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Jérôme Fontaine, ingénieur chargé d’exploitation en Eolien et Photovoltaïque

Publié le 6 février 2018

Récompensé par un prix « Talent de l’Outre-Mer », ce Saint-Josephois est à 25 ans double diplômé de l’Ecole centrale de Nantes et de Cranfield University (Royaume Uni), où il s’est consacré notamment à l’Hydrolien. Ingénieur à Paris, il ne perd pas de vue qu’il travaille dans un domaine fondamental pour l’autonomie énergétique des territoires insulaires et garde un fort lien avec la Réunion.

« Remise de diplôme avec les prix que j’ai reçu à Cranfield : Best Energy Student et Best Individual Research Project »

Pouvez-vous vous présenter ?

Jérôme Fontaine, 25 ans. Je suis né et j’ai grandi à Saint-Joseph. Ca fait maintenant un peu plus de sept ans que j’ai quitté mon ti coin charmant du Sud Sauvage où vit toujours toute ma famille. Après quelques déménagements pour les études, j’ai posé mes affaires à Paris où je travaille en tant qu’ingénieur chargé d’exploitation de parcs éoliens et centrales photovoltaïques.

Quel a été votre parcours de mobilité ?

Une fois le bac obtenu (avec les félicitations du jury), j’ai eu l’opportunité d’intégrer le Lycée Pierre de Fermat à Toulouse en Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles. J’étais véritablement angoissé à l’idée de partir. Les conseils et encouragements de mes professeurs, notamment ceux de mon professeur de mathématiques, et bien sûr l’immense soutien de ma famille m’ont convaincu de faire le grand saut. Au bout des deux ans de prépa, j’ai réussi les concours pour intégrer l’Ecole Centrale de Nantes où je me suis orienté vers les énergies renouvelables. En deuxième année, j’ai déménagé à Paris pour effectuer un stage d’ingénieur sur l’énergie géothermique.

Et ensuite ?

J’ai refait mes valises. Mon dossier de candidature était accepté à la Cranfield University en Angleterre où j’avais obtenu une bourse pour effectuer un double-diplôme avec un MSc Renewable Energy Technology. En 2010, je quittais donc la Réunion pour un petit périple que je ne soupçonnais pas encore : Toulouse, Nantes, Paris puis l’Angleterre. Ce n’est clairement pas pour la météo que j’avais choisi ce parcours, le manque de soleil s’est fait de plus en plus ressentir. Une fois mon double-diplôme en poche, je suis revenu sur Paris pour travailler, marquant comme une première escale sur l’itinéraire retour avec pour destination le Sud et le soleil !

Est-ce que vous vous êtes fait à la vie parisienne ?

Ca fait deux petites années que je suis à Paris et je continue à m’y plaire. C’est une ville super dynamique, constamment en mouvement. Il y a toujours quelque chose à faire, un nouvel endroit à découvrir, de nouvelles rencontres. C’est aussi une vraie porte ouverte sur le monde : on y rencontre des gens venant d’un peu partout et on peut partir un peu partout. C’est un point de départ idéal pour découvrir la Métropole, l’Europe et le reste du globe. Mais je pense que ce qui fait son charme aujourd’hui à mes yeux c’est également l’une des raisons pour lesquelles je ne me vois pas m’y installer à terme. Ce constant mouvement peut être vite oppressant, les endroits que l’on connaît ferment pour que d’autres prennent leur place, on fait de nouvelles rencontres en perdant de vue les précédentes, on est bousculés constamment, avec le sentiment parfois d’être insignifiant dans une foule immense. 


Quels sont vos projets ?

Continuer sur la même lancée : aller à la découverte de nouveaux pays. L’année dernière j’ai eu l’occasion de sillonner la Californie, je vise maintenant le Canada et l’Amérique Latine. J’aimerais coupler cette soif de voyage avec mon travail, en participant à un projet environnemental à portée sociale à l’étranger par exemple.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

Ce qui pourrait me convaincre de me réinstaller, au moins temporairement, à la Réunion ça serait de pouvoir participer à un grand projet d’énergie renouvelable. L’île dispose de véritables ressources dont l’exploitation est déjà bien rodée : hydraulique, photovoltaïque, solaire thermique, bagasse... et d’autres dont le potentiel reste encore à exploiter notamment du côté des énergies marines : hydrolien, houlomoteur, énergie thermique des mers... L’objectif ambitieux d’atteindre l’autonomie énergétique de l’île d’ici 2030 pose de nouveaux défis à relever et requiert le développement de projets innovants comme par exemple le micro-grid mis en place à Mafate ou encore la centrale photovoltaïque Bardzour qui concilie énergie renouvelable et stockage, agriculture et réinsertion sociale. Ce serait une chance de pouvoir rentrer à la Réunion pour participer à un projet de ce type !

Et à plus long terme ?

Je pense que c’est tout simplement le temps qui me fera revenir à la Réunion. Pour moi c’est une chance de pouvoir y grandir, et je pense qu’au bout de quelques années quand l’envie de me poser aura dépassé la soif de voyager, c’est très probablement à la Réunion que je déposerai mes affaires.


Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Avoir dû quitter la Réunion m’a permis de gagner énormément en autonomie et de me rendre compte de quoi j’étais vraiment capable. J’ai développé ma capacité d’adaptation, j’ai gagné en confiance en moi. Je sais désormais que je suis capable de sortir de ma zone de confort. Ce que ça m’a apporté également c’est de la curiosité, une envie de découvrir d’autres villes, d’autres paysages, cultures et modes de vie, de faire de nouvelles rencontres. Au delà des villes françaises et anglaises, je suis allé découvrir un peu plus l’Europe : en Irlande, Espagne, Suisse, Italie, Allemagne, Pays-Bas, République Tchèque, Autriche, Hongrie, Croatie, et en Norvège.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Avant de partir, j’avais fait le plein d’objets aux couleurs de la Réunion : posters, carte, calendrier, tasse, t-shirts, magnets, etc. Beaucoup de ces objets n’ont pas survécu aux différents déménagements mais parmi ceux qui y sont parvenus, il y en a deux que je garde encore précieusement avec moi. Le premier est un petit livre qui illustre avec humour et justesse ce que c’est d’être "Un créole en métropole". Le second est un album souvenirs offert juste avant mon départ et rempli de mots d’encouragements de mes proches. Je me suis plongé à plusieurs reprises dans cet album pour surmonter les moments de doute, et il y en a eu des gros doutes les mois suivants le départ.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Avec toute la petite famille à la Réunion, et surtout mes parents que j’appelle régulièrement. J’aimerais les voir davantage mais je me sens déjà chanceux de pouvoir être avec eux au moins une fois par an, ici en Métropole, ou à la Réunion. En dehors du cercle familial, je suis également resté très proche de certains amis de la Réunion qui ont également quitté l’île et sont maintenant aux quatre coins de France : Paris, Lyon, Toulouse, Nantes, Epinal, Strasbourg, Toulon, etc. C’est toute une organisation pour réussir à se voir mais on y parvient toujours !

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Le soleil, l’accent chantant, les fruits, les espaces naturels, la vue sur l’océan, l’atmosphère chaleureuse, les balades dans les hauts, les carrys au feu de bois, les gros piques-niques, les américains bouchons sur le front de mer... La liste pourrait continuer encore et encore, mais ce qui me manque le plus c’est ma famille, mes grands-parents et mes parents surtout.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Il y a encore quelques personnes qui confondent la Réunion avec la Martinique et la Guadeloupe, mais pour la grande majorité qui sait la placer dans le bon océan, la Réunion est une destination rêvée pour des vacances grâce à la variété et la beauté des paysages, la diversité culturelle, la cuisine locale, le contact avec les Réunionnais, etc. C’est une fierté de voir que les amis qui découvrent l’île sont tombés sous son charme et souhaiteraient y retourner.


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