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Johanna Robert, créatrice de l’entreprise Loca Run

Publié le 25 juin 2018

Après cinq ans et trois BEP en métropole, elle est rentrée sur l’île et a créé sa propre activité dans le tourisme, Loca Run : Prestataire de service pour location saisonnière & Location de matériels. Une interview « Spécial Retour ».


Racontez-nous votre parcours.

Je suis née à Rennes d’un père réunionnais et d’une mère lavalloise. A mes neuf mois, mes parents ont eu la très bonne idée d’aller vivre sur l’île natale de mon père. A l’époque, il y a 29 ans, les conditions de vie n’étaient pas les même qu’en métropole. Mes parents ont tenu bon et ont réussi a nous offrir un bon cadre à leurs enfants. J’ai grandi sur cette île magnifique.

Quel a été votre parcours de mobilité ?

Pour faire mes études, je suis partie en métropole pendant cinq ans. Le but était de découvrir un peu le "monde extérieur" et sortir de notre bulle qu’est la Réunion. Avec mes problèmes de dyslexie, j’ai préféré suivre un cursus professionnel. J’ai étudié l’architecture à Bourges et la peinture décorative à Tours (à l’AFPA). Quelques stages m’ont permis de découvrir certains endroits très exotiques de mon point de vue (châteaux, auberges…) J’ai obtenu un BEP Architecture, un BEP Peintre en décoration et un BEP Peintre en bâtiment.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à rentrer à la Réunion ?

C’est ici, à La Réunion, que je me sens bien. J’avais envie de me rapprocher de ma famille, mais aussi de bénéficier de ce cadre de vie exceptionnel. C’est une chance d’avoir la mer, la montagne, les gens, le mélange des cultures, la cuisine... Aucun doute dans mon esprit à ce niveau là !


Comment s’est passé votre retour ?

Après cinq ans en métropole, j’ai choisis de rentrer. J’ai préparé mon déménagement tranquillement mais au dernier moment, j’ai perdu mon passeport ! Je n’avais pas de carte d’identité non plus. J’ai beaucoup stressé… J ’ai finalement réussi à avoir un passeport d’urgence, juste à temps pour monter dans l’avion ! Ouf !

Décrivez nous votre état d’esprit à l’atterrissage à Gillot.

Je me sentais heureuse et surtout « chez moi ». Entendre les gens parler créole dans l’avion me donnait déjà du baume au cœur.

Avez-vous eu des difficultés (professionnelles ou autres) à vous réinstaller ?

A mon retour en 2011, j’ai fait quelques petits boulots. Travailler dans la peinture décorative à la Réunion était difficile ; j ’ai cherché une manière de créer mon activité en me basant sur mes centre d’ intérêts. En juillet 2017, j’ai ouvert une entreprise « Loca Run : Prestataire de service pour location saisonnière & Location de matériels » (Trek, bivouac, camping, plage, bébé et enfant). Mon projet est de participer au développement du tourisme à La Réunion, conseiller au mieux les voyageurs et les accueillir avec bienveillance.

Dans quel état avez-vous trouvé le marché du travail en rentrant ?

Il y a toujours moyens de trouver des petits boulots dans le secteur de la restauration. Mais si l’on souhaite un métier prédéterminé par notre formation, c’est peut-être un peu plus difficile à trouver. Dans le secteur touristique, où je travaille maintenant, il y a de plus en plus d’entreprises. C’est un marché très actif. Nous avons de plus en plus de visiteurs tous les ans malgré les attaques de requin, les cyclones... Il faut aussi savoir que la Réunion est une île de randonnées. C’est pour les montagnes que je me suis lancée dans la location de matériels. Je suis contente d’avoir eu cette idée et de pouvoir répondre aux besoins des voyageurs et même des Réunionnais !


Qu’avez-vous trouvé de changé à votre retour à la Réunion ?

Ce qui a la plus changé c’est bien sur la route des Tamarins. Je me souviens, il y a quelques années, c’était un car jaune et 3h de trajets pour traverser l’île. Aujourd’hui grâce à cette route, 1h suffit pour se rentre du nord au sud. Il y a aussi pas mal de nouvelles constructions et les aménagements des plages comme Boucan Canot et Roches noires…

Avec le recul, tirez-vous un bilan positif de votre expérience de mobilité ?

Je pense que mes parents ont eu une très bonne idée en m’envoyant faire mes études en métropole. Cela force à apprendre, à se débrouiller seul et à s’ouvrir aux autres. Découvrir la métropole qui est un très beau pays, la culture, la cuisine et surtout de belles amitiés... c’était de chouettes moments ! Mon seul regret est de ne pas avoir assez profité de la possibilité de voyager en Europe. A par cela, je suis vraiment heureuse d’avoir fait ces cinq ans en métropole, je me sens grandie grâce à cette expérience. Elle a aussi changé mon regard sur la Réunion, et j’aime encore plus cette île. J’ai réalisé notre chance d’expérimenter ce « vivre ensemble », chinois, malbar, chrétien, musulman... et de grandir entre terre et mer.

+ d’infos : http://locarun.re / www.facebook.com/locarun974


Plus d’interviews « Spécial Retour » / www.reunionnaisdumonde.com/t/10/Tourisme

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