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Luc Boyer : le Réunionnais qui dessine les fusées

Publié le 15 novembre 2017

Suite du voyage en Guyane, au centre spatial de Kourou où travaillent des Réunionnais. Parmi eux, Luc, 44 ans, a déjà passé 26 années de sa vie en Guyane.

Un article de Cédric Boulland, envoyé spécial pour Le Quotidien


Erika Vélio, ingénieure au Centre spatial guyanais, a quitté les lieux mais quelques Réunionnais travaillent toujours à Kourou. Luc Boyer, 44 ans, a déjà passé 26 années de sa vie en Guyane. « Je suis arrivé en 1989, se souvient celui qui est originaire de Saint-Denis et du Tampon. J’ai suivi mon père lorsqu’il est venu travailler sur le projet Ariane 4. Il s’occupait des moyens logistiques. »

Luc Boyer finit alors ses études à Cayenne. Son bac électronique et une licence d’ingénieur en poche, c’est tout naturellement qu’il rejoint le centre spatial comme volontaire à l’aide technique (VAT) avant d’être embauché en 1994 dans la branche électrique puis comme planificateur. « Ariane est la plus grosse entreprise de Guyane », argumente-t-il. 1700 personnes travaillent en effet à Kourou. Dont les trois quarts ont été embauchés sur place.

Suite aux « incidents » rencontrés par le programme Ariane 5 après l’explosion du vol inaugural en 1996, Luc Boyer fait partie des « départs négociés » et revient à La Réunion en 2003. « J’ai travaillé dans le café et j’ai participé à lancer une agence de publicité à Saint-Pierre. » Dans les deux cas, l’histoire s’est mal terminée. « J’ai tourné à La Réunion pour y trouver du boulot mais c’était plein partout ».

En 2005, Luc Boyer décide de revenir à Kourou. Il est embauché au service optique de la base, gérée par la société Videlio (sous-traitant du Centre national d’études spatiales). D’infographiste au départ, il est devenu adjoint au chef de service : « Nous gérons les photos et les vidéos en 3D de la base, explique-t-il. Notre client principal, c’est le service communication. Je dessine et fais des photos des opérations d’inspection. Entre 6 000 et 8000 pour une fusée Ariane. Nous réalisons les illustrations et le maquettage ».

Une reproduction d’Ariane 5, génération de fusée appelée à disparaître car trop coûteuse

Comme beaucoup d’autres Réunionnais sur place, Luc Boyer n’a visiblement pas le mal du pays. « Ce qui me plaît ici, c’est le climat, la qualité de vie et l’ouverture que nous avons sur le Brésil et le Suriname qui nous permet de voyager. » Même après la crise sociale traversée par la Guyane, il n’a pas songé à revenir au bercail. « J’ai vécu tristement ce qui s’est passé en mars, relate-t-il. C’est un mouvement qui est hyper légitime. La Guyane manque de beaucoup de choses en termes d’infrastructures. Le problème, c’est que le mouvement a dérapé. »

Sept mois plus tard, et malgré les engagements pris par l’État français, rien n’a bougé selon Luc Boyer. « La Guyane que j’ai connue en 1989, on y était bien. Quand je compare à ce qui s’est passé à La Réunion, je me dis que c’est dommage. Lorsque je suis revenu en 2005 après trois ans passés à La Réunion, j’ai eu l’impression d’être parti chercher du pain. La Guyane n’avait pas changé. »

C’est toujours son sentiment. Comme les autres membres de la diaspora réunionnaise, Luc Boyer célébrera la Fête Kaf le 20 décembre autour d’un bon cari. On peut travailler dans la haute technologie à l’autre bout du monde sans oublier ses racines.

Cédric Boulland


Plus d’infos sur les Réunionnais de Guyane (5 pages) / Le Journal www.reunionnaisdumonde.com/r/16/Outre-Mer-hors-Reunion (381 inscrits)

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