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Nelly Cazal, comédienne plasticienne

Publié le 6 novembre 2018

« Le plus important pour moi c’est la force du « mayaz ». La créolisation est au cœur de mes préoccupations d’artiste. » Nelly Cazal dirige la compagnie Zafer K basée dans le Limousin.

Article partenaire Antenne de Paris du Département


Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis réunionnaise. Comédienne, plasticienne et accessoiriste. Mon travail se déploie à travers différentes pratiques : le théâtre, le chant, la sculpture, la performance, l’écriture, les installations in situ… Toutes ces pratiques sont totalement liées pour moi. Que ce soit sur une scène, sur une place de village, un atelier de pratique artistique, à travers une installation en intérieur ou en extérieur… elles sont vouées à être partagées pour exister pleinement.

Qu’est-ce que l’Art pour vous ?

L’Art c’est un mot qui peut faire peur. Mais je crois que c’est avant tout l’affirmation d’une expression, d’un regard, d’une vision singulière. Rien d’utile ou d’inutile là-dedans. C’est juste une nécessité intime qui peut trouver un écho chez l’autre. C’est une chose qui éveille, contrarie, questionne, oppose, interpelle… Que l’on peigne, sculpte, chante, joue…, il doit y avoir une nécessité à faire ce que l’on fait, à dire ce que l’on dit. Si cette nécessité existe pour l’artiste alors les émotions, la matière, l’énergie qui a été mise dans son travail sera transmise et partagée.

Quel message souhaitez-vous faire passer à travers vos œuvres ?

Lorsque je lis des textes d’auteurs que j’affectionne et pour cette occasion du Festival du Mois Kreyol, des auteurs réunionnais, j’ai envie que le public reçoive cette affection. J’ai envie que comme moi, le public aime les mots, entende la musique qu’ils contiennent. Quand je lis et chante les textes, accompagnée de Mangane et de sa musique, j’ai une petite flamme qui brûle et me rappelle toujours pourquoi je fais cela. Je ne lis pas que des mots, mais à travers eux, je transmets une énergie, une histoire, des combats, des idéaux. Peu importe ce qui est compris ou pas. Ce qui est important c’est qu’il y ait une circulation de l’énergie et des émotions. Ce qui est important c’est que le mouvement sensible soit actif pour laisser l’imaginaire voyager. Le public est libre en son imaginaire. Le public est intelligent. J’aime lui faire confiance. Le plus important pour moi c’est de lui offrir les mots de la manière la plus sensible et la plus sincère possible. Le reste est un libre échange.

Kozé An Shanté à La Galerie Ile de La Réunion Paris

Que vous apporte votre culture réunionnaise dans la réalisation de vos travaux ?

C’est le fondement de ma personnalité. Donc elle m’apporte tout. C’est la base de ce que je suis et ce que je fais est habité par ses fondements, ses paradoxes. Et tout cela est enrichi au fil de tout ce que je vis et traverse ailleurs sur d’autres territoires. C’est la créolisation ! Celle dont parle Edouard Glissant, un philosophe et poète que j’aime énormément. La créolisation est au cœur de mes préoccupations d’artiste. Ce qui est beau et le plus important pour moi c’est la force du « mayaz » comme on dit en créole réunionnais, la force du mélange. Tout est possible. Toutes les rencontres. Et c’est ce que je cherche dans mon travail. Alors ça ne me fait pas peur d’explorer avec la Compagnie Zafèr K différentes formes : l’écriture, l’art plastique, le chant, la photo, la performance… Tous les langages sont possibles, tout est poésie.

Un seul mot pour définir La Réunion ?

Mayaz. Mais j’aurais pu aussi dire : Pépite. Paradoxe. Contraste. Zéklitaz (explosion). Gayar (forte, pleine de ressource). Surprenante. Bouillante.

Suivre la compagnie www.facebook.com/Cie.ZaferK


Le Département vous invite à découvrir nos artistes réunionnais : le samedi 10 novembre 2018 à 14h30 au Centre Ken Saro-Wiwa - Paris 20e, Nelly Cazal jouera Kozé An Shanté : une rencontre entre des poèmes réunionnais interprétés par la comédienne et la musique sénégalaise du musicien et chanteur Mangane Ousseynou. Une façon de découvrir ou redécouvrir quelques auteurs vivants de la poésie contemporaine de l’île de La Réunion avec des textes en français, en créole ou les deux.

Centre Ken Saro-Wiwa 63 rue de Buzenval 75 020 Paris


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