et une mère réunionnaise.

Emmanuelle Ichaye

Interview de Emmanuelle Ichaye, 29 ans, architecte d’intérieur en Californie

Comment s’est décidé votre départ ?

"Au début, il y avait l’envie de voyager, d’apprendre une nouvelle langue et de découvrir une autre culture. Après un bac A3 au lycée Leconte de Lisle et un BTS à Besançon, j’ai décidé de prendre une année sabbatique pour voyager. Mais il fallait couvrir mes frais. J’ai trouvé un poste de jeune fille au pair aux Etats-Unis en 1997, et depuis je n’ai plus quitté ce pays, d’abord en Floride puis en Californie".

Comment vous sentez-vous aux Etats-Unis ?

"J’assume ma “réunionnité”, dans un pays où les rapports ethniques sont très codifiés. Le fait d’être d’une ethnicité mixte a favorisé mon embauche professionnelle, car mon entreprise exploite un marché minoritaire. En dehors de cela, ma famille me manque beaucoup, et j’essaye de prendre contact avec des Réunionnais aux Etats-Unis par internet, mais ce n’est pas facile".

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

“Un enrichissement personnel, des opportunités de carrière, un bon salaire et l’accès à une technologie avancée. Il y a quelques mois, on m’a proposé de devenir associée "junior" dans le cabinet. J’ai accepté. J’ai aussi eu une petite fille, Milla qui a maintenant 21 mois. Nous envisageons de rentrer en France pour être plus près de ma famille et puis je veux que ma fille ait une éducation a la française. Mais ce n’est qu’un projet pour l’instant".

Allez vous apprendre le créole à votre fille ?

"C’est un vaste sujet que d’élever un enfant dans une maison bilingue, ou trilingue dans mon cas. En effet, mon mari est d’origine nigériane et il parle l’igbo, un des nombreux dialectes du Nigeria. Lui et moi communiquons en anglais et je parle à ma fille en français. Mon mari lui parle aussi bien en igbo qu’en anglais. Ajouté à cela que le créole est ma vraie langue maternelle. Je me surprends à faire des efforts pour me rappeler les mots les plus élémentaires en français, parce que je parle anglais à la maison et sur mon lieu de travail, tandis que le créole me vient tout naturellement.
Bien que je parle créole avec ma famille, j’essaie de ne pas le mélanger avec le français quand je parle à ma fille pour qu’elle ait une bonne maîtrise de la langue française. Je pense donc qu’elle ne le parlera pas, mais je souhaite et j’espère qu’elle le comprendra juste en m’écoutant converser avec ma famille".

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