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Situation linguistique en Belgique : Marie Paramée témoigne

Publié le 13 mai 2010

La rubrique 974 World News réalisée en partenariat avec Le Quotidien donne la parole à des Réunionnais qui témoignent de l’actualité dans leur pays d’adoption. Marie Paramée est originaire de Sainte Marie. Elle a habité douze ans à Bruxelles et vit à depuis six ans dans le Brabant wallon. Mère de famille, elle travaille dans le domaine social. Elle dit avoir souffert elle-même de "racisme linguistique" en ayant perdu à deux reprises son emploi du fait de son état de francophone.

Marie Paramée
"Les problèmes surviennent lorsque vous passez dans la Flandre, que vous êtes à la recherche d’un emploi, ou que vous dépendez d’un ministère géré par des Flamands. Cette rivalité pour moi, c’est du pur racisme linguistique".

- Quelle(s) langue(s) parlez-vous en Belgique ?

- Dans le pays, je parle français et lorsque je rencontre un flamand, je parle en Anglais, je parle aussi l’espagnol.
On imagine difficilement une Belgique déchirée par un conflit linguistique.

Est-ce que vous ressentez cet affrontement entre néerlandophone et francophone dans votre vie quotidienne ? Comment cela se traduit-il ?

Ça crée un malaise au sein de toute la population. Pour ma part, en tant que francophone, j’en ai subi des conséquences directes en perdant deux fois mon emploi.

- Est-ce que, pour vous-même, il peut être mal vu de vous exprimer en français ? Et à quelles occasions ?

- Les problèmes surviennent lorsque vous passez dans la Flandre, ou que vous êtes à la recherche d’un emploi, ou que vous dépendez d’un ministère géré par des Flamands. Cette rivalité pour moi, c’est du pur racisme linguistique.

- Avez-vous ressenti un durcissement de cette rivalité ces derniers temps ?

- Depuis ces dernières années, le pays est sous tensions et aucun gouvernement ne résiste à ces différents. La démission du gouvernement du 22 Avril était prévisible, le pays devient ingouvernable.

- D’après vous, quelle est la raison profonde du malaise belge ?

- La Belgique a été créée avec deux peuples totalement différents, d’une part un peuple d’origine germanique et de l’autre, un peuple d’origine latine : deux mentalités incompatibles.

- A terme, pensez-vous, comme certains commentateurs, que la Belgique est morte ?

- Je crois que ce pays n’a jamais été vraiment uni, ces différends existent depuis de longues années. Mais ces troubles politiques affaiblissent considérablement la vie économique et sociale du pays tout entier.

- Les députés belges viennent d’être les premiers à interdire le voile intégral dans la rue. Qu’en pensez-vous ?

- Si on veut vivre dans un pays différent du sien, pour s’intégrer, il faut s’adapter aux coutumes.

- Envisagez-vous de faire votre vie en Belgique ?

- Bien entendu, cette situation nous fait vivre dans l’incertitude. Aujourd’hui nous sommes en Belgique, demain, nous serons peut-être ailleurs ! Nous nous sommes déjà expatriés pendant trois ans en République Dominicaine ? Et je m’y suis plu du fait des ressemblances avec La Réunion.

Interview réalisée par Franck Cellier parue sur lequotidien.re

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