Publicité

Nuage de cendres en Islande : Vassanta Idmont témoigne

Publié le 5 mai 2010

La rubrique 974 World News réalisée en partenariat avec Le Quotidien donne la parole à des Réunionnais qui témoignent de l’actualité dans leur pays d’adoption. Vassanta Idmont a quitté son île natale de La Réunion à l’âge de 12 ans. Elle habite à Reykjavik depuis trois ans et demi. Elle y a fondé sa famille et y élève ses deux enfants. Trois semaines après l’éruption du Eyjafjoll qui a provoqué la perturbation du trafic aérien européen, elle revient sur cet épisode inédit et nous raconte quelques blagues islandaises autour du "cash" et du "ash"...

Vassanta Idmont
Vanessa Idmont nous apprend que les Islandais semblaient plutôt contents d’incommoder les Anglais avec le nuage de cendres du volcan Eyjafjoll.

- L’éruption du Eyjafjoll a-t-elle perturbé votre vie de tous les jours ?

- Absolument pas, je ne connaissais ce volcan que de nom.

- Où en est l’éruption aujourd’hui ?

- Elle est en baisse d’activité

- Les Islandais redoutent-ils un regain d’activité ?

- Non même si quelques-uns redoutent l’éruption de Katla voisin, l’un des volcans les plus actifs et les plus destructeurs d’Islande.

- Quelles en sont les conséquences en Islande ?

- Il y a eu des répercussions sur le tourisme et les importations mais elles sont beaucoup plus sévères pour les fermiers. Certains d’entre eux ont tout perdu.

- Des mesures ont-elles été prises contre la pollution provoquée par le nuage de cendres ?

- Non, les cendres ne se sont pas propagées dans toute l’île. Seules les régions voisines du volcan ont été concernées. Là-bas, les fermiers ont dû porter des masques et déblayer les cendres.

- Comment les Islandais ont-ils vécu le fait d’être au centre d’un événement qui a perturbé à ce point le trafic aérien mondial ?

- A cause de l’affaire « Icesave » et de tout ce qui en découle, les Islandais étaient plutôt contents ! (Ndlr : Icesave est le nom de la banque islandaise dont la faillite a touché de nombreux clients hollandais et anglais que Londres et La Haye ont dû indemniser. Début mars, les Islandais ont massivement rejeté par référendum un texte organisant le remboursement par Reykjavik de 3,9 milliards d’euros à ces deux pays)

L’Angleterre était plus particulièrement concernée par le nuage de cendre et l’humeur était du genre « oeil pour oeil, dent pour dent » dans le ton sarcastique. Des blagues du type « nous vous avons demandé du « cash » pas de l’ « ash » (cendre) ou alors « il n’y a pas de C dans l’alphabet islandais alors si vous nous demandez du « cash » tout ce que vous aurez ça sera de l’ « ash »… Bref, vous voyez le ton.

- Est ce que cet événement tellurique attire des spectateurs et touristes comme c’est le cas à La Réunion ?

- Au départ oui. Lors du premier épisode de l’éruption du 20 mars au 13 avril, il n’y avait pas de cendres. Des vols en hélicoptère étaient organisés. Aussi bien des étrangers que les Islandais profitaient de cette opportunité unique d’aller près du volcan.

- Cette éruption a-t-elle changé l’idée que vous vous faisiez de l’Islande ?

- Non pas du tout. Disons que j’ai réalisé que nous sommes isolés. Comme à La Réunion, si le gros volcan entre en éruption, nous sommes vulnérables face aux difficultés de ravitaillement en produits alimentaires.

- Quel conseil donneriez-vous à des Réunionnais souhaitant visiter l’Islande ?

- D’être ouvert d’esprit, d’amener de bonnes chaussures de marche et de bien se préparer pour le froid s’ils viennent en hiver. Les étés ne sont pas chauds mais il peut faire bon, sans que les températures montent haut. Et certains étés sont pluvieux ! Alors il ne faut pas laisser la pluie vous empêcher de sortir et visiter le pays !

- Et à ceux qui souhaitent y faire leur vie ?

- Alors là ! L’ouverture d’esprit ne suffit plus, il faut solidement attacher sa ceinture... Visiter est une chose, y vivre en est une autre ! Tout est différent de ce qu’un Réunionnais connaît et il faut déployer d’énormes efforts d’adaptation ! Ceux qui aiment le rougail de saucisses devront s’habituer à se contenter des saucisses de hot dog, les seules que l’on trouve ici.

Interview réalisée par Franck Cellier parue sur lequotidien.re

Publicité