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Karl-Stéphan Boyer, en direct de Barcelone

Publié le 4 octobre 2017

Il est installé en Espagne depuis 12 ans et partage sa vie avec une Barcelonaise rencontrée lors d’un échange Erasmus. Ce Dyonisien de 34 ans, cadre dans une multinationale et maître d’arts martiaux, pèse le pour et le contre d’une indépendance et d’un avenir catalan très incertain.


Le 3 octobre 2017 : Pouvez-vous nous décrire l’ambiance autour de vous, alors que le résultat du référendum vient de tomber ?

L’ambiance est quelque peu tendue, marquée principalement par un avenir incertain. Le mouvement indépendantiste et le référendum ne sont pas nouveaux, mais le sujet a pris une ampleur jamais vécue.

Comment personnellement avez-vous vécu les dernières heures avant le résultat ?

Tranquillement. La société espagnole n’est pas violente et de mon point de vue, les Catalans sont particulièrement civiques. La démarche citoyenne a été et reste pacifique ; les débordements sont principalement causés par la force policière. Les « points chauds » sont très localisés.

Selon vous le référendum va-t-il laisser des traces ?

Oui, chaque réaction négative du gouvernement central augmente le nombre d’indépendantistes et l’unité de ce mouvement – en rupture d’une unité nationale espagnole.


Qu’est ce qui motive le désir d’indépendance de certains Catalans ?

Je ne peux me prononcer sur la majorité. En ce qui concerne mon entourage, les motivations pour l’indépendance sont variées : culturelles, économiques, politiques… comme si chacun avait son propre idéal d’indépendance. Mais ce qui revient de plus en plus, c’est le désir de séparation d’une Espagne qui critique les Catalans et qui reste hermétique à la discussion. Les médias jouent un rôle important dans l’alimentation de ce rejet de l’autre, tant du côté espagnol que catalan. Une motivation émotionnelle prend ainsi de plus en plus de poids.

Quelles raisons vous font basculer du côté du Oui ? Ou du non ?

Pour le oui : prendre le risque de changer les choses face à une situation stagnante en Espagne. Pour le non : choisir le séparatisme dans un monde où la collaboration et l’unité semblent clés pour l’avenir. De plus, l’indépendance (économique, monétaire, fiscale, sanitaire, éducative, etc.) serait un réel défi, sans compter que le nouveau contexte serait moins attractif pour les sociétés et la main d’œuvre internationale – qui ont joué et jouent un rôle important dans l’histoire de la Catalogne.

Quels seraient les conséquences pour vous d’une indépendance de la Catalogne ?

Une perte d’attractivité de la ville à court-moyen terme, une délocalisation des entreprises et de la main d’œuvre internationale. Les autres conséquences sont très incertaines.


Le territoire catalan dispose-t-il déjà d’une forme d’autonomie ?

Oui, de même que les autres Communautés Autonomes qui composent l’Espagne. Le Gouvernement Central délocalise une partie de la gestion politique, financière, éducative, sanitaire et de la sécurité.

Quel est le parcours qui vous a amené à poser vos valises en Espagne ?

J’ai fait des allers-retours entre l’Espagne et la France au cours de mes études à Sup de Co Montpellier… et je m’y suis finalement installé. La faute à Erasmus qui m’a fait connaître ma copine espagnole ! Je vis dans ce pays depuis 12 ans (dont 10 à Barcelone). Je suis aujourd’hui responsable de l’équipe de Recouvrement France au Centre de services partagé du cabinet de recrutement Page Group à Barcelone ; "coordinador de equipo en el área financiero de una multinacional" !

Difficile de comparer deux territoires si lointains, mais qu’est ce qui en tant que Réunionnais vous paraît proche et au contraire éloigné en Espagne ?

Pas si difficile que cela si on considère Barcelone : une ville entre mer et montagne, avec la nature très accessible, une multiculturalité qui n’a rien à envier à la Réunion, et un catalan qui pourrait être considéré comme un kréol espagnol. Et puis, cette volonté de faire reconnaître le catalan comme une langue officielle et cette volonté d’indépendance me rappellent bien des souvenirs de jeunesse…



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