Publicité

En direct de Bangkok : Olivier Robert témoigne 2/2

Publié le 28 mai 2010

Suite du témoignage d’Olivier Robert en Thaïlande, dans le cadre de la rubrique 974 World News. Ce Réunionnais vit à Bangkok, où se sont déroulés de dramatiques événements liés au soulèvement des "Chemises rouges". Il nous donne son point de vue sur la situation.

Olivier Robert

Il y a un mois, vous disiez être resté à l’écart du soulèvement des chemises rouges qui ne concernait que certains quartiers. En a-t-il toujours été ainsi avec l’intervention de l’armée ?

L’intervention militaire a été une raison de plus de rester a l’écart de la zone occupée par les chemises rouges. Il faut savoir que l’armée occupait déjà toutes les intersections routières majeures a Bangkok depuis plus de deux mois. Il y avait aussi des checkpoints avec des fils barbelés un peu partout. Le mouvement des chemises rouges était concentré dans certains quartiers mais l’armée était très présente partout ailleurs même avant son intervention a Rajaprasong.

Le mouvement des chemises rouges est un problème qui concerne la population Thaï. Je n’ai aucun parti pris pour un camp ou un autre. La Thaïlande est dans une grande phase de transition politique exacerbée par une succession royale incertaine. Et pendant cette transition, on peut s’attendre a des conflits politiques comme ceux arrivés dernièrement.

Les événements de ces derniers jours ont-ils perturbé votre quotidien et vos activités professionnelles ? De quelle manière ?

D’un point de vue professionnel, l’entreprise pour laquelle je travaille a décidé de fermer l’après-midi le jour de l’intervention militaire. Depuis la mise en place de couvre-feu, nos journées de travail sont un peu écourtées pour permettre aux employées de rentrer aisément chez eux. Sinon on a toujours pu travailler sans problème. D’un point de vue personnel, on n’a pas trop subi de perturbations. J’ai seulement dû changer mon itinéraire pour rentrer chez moi le soir à cause des checkpoints. Il n’y a pas de contrôle systématique de toutes les voitures mais ils créent de terribles embouteillages. Les supermarchés sont bondés de monde comme avant un cyclone a la Réunion. En majorité, il n’y a jamais eu de mouvement de panique ; la population est restée très calme.

La situation vous semble-t-elle sous contrôle comme l’annonce le gouvernement ?

Il est assez difficile de se faire sa propre idée sur la situation actuelle par manque d’informations. Il y a eu une forte couverture médiatique pendant l’intervention militaire mais depuis plus grand chose. On a juste pour information des messages vidéos enregistrées des membres du gouvernement et des militaires qui passent sur toutes les chaines de télévision en simultané. Par ailleurs, on ne sait toujours pas quelles sont les conditions de sécurité dans les anciennes zones occupées par les chemises rouges. On n’a aucune photo ou vidéo. C’est pour cela que je préfère encore éviter toutes ces zones. Je verrais d’ici une semaine ou deux. A part ces zones, on se sent en sécurité où qu’on aille.

La vie peut-elle reprendre comme si de rien n’était après les incendies du Central World, de la Bourse, d’une télévision et de commerces ?

Les événements de cette semaine resteront dans les esprits de la population thaï comme un terrible épisode à ne pas reproduire. Mais les Thaïlandais ont appris à vivre dans une instabilité politique constante. La situation semble être dramatique d’un point de vue occidental. Mais pour la population thaï, les évènements de cette semaine ne sont qu’une continuation de ce qu’ils ont toujours vécu. Donc même si cela va prendre plusieurs semaines, la population de Bangkok va essayer de vivre normalement. On ne peut pas en dire autant de le population du Nord-Est qui soutient fortement les chemises rouges.

Comment les gens que vous côtoyez ont-ils jugé l’intervention de l’armée ?

En règle générale, la politique n’est pas un grand sujet de discussion et d’intérêt pour les Thaïlandais. Même une ’intervention militaire n’y a rien changé. Mais il y a un certain soulagement du fait que l’intervention militaire fut courte et moins meurtrière que ce à quoi l’on s’attendait (plusieurs centaines de personnes). La situation semblait totalement bloquée et les chemises rouges se radicalisaient, donc la population de Bangkok s’attendait une intervention militaire depuis plusieurs semaines. Maintenant, la plupart des gens espère une trêve au moins jusqu’aux prochaines élections en novembre. Après cela, il y a une grande incertitude sur ce qui va se passer. Est-ce que les chemises rouges ou les chemises jaunes reviendront ? Personne ne le sait mais on le craint.

Interview réalisée par Franck Cellier parue sur lequotidien.re

Lire la 1ère interview en Thaïlande : Révolution des chemises rouges : Olivier Robert témoigne

Publicité