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James Loïc Georges, chargé des affaires internationales à Milan

Publié le 11 décembre 2017

Ce Portois diplômé de Sciences Po Aix a été recruté comme assistant personnel du président de Gruppo San Donato, le leader italien de la santé privée. Basé à Milan avec sa compagne, réunionnaise elle-aussi, il parcourt le monde pour développer les affaires du groupe à l’international.


Pouvez-vous vous présenter ?

James Loïc Georges, né au Port il y a 28 ans d’un père mauricien, artisan restaurateur, et d’une mère au foyer réunionnaise. Je suis issu d’une famille protestante adventiste. J’ai deux sœurs jumelles de huit ans mes aînées et je suis le benjamin de la famille. Durant mon enfance, j’ai vécu dans le Pacifique, en Nouvelle-Calédonie et mes parents sont rentrés en 1997 à La Réunion par nostalgie de l’île. J’ai réalisé la majeure partie de mon éducation au Port : école primaire Gervais Barret, collège Albius, lycée Jean Hinglo (Baccalauréat Littéraire, mention Bien, spécialité Philosophie).

Quel a été votre parcours ?

Après le lycée, j’ai intégré la classe préparatoire littéraire du lycée Leconte de Lisle en spécialité Philosophie Hypokhâgne-Khâgne. Ce parcours d’excellence m’a ouvert les portes de l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) - Sciences-Po Aix. Suite à ma Khâgne, j’avais en effet le choix entre faire une troisième année de Prépa, ou intégrer par équivalence la seconde année de Sciences-Po. Ma volonté de mobilité et mon intérêt pour les Sciences Politiques à l’époque m’indiquaient le choix à faire. Grâce au soutien de mes deux mentors, les professeurs Valérie GUTH et Frédéric DELUERMOZ, j’ai pu intégrer Sciences-Po Aix.

Parlez-nous de vos études.

Mes parents m’ont accompagné pour mon aménagement à Aix-en-Provence. L’adaptation comme pour mes camarades en général a été difficile, surtout les deux premières années, mais la curiosité pour découvrir le monde a toujours été plus forte que mon envie de rentrer au pays. Anecdote : parmi les étudiants de Sciences-Po, je comptais trois collègues Réunionnais. Un soir d’été, nous avons organisé une grande fête chez l’un d’eux pour l’ensemble des étudiants, dans une magnifique demeure de la campagne provençale. Après une soirée bien arrosée et un bon rougail saucisses, nous avons fait résonner le roulèr et kayanm au rythme du Maloya jusqu’au petit matin, sans s’arrêter…

Avec Christine Lagarde, directrice du FMI

Et ensuite ?

Diplômé de Sciences-Po, titulaire d’un Master 2 en Management Interculturel à l’université Aix-Marseille, j’ai intégré le cabinet de conseil ACS-ACOPAD à Marseille en tant que consultant junior en management. Pendant deux ans, cette première profession m’a permis de parcourir l’intégralité de la France et de tisser un réseau important avec les différents Ministères au sein desquels j’exerçais : Défense, Ecologie, Economie, Santé. Puis un important client pour qui j’ai exercé et qui faisait déjà partie de mon réseau étudiant s’est intéressé à mon profil et à mon parcours. Il m’a débauché en tant qu’assistant personnel pour la Présidence du leader italien de la santé privée : Gruppo San Donato.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Après une première année à la droite du Président, et titulaire d’un Master Professionnel en Management de la Santé avec l’Université Milanaise de la BOCCONI (principale école de commerce italienne), j’ai pris la direction du Bureau des Affaires Internationales du groupe que j’ai créé avec le Président de la compagnie. Ce groupe familial facture aujourd’hui 1.6 milliards d’euros annuel avec ses 15 structures hospitalières et ses 3 CHU. Ma compagne d’origine, Réunionnaise et Métropolitaine, m’a suivie dans l’aventure et nous vivons depuis deux ans avec notre chat Osiris à Milan.

Milan est le Chef-Lieu de la région de la Lombardie, de loin la région la plus riche d’Italie au Nord de la péninsule. A quelques heures de la France, de la Suisse et de Monaco, la ville est reconnue dans les secteurs de la mode, du design et du luxe et pour sa forte activité industrielle liée à la production de voitures. Le groupe San Donato est connu en Lombardie comme l’un des groupes les plus puissants au niveau national. Son président est, d’ailleurs, un amateur du tourisme dans les Mascareignes. Le groupe pourrait être intéressé à investir dans la région dans le futur, afin d’apporter aux populations locales l’excellence médicale et sanitaire pour tous.

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Ayant eu un père qui m’a transmis sa passion maladive pour les voyages, j’ai eu le plaisir depuis plus de deux ans de parcourir le monde entier. Cette curiosité qui me pousse à découvrir le monde toujours plus est la plus grande des richesses. Il ne s’agit pas simplement de se transporter et de transporter avec soi sa façon de voir le monde mais bien plutôt d’aller à la rencontre de la diversité, de cultiver celle-ci comme une richesse et d’en faire la meilleure des ressources pour s’adapter dans toutes les situations. Aujourd’hui il est très facile de bouger mais paradoxalement, la facilité de voyager, internet, les médias et la technologie rendent les gens moins curieux, plus renfermés et moins tolérants à la diversité.


Quels sont les avantages / inconvénients de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Le fait de venir de La Réunion me donne l’avantage d’avoir cultivé depuis toujours une philosophie de vie riche en diversité et en tolérance. C’est un message qu’il faut absolument préserver et propager dans le cœur et dans l’esprit des générations futures, notamment face aux dangers du communautarisme et des radicalisations identitaires, qu’elles soient religieuses, ethniques ou linguistiques. La liberté des cultures à se développer, à s’enrichir et à se respecter mutuellement sera un terreau bien plus fertile. La valorisation des échanges interculturels et inter-générationnels à tous les niveaux de la société est la meilleure des préventions face aux dommages et aux conséquences de l’ère du consumérisme et de l’individualisme.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

La Réunion est une petit île (certes avec un grand cœur) au milieu de l’Océan Indien loin des continents : c’est en quelque sorte la définition même du paradis. Pour moi, c’est encore aujourd’hui un excellent terreau culturel pour éduquer nos enfants à la diversité, à l’adaptation et à la tolérance. Néanmoins, il est nécessaire de quitter le petit paradis pour porter ce message ailleurs et pour s’enrichir de tout ce que les autres cultures ont de précieux à nous apporter. Cela dit, lorsqu’on quitte le paradis pour rencontrer la réalité des « grandes civilisations millénaires » (dirais-je avec une pointe d’ironie), on comprend mieux ce que Sartre voulait dire par « L’enfer c’est les autres. ». Pourtant, plus on voyage et plus on réalise qu’il existe des milliers de petits paradis qui méritent d’être visités et respectés sur notre belle planète Terre.


Qu’avez-vous apporté de la Réunion dans vos valises ?

Ma compagne est certainement la plus belle des choses que j’ai pu rapporter de La Réunion avec moi ! Par ailleurs, je garde toujours la première besace de voyageur que ma famille spirituelle du Port m’a offerte juste avant de quitter l’île. Je conserve précieusement aussi un jeu de Dominos traditionnel que je n’hésite pas à sortir à chaque fois que les amis passent à la maison. Contrairement à Maurice, La Réunion n’est pas encore suffisamment connue malheureusement en Italie. Ma compagne et moi, à notre échelle, mettons du cœur à faire connaitre les charmes de l’île à l’étranger.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

La Réunion est un territoire stratégique pour la France et pour l’Union Européenne. Elle devrait exploiter davantage cette situation pour affermir son statut de territoire Européen et Français au sein de l’Océan Indien. Etre un territoire stratégique sur le plan politique, géographique et culturel au milieu de l’Océan Indien, lui permettrait de négocier d’autant plus facilement son modèle culturel singulier et ses particularismes. Nous ne devrions pas voir simplement les avantages pour La Réunion d’être Française et Européenne, mais plutôt développer La Réunion fièrement et au summum de son potentiel afin qu’elle soit un avantage pour l’Europe et pour la France. Ainsi nous pourrions nous assurer un développement politique durable et un positionnement stratégique beaucoup plus fort. Les secteurs stratégiques sur lesquels la Réunion devrait investir serait le tourisme durable, le développement d’infrastructures d’import-export et l’agriculture traditionnelle de produits agricoles rares et précieux avec Label protégé (vanille, café, letchis, arômes, ananas…).

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Ma famille est ce qui me manque le plus de l’île. En deuxième, ma communauté spirituelle et finalement, mes randonnées et mon soleil.


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« Milan est une capitale internationale réputée également pour ses hauts lieux de culture : le Duomo, les galeries Vittorio Emanuele, l’opéra de la Scala, le château Sforza, les Navigli, la fresque de la dernière cène du Christ par Leonardo Da Vinci. C’est une ville cosmopolite très jeune et très active ouverte sur le monde et sur l’avenir. Par-delà le cosmopolitisme de Milan, contrairement à Paris, les habitants sont très chaleureux, très accueillants, très gentils et les Italiens ont un réel sens de l’accueil et du service à la personne : la dolce vita n’est pas un mythe, la qualité de vie à Milan est l’une des meilleures en Europe ».

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