Publicité

Cataclysmes naturels : scénarios futuristes pour l’année 2043

Publié le 10 avril 2010

Extrait du roman "Autopsie d’une mémoire" de Tamim Karimbhay .

type="image/jpeg" title="ilôt Madagascar">ilôt Madagascar {JPEG}

- Bon, on va y aller, dit Roger, nous devons passer à la plage d’Ambatoloaka, d’où vous devez prendre votre bateau, pour les excursions des îlots Nosy-Sakatia, Nosy-Komba, Nosy-Tanikely et surtout Nosy-Iranja…. Qu’il faut absolument aller voir…avant que la montée des eaux et les tsunamis ne les engloutissent !

- C’est vrai ! dit Eléonore, les îles paradisiaques de l’archipel des Maldives où nous nous sommes rendus en 2007, ont bien été submergées en 2020, par la montée des eaux, conséquence du réchauffement climatique et de l’effet de serre ! La pollution et les destructions deviennent universelles.

- Oui, les Seychelles et l’archipel de Tuvalu ont disparu également ! On dit de plus en plus que beaucoup de petites îles lointaines, dans la région du Pacifique et celle des Caraïbes par exemple, qui sont si belles, risquent de disparaître similairement. Tous les pays, surtout littoraux, sont touchés ! Tiens ! Par exemple, j’ai lu dans le quotidien numérique Midi Madagascar, ce matin, que le Bengladesh, le Népal et le Sri-Lanka ont disparu avec la fonte des glaciers de l’Himalaya et les tsunamis, ajouta Roger. Toute sa population survivante va migrer maintenant vers d’autres pays. Il faut dire que les habitants de ces pays n’ont pas eu de chance. Pour le Bengladesh, par exemple, qui est pour moi, le cas le plus douloureux, la nature a pris sa revanche totale sur l’homme, continua-t-il. La déforestation et la désertification ont fragilisé la terre et ont entraîné l’effritement et l’écoulement plus brutal des eaux. Les fortes pluies de mousson et la fonte des neiges ont provoqué en été la crue des fleuves comme le Brahmapoutre-Jamuna ou le Meghna. Les cyclones s’engouffrant dans le golfe du Bengale ont provoqué ainsi des tempêtes et la montée des eaux. Tout le Bengladesh et sa capitale Dacca étaient densément peuplés et se trouvaient dans la zone inondable et deltaïque. De même, les nouvelles îles formées par les sédiments, d’ailleurs eux-mêmes charriés par les fleuves qui descendaient de l’Himalaya, ont disparu.

- Oui, les causes à l’échelle mondiale en sont nombreuses, Roger ! Continue Eléonore. On peut rajouter les massacres des forêts himalayennes, l’érosion qui entraîne le ruissellement, la dilatation de l’eau qui est elle-même liée au réchauffement climatique, l’augmentation de la température terrestre, la fonte des glaciers de l’Antarctique. A cette misère se sont ajoutées la médiocrité des communications et les difficultés d’acheminement des secours sans omettre les épidémies de choléra, de dysenterie, du SIDA, du paludisme, de tuberculose et surtout l’arsenicisme. Le sort s’est vraiment acharné contre ces personnes-là, termina-t-elle. Quelle misère !

- Nosy-Bé et ses îlots sont relativement à l’abri des inondations en l’occurrence ! fit remarquer Kareena. Ils sont encore protégés par la côte est africaine et Madagascar, compte tenu de leur situation géographique dans le canal du Mozambique.

- Mais dites-moi un peu pour éclairer ma lanterne, reprit Vijay. Qu’est ce que c’est l’arsenicisme ? Je me trompe où ce mot a quelque chose à avoir avec l’arsenic ? Excusez-moi de mon ignorance. Je voulais juste en savoir davantage, car le premier pas vers la connaissance est la prise de conscience de son ignorance, n’est-ce pas ? C’est papa qui nous l’avait toujours dit et répété depuis qu’on était encore petit.

- Oui ! C’est ça même mon ami Vijay, précisa Roger. Ton fils Vijay est curieux comme toi Amith ! Me lança-t-il en me donnant une tape amicale dans le dos. En fait, pour apporter un peu plus d’explication, l’arsenicisme est causé par l’arsenic chimique.

L’arsenic est un élément toxique qui n’a pas d’effet bénéfique apparent pour la santé de l’homme. Les sels d’arsenic naturels sont présents dans toutes les eaux mais généralement à des concentrations très faibles uniquement. La plupart des eaux dans le monde ont des concentrations d’arsenic naturel de moins de 0,01 mg/litre. La contamination par l’arsenic naturel était une cause de préoccupation dans de nombreux pays du monde, notamment en Argentine, au Bengladesh, au Chili, en Chine, en Inde, au Mexique, en Thaïlande et aux Etats-Unis d’Amérique. L’arsenicisme est l’effet de l’intoxication par l’arsenic généralement sur une longue période pouvant aller de 5 à 20 ans. Des études de cas sur la situation dans divers pays ont été compilées en 2020 et le problème de l’arsenic au Bengladesh notamment a entraîné la mise en place d’une surveillance plus intense dans de nombreux pays. Au Bengladesh, il a été montré que 91% des puits tubulaires peu profonds avaient une forte concentration d’arsenic (supérieure à 0,15 mg/l). On estime que 150 millions de la population totale du Bengladesh qui s’élevait à 500 millions étaient exposés à une eau de boisson contaminée. La consommation d’eau riche en arsenic sur une longue période entraîne divers effets sur la santé, y compris des problèmes de peau (tels que dépigmentation de la peau, et plaques rugueuses sur la paume des mains et la plante des pieds), le cancer de la peau, de la vessie, des reins et des poumons, et des maladies des vaisseaux sanguins des jambes et des pieds, et peut-être également le diabète, une hypertension artérielle et des troubles de la reproduction. »

Nous continuâmes notre périple. Nous avons donc loué un catamaran qui nous a emmenés vers ces îlots satellites magnifiques de l’île de Nosy-Bé. Nous avons exploré Nosy-Komba, où on a pu visiter une réserve de lémuriens, Nosy-Tanikely, où un phare de 1908, totalement en ruine, est bercé par la force des vagues…Les plus beaux îlots sont les frères Iranja et Tsarabajina. Nosy-Iranja est en fait constitué de deux îlots offrant un contraste flagrant, typique des espaces des pays sous-développés. Sur l’un des îlots, nous pouvons voir à l’intérieur d’une forêt de mangroves, un village typiquement africain et sur l’autre îlot, un hôtel cinq étoiles, un des plus chers de Madagascar. Un filet de sable blanc de deux kilomètres environ, relie ces deux îlots à la manière du cordon ombilical reliant l’enfant à sa mère. Et à marée basse, nous pouvons traverser en attendant que les vagues de chaque côté du filet se rejoignent au fur et à mesure, pour donner à la mer toute sa force et son unité, en plein canal du Mozambique. Lors d’une plongée, nous avons pu observer des choses magnifiques. Ce sont des paysages majestueux, où toutes les couleurs vives - dans le silence des poissons et la marche des langoustes - se sont donné rendez-vous comme sur une toile des peintres de la Renaissance. La vie et le silence sous la mer contrastent avec le bruit des oiseaux multicolores sur les arbres et le brouhaha des klaxons et les cris des vendeurs à la sauvette que l’on rencontre dès l’aube, dans les rues et les dédales de Hell-Ville…

En voyant la mer montée majestueusement en faisant disparaître la langue de sable blanc, je me suis rappelé aussi d’autres endroits dans le monde où la force de la mer fascine, intrigue et attire. Le détroit de Gibraltar où la mer Méditerranée rejoint l’Atlantique, le Cap de Bonne Espérance qui fait la jonction entre l’océan Atlantique et l’océan Indien, sans oublier le détroit de Magellan où l’Atlantique rejoint le grand océan Pacifique. A ces endroits, la nature et la force de la mer nous montrent combien la nature est puissante, combien elle est paradoxalement destructrice et séduisante.

Quelques jours plus tard, Vijay me fit la remarque que notre séjour touchait quasiment à sa fin.

« - Quel séjour sensationnel ! me dit-il. C’était émouvant et magnifique et nous avons appris pleins de choses sur notre Histoire.

- C’est fabuleux, merveilleux et presque magique et légendaire ! Ajouta Kareena. On saura quoi raconter à nos enfants lors des soirées, pendant lesquelles nous leurs lirons les contes et les légendes…

- Cette véritable histoire est romanesque et mythique, digne d’un livre Amith, dirent en chœur Eléonore et les enfants ! Tu devrais l’écrire en utilisant une fiction historique autobiographique !

- J’y penserai au retour, une fois retourné chez nous, répondis-je alors ! Mais, avant d’aller à l’aéroport international de Fascène, j’aimerais bien, et j’y tiens à vous emmener dans un endroit particulier !

- Roger ! Emmène-nous acheter des fleurs, des roses de toutes les couleurs au marché de Hell-Ville, s’il te plaît. J’ai un dernier endroit à visiter… »

A suivre...

VERSION PAPIER et NUMERIQUE DISPONIBLE CHEZ
LA MAISON D’EDITION thebookedition.com : http://www.thebookedition.com/autopsie-d-une-memoire-tamim-karimbhay-p-30710.html

Publicité