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Situation politique en Angleterre : Benoît Jasmin témoigne

Publié le 21 mai 2010

La rubrique 974 World News réalisée en partenariat avec Le Quotidien donne la parole à des Réunionnais qui témoignent de l’actualité dans leur pays d’adoption. Benoît Jasmin est installé à Coventry en Angleterre depuis février 2010. Il est contrôleur de gestion au sein de la filiale locale d’un constructeur automobile français. Il nous donne son point de vue sur les élections récentes de 2010 et la coalition entre libéraux et conservateurs.

Benoit Jasmin

Quel est votre lien avec La Réunion ?

Je suis né et ai vécu à la Réunion jusqu’à 2005. La plus grande partie de ma famille y habite toujours. Donc la Réunion… c’est chez moi.

Les elections ont-elles passionné les gens que vous côtoyez ?

Oui, bien que la campagne en elle-même m’ait semblé fort courte. Cela a pas mal alimenté les discussions de mes collègues et des anglais en général. Et bien sûr le sujet a pris une place non négligeable dans les journaux.

Vous attendiez-vous à ce que ces élections débouchent sur un gouvernement de coalition entre libéraux et conservateurs ?

C’était une des issues possibles envisagées par les médias. Les libéraux sont plus proches idéologiquement des travaillistes mais le fait est que ces deniers ont beaucoup perdu de crédibilité récemment, et le résultat de l’élection ne fait que confirmer cela.

Comment expliquez-vous la défaite de Gordon Brown ?

Je pense qu’une première raison est qu’il ne fait pas bon représenter le pouvoir en place(ou sortant) dans une élection européenne ces temps-ci. Tous les gouvernements Européens ont un bilan marqué par la crise et les élections sont l’occasion de sanctionner cela.

D’autre part, le parti travailliste a également été au cœur d’un scandale de notes de frais (écrans plats et autres bijoux payés par le contribuable). Enfin, les difficultés économiques ont aussi été mal gérées par les travaillistes. Par conséquent Gordon Brown a subi à la fois les effets de la conjoncture économique et les erreurs de son propre parti.

Pensez-vous que David Cameron et Nick Clegg parviendront à s’entendre pendant tout un mandat ?

Il se trouve que les sujets de fond que le nouveau gouvernement devra traiter font plus au moins consensus : l’éducation et la sortie de crise en sont deux exemples. Mais une fois de plus, les libéraux sont idéologiquement plus proche des travaillistes. Une des grandes différences entre Nick Clegg et David Cameron est d’ailleurs que le premier est très investi dans le projet européen alors que le second est qualifié d’eurosceptique par la plupart des médias locaux ou étrangers. Je pense donc que plutôt qu’une entente véritable il faut s’attendre à des constantes négociations entre les deux partis sur chacun des sujets que le gouvernement traitera.

Quelle sera selon vous la conséquence la plus immédiate de leur prise de pouvoir ?

Etant donné que je travaille pour la filiale d’une entreprise française au Royaume-Uni, la conséquence la plus visible pour moi sera sur le taux de change entre Livre Sterling et Euro. Ces deux dernières semaines ont été un peu mouvementées, la mise en place d’un gouvernement devrait stabiliser les choses.

Qu’en attendez-vous personnellement ?

Très honnêtement, pas grand-chose. Je ne pense pas habiter le Royaume-Uni depuis suffisamment longtemps pour attendre quelque chose du gouvernement en place.

Les perspectives économiques de la Grande-Bretagne vous semblent-elles meilleures qu’en France ?
Non, les problèmes de chômage et de baisse du pouvoir d’achat existent ici aussi. Et il est encore beaucoup trop tôt pour dire si le nouveau gouvernement britannique gèrera mieux ou moins bien son économie que le gouvernement français.

Estimez-vous, vous-même, avoir une situation solide en Angleterre ?

Comme indiqué, je ne suis pas en Angleterre depuis très longtemps. De plus, je ne pense pas non plus faire ma vie ici. D’un point de vue financier (si c’est le sens de votre question) étant ici dans le cadre d’un VIE, mon salaire est directement indexé sur le coût local de la vie.

Les Anglais prennent-ils comme une bonne nouvelle la promesse de ne pas abandonner la Livre au profit de l’euro ?

Oui mais pas tellement parce que la Livre est une monnaie forte. Je pense que cela a une valeur culturelle pour les anglais, j’ai du mal à imaginer les anglais utilisant une monnaie qui n’est pas systématiquement frappé du profil de la reine.

Après les élections quelle sera la principale préoccupation des Anglais ?

La coupe du monde de football ! Et ce n’est pas du tout une blague. Plus précisément les Anglais semblent s’être fixé la mission de venger l’élimination de l’Irlande par la France (et les conditions de cette élimination). Etant moi-même plus amateur de rugby, je pense que je participerai beaucoup moins aux discussions de bureau à compter du 11 juin.

Interview réalisée par Franck Cellier parue sur lequotidien.re

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