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Laura Maillot-Techer, chargée de coopération économique à Maurice

Publié le 22 septembre 2017

Basée à la Cybercity (Ebène), siège de la CCI France-Maurice, elle travaille au développement des projets et liens économiques entre la Réunion et l’île sœur en tant que Volontaire de solidarité internationale. Un des postes à pourvoir régulièrement dans l’océan Indien et ouverts à des Réunionnais.


Pouvez-vous vous présenter ?

Laura Maillot-Techer, j’ai 27 ans. Je suis diplômée d’un Master II en Marketing Management et Innovation de l’Ecole de Commerce de Tours et Poitiers (ESCEM). Mes parents viennent de Salazie, j’ai goûté aux joies (et peines) du voyage dès le plus jeune âge grâce à mon père militaire. Je ne suis jamais restée bien longtemps au même endroit et j’ai quitté pour la dernière fois La Réunion à l’âge de 17 ans pour la Bretagne. Bien qu’ayant déjà vécu là-bas, ce fût une année particulièrement difficile… C’était l’année du bac, j’avais atterri dans une petite ville du sud du Finistère, et l’hiver était rude. Une fois le bac en poche, je m’étais mis en tête de revenir sur l’île coûte que coûte. Cela m’a pris près de 10 ans...

Quel a été votre parcours ?

En attendant de rentrer, j’ai cherché à étancher ma soif d’ailleurs et de découverte. C’est ainsi que j’ai effectué un échange Erasmus avec l’Université d’ Alcalá de Henares (Espagne) et fais mon stage de césure pendant neuf mois au sein du Groupe Dang en Nouvelle-Calédonie. Enfin, j’ai eu l’opportunité d’effectuer une mission de volontariat à Maurice avec France Volontaires, en partenariat avec le Club Export Réunion, qui me permet à la fois d’allier expérience internationale et proximité avec La Réunion.

En quoi consiste votre mission ?

Ma mission, comme de nombreuses autres missions de coopération (culturelles, environnementales, etc.) est cofinancée par la Région Réunion et l’Union Européenne. Basée à la Cybercity (Ebène), l’un des cœurs économiques de l’île Maurice, où la Chambre de Commerce et d’Industrie franco-mauricienne est installée, j’assure l’accompagnement d’entreprises réunionnaises souhaitant travailler en partenariat avec des entreprises locales ou s’y établir. J’organise également l’événement annuel des « Rencontres du Développement Durable » qui réunit plus d’une centaine d’entrepreneurs des deux îles et favorise leur coopération.


Quelle est l’image de la Réunion à Maurice ?

Je pense qu’on nous surnomme les îles sœurs pour une bonne raison : comme toute fratrie qui se respecte, on s’admire autant qu’on se critique. La Réunion est perçue comme un territoire très « nature » qui a su préserver la beauté de ses reliefs, de sa faune et de sa flore qui sont sa première richesse. Le volcan les émerveille particulièrement, la musique nous lie, et certains prennent plaisir à retrouver des savoir-faire artisanaux oubliés. D’un point de vue « business », il semblerait que les efforts de cette dernière décennie pour porter la coopération porte enfin ses fruits. Après le temps de la méfiance, nous sommes entrés dans un climat de résilience.

Quelle est votre opinion sur la société mauricienne ?

L’environnement professionnel est très dynamique. Bien que Maurice soit comme nous, une petite île de l’Océan Indien, elle sait se rendre attractive aux yeux du monde. Il s’agit d’une île ambitieuse, nous avons autant à apprendre d’elle, qu’elle de nous. Quant au quotidien, j’apprécie ma vie au contact des habitants de l’île. Nous partageons beaucoup de choses et je n’ai pas ressenti de « choc culturel ». J’ai plutôt la sensation de découvrir la facette mauricienne de la « créolité » qui est toute autre, et toute aussi intéressante que la réunionnaise.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Maurice étant à 30 minutes de La Réunion, il est fréquent de croiser des Réunionnais dans les rues. Dans le cadre de ma mission de coopération économique, je suis en contact quotidien avec les entrepreneurs réunionnais de passage ou établis à Maurice, ainsi que les porte-paroles de la coopération bilatérale tels que Mickaël Apaya (Business Mauritius) et Herland Cerveaux (Union des Chambres de Commerce et d’Industrie de l’Océan Indien) tous deux anciens VSI, Catherine Gris (AMM), Grégory Martin (Antenne de la Région Réunion), et Jean-Marc Cassam-Chenai (Institut Français et SCAC). Nous œuvrons tous pour la mutualisation des forces complémentaires des îles ; une stratégie commune et innovante est nécessaire pour dynamiser nos économies insulaires.

Quels sont vos projets post-volontariat ?

Poursuivre l’exploration du monde, des îles et notamment la zone Océan Indien qui est plus intéressante qu’il n’y paraît. Ma mission de VSI à Maurice me laisse entrevoir des chemins que je n’avais pas envisagés, je continuerai très certainement à contribuer à la coopération économique et pourquoi pas artistique. Je reste ouverte à toutes les opportunités !


Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

En venant de La Réunion, on a l’avantage de grandir au milieu d’une population métissée, hétérogène. Je pense donc pouvoir dire qu’on a naturellement une certaine curiosité et une tolérance envers des cultures différentes à la nôtre, facilitant notre capacité à nous adapter et à nous intégrer à l’étranger. L’expatriation est une expérience riche et intense à tout point de vue, professionnel comme personnel.

Pour moi, c’est avant tout une manière de vivre et un moyen d’évoluer au contact de personnalités, de cultures, de savoir-faire différents. La vraie richesse est dans la rencontre et non pas le matériel ; notre regard sur soi et le monde change au fil des périples. L’environnement est instable car les expatriés réunionnais ou autres ne sont eux aussi que de passage. Mais des liens durables se tissent, effaçant les frontières du monde : un jour où l’autre on sera amené à se rencontrer dans nos pays respectifs, ou ailleurs. Mes expériences ultramarines et à l’étranger me permettent également de satisfaire mes passions que sont la photographie et la gastronomie !

En résumé, je citerai Marcel Proust : « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux ».


Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Mon amour pour la nourriture et les produits de qualité l’emporte : les seuls objets que j’apporte sont alimentaires ! De la vanille Bourbon qu’une amie de la famille produit et du curcuma bio de Saint-Philippe, un pot de piment la pâte, du miel de baies roses de Piton Saint-Leu, une bouteille de rhum arrangé et dès qu’une occasion se présente, des bouchons et des saucisses "péi". J’ai ramené lors de ma dernière mission, une confiserie oubliée qui a été remise au goût du jour et que je suis curieuse de goûter : le galabé. La chose la plus légère que j’emporte : une bonne playlist « 974 » !


Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Le cari chouchou au feu de bois de ma grand-mère et un vrai macatia (malheureusement la recette semble s’être perdue, il n’a plus le goût de mon enfance). Et enfin l’île en elle-même : le fait d’y poser les pieds, avoir de la musique dans les oreilles, contempler les paysages et le sourire de ses habitants permet de se ressourcer en un éclair.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

A travers mes dialogues avec nos entrepreneurs réunionnais, je me rends compte que la petitesse du marché se fait grandement sentir et qu’il est vital pour notre économie de s’ouvrir à l’international sans se contenter d’aller en Europe, en Inde ou en Australie. La Réunion a un avantage géopolitique et pas des moindres : c’est un territoire français et européen situé à l’entrée de l’Afrique australe. Nous avons des compétences, un savoir-faire reconnu à bien des égards dans la zone, il ne tient qu’à nous de les valoriser et les exporter en toute intelligence.


Voir : LES OFFRES DE MISSION FRANCE VOLONTAIRE DANS L’OCEAN INDIEN

Basé sur l’île, France Volontaires propose toute l’année des missions indemnisées de 12 à 24 mois en Afrique Australe et dans l’Océan Indien. Plus de 40 Volontaires de Solidarité Internationale originaires de La Réunion sont en permanence en mission dans des pays de la zone, en appui à des structures locales œuvrant pour la coopération régionale. Sur quels postes, dans quels pays et comment postuler ? Cliquez ici pour en savoir plus : De la Réunion, France Volontaires recrute toute l’année pour l’océan Indien

D’autres infos et portraits de Volontaires réunionnais dans l’océan Indien / La page Facebook

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