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Mahité Perrault, 27 ans, ingénieur agronome à l’INRA de Guadeloupe

Publié le 6 juin 2007

Diplômée d’un Master de recherche en environnement et agriculture, Mahité est actuellement VCAT à l’INRA de Guadeloupe. Elle travaille sur l’amélioration de la production des ignames Dioscorea alata (plantes tropicales) et vit dans la ville de Petit-Bourg.

Mahité Perrault
Mahité lors d’un léwoz (équivalent du kabar) où se sont mêlés ce jour là gwo-ka de Guadeloupe et maloya de la Réunion : "Peu importe de partir : la Réunion est en moi !"

D’où êtes vous à la Réunion ?

"Je suis née à Dreux (28). Mes origines réunionnaises me viennent de mon papa qui est né à Madagascar d’une cafrine de St Louis et d’un Yab de Sainte-Suzanne ! Oui c’est une histoire compliquée... c’est la Réunion quoi ! Je suis venue sur la Terre de mes ancêtres en 2001 pour faire une licence de biologie au Campus du Moufia".

Qu’est ce que cela vous a fait de retrouver la Réunion ?

"J’ai retrouvé les senteurs du carry de ma grand-mère, les airs de séga, le goût du rougail... Bref mon retour aux sources m’a permis de combler ce manque dans mon histoire. Savoir d’où l’on vient est vraiment important ! Je suis restée trois ans et demi, temps pendant lequel j’ai retrouvé ma famille éloignée de Saint-Louis, temps pendant lequel je me suis initiée au maloya, au créole, au moringue. Ce fut une période très intense, pleine de rencontres, de moments inoubliables comme faire six heures de marche pour aller danser au son du roulèr dans un Kabar à Mafate !"

Pourquoi êtes-vous repartie ?

"J’ai dû quitter l’île car je devais continuer mes études. Les troisièmes cycles que proposait la faculté des sciences de l’UR ne me convenaient pas... Mais peu importe de partir : la Réunion est maintenant en moi !"

Quel a été votre parcours ?

"Je suis arrivée à Paris pour faire mon DEA. Malgré un problème de logement (j’avais fait les demandes de chambre à la cité internationale trop tard), j’ai finalement pu trouver. Pendant cette année j’ai retrouvé mes amis de cité universitaire du Moufia. Qu’ils soient réunionnais, malgaches, comoriens, on se retrouvait de temps en temps, histoire de se sentir un peu plus proche de la Réunion. Une petite anecdote : danser le maloya au Barachois (une discothèque réunio-afro-antillaise à Paris) le jour de l’an alors qu’il fait 2° dehors !"

Mahité Perrault
Retrouvailles entre Réunionnais à la Cité internationale de Paris

Quels sont vos projets ?

"Après la Guadeloupe, je pense partir un ou deux ans dans un pays anglophone, pour améliorer mon anglais. Dans ma famille, je ne sais pas si cela vient du fait que l’on soit Réunionnais et donc citoyens du monde, mais nous nous exilons tous de part le monde. J’ai une cousine qui est partie vivre à Hawaï (peut-être attirée par nos racines australo-mélanésiennes ?)"

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Je crois qu’il est important de voyager, de découvrir d’autres cultures, d’autres façons de voir la vie. D’ailleurs, en tant que Réunionnais nous devrions être les premiers à penser ça car nous sommes le résultat d’un métissage unique au monde ! Cela devrait être montré comme exemple de tolérance et de compréhension... malheureusement mais certains oublient parfois d’où ils viennent".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Il est vrai qu’on pourrait en dire long sur les problèmes de l’île : le racisme envers les autres nationalités, le chômage, la précarité... Mais je suis de nature positive et je trouve que la Réunion est un exemple de développement pour un si petit pays, aussi éloignée de tout grand centre économique. Elle a un secteur agricole assez organisé et une transformation de produits locaux que beaucoup d’autres DOM envient. Les entreprises aussi sont actives et innovantes".

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"C’est loin, mais plutôt favorable. Enfin disons qu’on en a beaucoup parlé pendant le chikungunya... Mais les Antillais connaissent apparemment très bien la beauté des femmes réunionnaises ! Nous sommes à 19000km et pourtant de part l’histoire, la musique et la danse on est proches !"

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Bouger, voyager, découvrir d’autres cultures, sans oublier d’où on vient. Ne pas avoir peur de se lancer et surtout être fier de ce que l’on est !"
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