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Un Réunionnais invité par le gouvernement des Emirats Arabes Unis

Publié le 1er mai 2018

De retour de Dubaï où il a participé à la Journée Mondiale du Bonheur de l’ONU à l’invitation du gouvernement, Rodolphe Sinimale a présenté certaines des expérimentations menées à la Réunion. Il nous en dit plus sur ses espoirs, ses rêves, et les actions qu’il met en oeuvre pour « construire un monde plus heureux ».

Son Excellence Othman Al Madani, Director of Happiness, United Arabs Emirates Government, Rodolphe Sinimale, Change-maker et International Speaker, Farah Albreiki, Coordinator, Prime Minister Office, United Arabs Emirates.

Réunionnais du monde : Vous rentrez tout juste d’un périple incroyable… Invité par le Gouvernement des Emirats Arabes Unis - et plus spécifiquement leur Ministry of Happiness - à délivrer votre vision sur le Bonheur lors d’une conférence internationale, pouvez-vous nous-en dire plus sur cette Journée Mondiale du Bonheur ?

Rodolphe Sinimale : «  Le Monde a besoin d’un nouveau paradigme économique qui reconnaît la parité entre les trois piliers du développement durable : les bien-être social, économique et environnemental sont indissociables et, ensemble, ils définissent le bonheur brut mondial. » C’est avec ces mots, incroyables, que Ban Ki-Moon, l’ancien Secrétaire Général de l’ONU, a officiellement donné naissance à la Journée Mondiale du Bonheur (ou World Happiness Day) qui a lieu chaque année le 20 mars.

Dubaï, temple de la consommation et de l’exubérance pour les uns, est aussi ville de demain pour de nombreux autres - où se construit le futur avec en oeuvre les innovations technologiques et sociétales les plus avant-gardistes de la planète. La métropole émiratie a été la scène privilégié pour la Journée Mondiale du Bonheur.

Pourquoi cet événement s’est-il tenu à Dubaï ?

Les Emirats Arabes Unis ont littéralement embrassé cette initiative grâce notamment à la vision du Sheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum, Premier Ministre des Emirats et Ruler de Dubaï. Outre la création d’un Ministère du Bonheur - avec le Bhoutan, c’est l’un des seuls endroits sur la planète où le gouvernement affiche sa volonté de placer la question du bonheur au centre des politiques de développement du pays -, de nombreuses autres initiatives publiques et privées sont venues révolutionner les mondes éducatifs, institutionnels ou économiques.

Vous qui êtes allé sur place, pouvez-vous dire si c’est vraiment le cas ?

A bien des égards, cette zone du monde est aujourd’hui précurseur : lors du dernier Sommet Mondial des Gouvernements, Neil deGrasse Tyson a projeté des oeuvres d’anticipation que des artistes, des scientifiques ou des chercheurs ont réalisé il y a plus de 50 ans. Les dessins défilent les uns après les autres sur un écran géant : tours immenses de verres et d’acier, jardins comme suspendus dans les airs, voitures futuristes silencieuses et sans conducteurs... Et l’assemblée de l’époque d’imaginer : “C’est vraiment fou !”, ou encore : “De la plus pure science-fiction !”.


Puis Neil deGrasse Tyson a montré les photos du Dubaï d’aujourd’hui. Qu’a pu voir alors l’assemblée des plus puissants décideurs de la planète, médusés ? Des tours immenses de verre et d’argent, des jardins comme suspendus dans les airs et... des voitures futuristes, sans conducteurs !

C’est difficile à croire mais, quelques décennies en amont seulement, il n’y avait dans les futurs émirats que du sable, des chameaux et des nomades (et, bien sûr, d’incroyables ressources naturelles, sauf à… Dubaï, il faut le savoir). Comment est-on passé de l’un à l’autre en si peu de temps ? Avec une immense vision ! Bien sûr, tout n’est pas tout rose et il existe d’immenses défis à relever, écologiques et humains par exemple. Mais force est de constater que les décideurs et les leaders - et c’est ce que j’admire vraiment - explorent de nouvelles voies pour un monde plus inspirant, plus pacifique et plus heureux.

Avez-vous un exemple ?


Hind Al Mualla, Chief of Creativity, Happiness and Innovation, du Knowledge and Human Department Authority (KHDA) - une institution qui gère 200 écoles et 300 000 élèves et étudiants à Dubaï. En l’espace de quelques années, cette institution est passée d’une organisation dans laquelle les salariés étaient désengagés et en souffrance, à l’une des institutions les plus performantes du monde ! En révolutionnant le management - qui embrasse désormais les plus récentes recherches en termes de science du Bonheur - et en matérialisant la vision de Son Excellence le Sheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum, KHDA nous montre à quoi pourrait ressembler l’Education Nationale de demain : un espace créatif et bienveillant où les personnes sont reconnues et autonomes, et où le bien-être physique et psychologique devient la boussole des politiques de développement.

Qu’avez-vous fait au cours de cet événement ?

Le Ministère du Bonheur et le Cabinet du Premier Ministre des émirats ont retenu mon nom pour venir échanger et partager ma vision sur l’Éducation de demain et le Leadership altruiste : nous menons en effet ici, à La Réunion, des programmes exceptionnels en terme d’innovation éducative, sociétale ou politique. Après une série de conférences et d’ateliers, J’ai eu l’immense opportunité de rencontrer là-bas des personnalités, des mentors et des décideurs… incroyables. 

Par exemple tous les membres du Cabinet du Premier Ministre en lien avec la Journée Mondiale du Bonheur, ainsi que ceux du Ministère du Bonheur, ont suivi des programmes de formation poussés en psychologie positive à l’Université de Berkeley, en Californie, et des cursus de méditation à l’Université d’Oxford, en Angleterre. “Comment pourrait-on échanger sur la science du Bonheur si nous même ne l’avions pas d’abord expérimenté ?”, m’a partagé, avec tout son coeur, l’un des officiels du Gouvernement. Et si on faisait de même à La Réunion ?

Quelles sont les actions que vous menez en ce moment à La Réunion ? Quels sont vos projets ?

A dire vrai, j’ai un pied à La Réunion - notre île est une terre incroyablement riche de métissages, de potentiels et de spiritualités vivantes -, et un autre dans le monde. Ici, nous bâtissons des... ponts ! Nous matérialisons des projets, des programmes et des expériences innovantes à l’attention des décideurs et des leaders les plus visionnaires de l’île. Celles-ci lient la science et la recherche contemporaines avec les traditions contemplatives - la méditation notamment - et les sagesses séculaires - celles qui cultivent la bienveillance et la compassion (cf. www.reunionnaisdumonde.com/spip.php?article23923).

Nos projets visent d’une part à promouvoir le bonheur et l’épanouissement et, d’autre part, à soulager la souffrance : des êtres humains bien sûr, mais également de toutes les autres espèces avec lesquelles nous devons mieux cohabiter. Sur notre île et sur notre planète. Elles sont plus 8 millions ! L’intention est de participer à l’émergence et à la construction d’une société et d’un XXIème siècle plus pacifiques.


Quels sont les champs que vous explorez ?

Notre travail se concentre surtout autour des questions de :

*l’Éducation :
programme de formation pour le bien-être des enseignants,
expérimentation du bonheur à l’école,
pédagogie et think tank pour une éducation éclairée et bienveillante ;

*des Politiques :
leadership altruiste,
bien-être et bonheur au travail ;

*du monde Économique :
QVT, auquel nous préférons largement le terme de Bonheur au Travail !

Et, c’est important de le savoir, certains de nos projets à La Réunion sont des premières nationales ! Je pense notamment à l’altruisme en politique, ou les sagesses contemplatives dans les milieux économiques.

Pourquoi souhaitez-vous tant ces changements ?

Voyez-vous, nous faisons face à une double crise mondiale - que ce soit au sein d’Institutions comme l’École ou l’Hôpital, mais également dans toute forme d’organisation au sens large comme les entreprises par exemple : une crise de sagesse, et une crise des émotions destructives.
Crise de sagesse parce que nous ne réalisons pas à quel point nous vivons dans un monde interdépendant. Que nous le voulions ou pas, notre bonheur dépend intimement de la gentillesse et du bonheur d’autrui !
Crise des émotions car, lorsque nous sommes sous l’emprise d’émotions fortes et destructives - comme lorsque nous nous mettons en colère par exemple - c’est comme si le champs de notre vision et notre raison se réduisait : nous devenons alors incapables de prendre de bonnes décisions, et nous pouvons parfois même heurter celles et ceux que nous aimons le plus. Nous devenons alors... malheureux.

Qu’est-ce que le bonheur ?

Le bonheur est la résultante du discernement, c’est à dire voir la réalité telle qu’elle est, ainsi que de notre capacité à cultiver nos émotions les plus constructives telles que la bonté, la gentillesse et la générosité. Des qualités éminemment tournées vers autrui.

Rodolphe Sinimale, en compagnie du célèbre chercheur en biologie moléculaire et moine bouddhiste Matthieu Ricard - considéré par des neuroscientifiques comme “l’homme le plus heureux du monde”. “Matthieu est pour moi une véritable source d’inspiration. Nous nous sommes rencontrés il y a près d’une décennie maintenant, et il oeuvre sans relâche pour promouvoir la bienveillance et la compassion, notamment grâce aux sciences dites contemplatives”.

Après tout, nous sommes des êtres sociaux, programmés et câblés biologiquement pour aimer... et être aimé. Shantideva, un philosophe et sage indien du VIIème siècle, résume très bien cela : “Toutes les souffrances du monde viennent de la recherche de son propre bonheur ; Tous les bonheurs du monde viennent de la recherche du bonheur d’autrui”.


Pour aller plus loin : www.facebook.com/rodolphemettabhavana /
[email protected]

Plus d’infos sur le voyage de Rodolphe & Nirina /

Apprécié pour sa simplicité et son enthousiasme, Rodolphe Sinimale est surtout connu pour une aventure hors norme, tout autour du monde : 5 années et près de 200.000 km parcourus, au plus près des habitants de notre planète ! "Ma quête spirituelle", aime-t-il à partager. Titulaire d’un MBA de l’ESG Paris XI, spécialisé en Relations humaines et expert en Psychologie positive, Entrepreneur du changement et Enseignant, il partage à La Réunion et dans le monde son expérience à travers des programmes éducatifs originaux et des expériences souvent qualifiées d’audacieuses.

Rodolphe Sinimale : “Nous avons le devoir et le pouvoir de bâtir une société plus humaine, plus pacifique et plus bienveillante. Il nous faut un engagement personnel - car en se changeant soi, on change littéralement le monde - et une responsabilité globale, pour nous mais aussi et surtout les générations à venir ! ” 

“Que se passerait-il si l’on pensait La Réunion à 100 ou 200 ans - ou même, comme c’est le cas au sein de certaines tribus amérindiennes parmi les plus sages, à l’aune des sept futurs générations à venir ?”

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