Publicité

Alain Xiberras, directeur de Moorea Natation Secourisme

Publié le 2 octobre 2017

Ce professionnel de la mer, ex scaphandrier et MNS qui est né et a grandi à Saint-Paul, a monté son club de sport en Polynésie. Il déplore la gestion de la « crise requin » à la Réunion, à la lumière de ce qui se passe à Moorea : « Je suis pour un retour de l’accès à la mer pour tous sans passer pour des criminels »...


Pouvez-vous vous présenter ?

J’ai 30 ans et je suis né à Saint-Paul, j’ai vécu à Plateau-Caillou. J’ai été scaphandrier professionnel dès l’âge de 18 ans et ce durant cinq années. Puis j’ai passé mon diplôme de maître-nageur il y a cinq ans. Je suis actuellement responsable d’un club de sport et centre de formation professionnelle. Je propose des cours de natation en lagon et des formations de secourisme et sauvetage aquatique. Je suis également enseignant en secourisme pour la Croix Blanche de Polynésie française ainsi que pour la Fédération Tahitienne de natation. Enfin, je travaille avec cinq écoles et collèges sur l’île de Moorea en tant qu’enseignant de natation (prestataire externe).

Racontez-nous votre parcours.

J’ai quitté la Réunion à l’âge de 18 ans pour passer mon diplôme de scaphandrier professionnel à Marseille. Puis j’ai beaucoup voyagé grâce à cet emploi. Mon parcours professionnel m’a amené sur les terres et mers africaines et australiennes, dans les plateformes pétrolières, les ports… J’ai travaillé au Maroc, en Afrique du sud, Angola, Mayotte, Sydney, Brisbane, Papouasie Nouvelle Guinée, au Japon… Puis direction la métropole où j’ai passé mon diplôme de Maître Nageur à Montpellier. J’ai alors décidé d’ouvrir un club de sport en Polynésie. Je n’ai pu le faire qu’avec l’aide de ma mère, Geneviève Payet, qui m’a soutenu de bout en bout dans mon projet. Dans mes valises : mes affaires de surf et un album photos de mon enfance. Ces objets me suivent partout !


Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Elle m’a permis de rencontrer des personnalités merveilleuses, de devenir bilingue, de m’ouvrir socialement et professionnellement, et surtout d’être heureux chaque jour grâce à une vie loin de la monotonie et hors des sentiers battus. Mon regard sur l’île où j’habite, Moorea, est ultra positif : des gens souriants et aidants, des paysages de rêve, un travail de rêve, des moments épiques en surf, en plongée, sortie paddle...

Quels sont vos projets ?

Continuer de développer mon club pour être capable financièrement d’aller voir ma famille régulièrement à la Réunion... de l’autre côté du globe ! Je garde contact avec ma famille bien évidement et avec mes potes de surf qui sont encore là-bas et encore en vie. Les sessions, notamment celles partagées avec mon cousin, Bruno Petit, me manquent beaucoup.


Quelle est l’image de la Réunion en Polynésie ?

C’est toujours la même chose quand je dis que je viens de la Réunion : "Tu viens de Shark Island ?". Du coup je m’efforce de montrer aux gens un autre visage de l’île : les montagnes, la culture cosmopolite, la cuisine… Pour moi l’avantage de venir de la Réunion c’est l’altruisme, le respect envers les autres cultures, religions et modes de vies.

Quel est votre avis sur la « crise requin » dans laquelle est plongée la Réunion ?

Mon avis est tranché : le problème concerne tous les Réunionnais sans exception. C’est une partie de notre patrimoine qui est atteinte et change la vie des Réunionnais, une partie de notre jardin qui nous est fermée… On nous fait passer pour des criminels si nous osons mettre un pied dans l’eau ! Je suis de très près l’actualité concernant l’accès à la mer qui est la principale cause de mon "non-retour" sur l’île. Je soutiens activement la lutte menée par Jean-François Nativel à la tête d’OPR pour un retour à l’accès à la mer. Les actions menés pas Océan Prévention Réunion sont vitales pour faire entendre la voix du peuple qui est bridée par les politiques. Nous avons perdu trop de proches, il faut aller de l’avant et arrêter les querelles inutiles.


Que faudrait-il faire selon vous ?

Ce que j’attends, c’est une prise de conscience du gouvernement et des actions concrètes pour un retour de l’accès à la mer pour tous sans passer pour des criminels. L’heure n’est plus aux accusations ; l’état doit réagir et prendre ses responsabilités. La réserve marine est une erreur qui a été cachée aux yeux de tous durant des années. Sa présence sur la côte touristique est une aberration. Les conséquences sont graves : nous avons permis la prolifération d’un "Loup" des mers dont nous sommes les moutons. Pour moi il faut arrêter de jeter de l’argent dans des filets onéreux et peu efficaces sur long terme, ou autres expériences scientifiques (ultrason…). Il faut autoriser la vente du requin sur les étalages et ainsi favoriser la pêche au requin.

Comment cela se passe-t-il à Moorea ?

Ici en Polynésie la vie se passe dans la mer. Tout est laissé au naturel dans le plus grand respect et en harmonie. Il n’y pas d’attaque et nous croisons des requins (Tigre, Dormeur, Gris, Pointe Noire) presque tous les jours dans l’eau sans être inquiétés, si nous faisons attention et sommes respectueux. 

+ d’infos : [email protected] www.facebook.com/Moorea-Natation-Secourisme-Pro-546263308736292


www.reunionnaisdumonde.com/r/16/Outre-Mer-hors-Reunion (380 inscrits)







Publicité