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Muriel H. Essling, 34 ans, écrivain d’Heroïc Fantasy dans l’Est de la France

Publié le 17 juin 2006

Vivre de sa passion, l’écriture, c’est le défi relevé par Muriel depuis la publication de son premier roman "Le Temps de l’Accomplissement". Née à la Réunion d’une mère créole et d’un père métro, elle quitte l’île adolescente et se retrouve dans l’Est de la France. "Naître et grandir à la Réunion m’ont apporté la possibilité de posséder chaque jour un horizon sans limite, et certainement une certaine forme de poésie", confie Muriel qui s’est ménagée un emploi d’opératrice de saisie à temps partiel en attendant de vivre pleinement de l’écriture.

Muriel H. Essling
Lors d’une séance de dédicace au festival Fantasy d’Epinal Imaginales 2006.

Racontez-nous votre parcours.

"Née à St Denis, j’ai grandi à la Saline les Bains. Mon père, métro originaire des Vosges, travaillait comme enseignant au collège de la Saline les Hauts, et maman, créole, comme clerc à Saint Paul. Je crois pouvoir dire que j’ai ét d’une certaine manière privilégiée. Nous avons quitté la Réunion mes parents, ma soeur et moi-même en 1985. Je crois que mon père, après 17 ans sur l’île, avait besoin de retrouver ses propres racines. Et puis ma mère à l’époque, avait besoin d’un climat moins chaud. Ce qu’elle a eu en arrivant dans l’Est de la France !"

Comment s’est passé l’arrivée en métropole ?

"L’arrivée a été on ne peut plus difficile, même si j’avais déjà eu l’occasion de venir en vacances en métropole. Le climat, avec ses différences d’amplitude, particulièrement dans la région Nancy-Strasbourg, la fatigue, la déprime... Et le contact avec les "autochtones" s’est fait difficilement. Ils sont moins ouverts, plus méfiants et il faut plus de temps pour les apprivoiser (sourire). J’ai connu un soupçon de racisme du fait de mon bronzage et découvert avec un certain effarement que peu parviennent à situer la Réunion sur la carte du globe (l’île est souvent placée dans les Antilles !)".

Et ensuite ?

"Mon parcours a été assez classique : internat au lycée de Lunéville, entrée à la faculté Nancy II. Titulaire d’un DEA d’Aménagement du Territoire, j’ai tout arrêté brutalement en deuxième année de thèse pour plusieurs raisons. La principale étant que j’avais un rêve depuis que j’étais enfant, celui d’écrire. J’ai tout plaqué, soutenue par la personne qui deviendra par la suite, mon époux. J’ai trouvé un petit job alimentaire et j’ai écris. Jusqu’au jour où en 2005, poussée par mon mari, j’ai envoyé mon manuscrit. Il a été sélectionné. Et l’aventure a commencé".

Muriel H. Essling
"Le Temps de l’Accomplissement" - Tome 1 du Sablier de Mû, de M.H.Essling (5emesaison.fr) - vient de remporter le prix Merlin qui récompense un ouvrage de Fantasy.

Quels sont vos projets ?

"J’ai pour projet de tenter de vivre de l’écriture ! Mais je ne me fais pas d’illusion..."

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"De l’île elle-même, il ne me manque rien. J’ai conservé les couleurs, les odeurs, les reliefs, les embruns, les mélanges, tout est resté gravé dans ma mémoire d’enfant et me sert aujourd’hui dans mon écriture. Naître et grandir à la Réunion m’ont apporté la possibilité de posséder chaque jour un horizon sans limite. Et certainement une certaine forme de poésie. Même si ce que j’écris est classé dans le genre "fantasy", un chapitre entier de mon ouvrage décrit les troubles d’un jeune adolescent qui cherche ses racines, qui ne sait plus d’où il est. Ni qui il est. C’est ce que j’ai ressenti en quittant la Réunion ado. Mais il y a bien sûr la famille, les oncles, tantes, cousins qui manquent forcément. Sans oublier les letchis pour la gourmande que je suis !"

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Apprendre les différences sans toutefois les comprendre toutes. Posséder plusieurs regards, c’est se faire sa propre opinion. Et penser devient un luxe, enfin cela n’engage que moi".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Je trouve que c’est dommage. Le potentiel humain et géographique de l’île ne me semble pas suffisamment exploité . Certes, cela fait un moment que je ne suis pas retournée dans l’île, mais une autre forme de tourisme pourrait être développée, ainsi que le secteur des services (centres d’appels, etc.)".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Des conseils ? Je ne suis guère douée. Vivre ses rêves, c’est possible, mais ça laisse des blessures difficiles à cicatriser. Partir pour étudier, travailler ou simplement voir du pays est important. D’ailleurs sur le blason réunionnais est mentionnée cette phrase "je fleurirai partout où je serai plantée".

Fréquentez-vous d’autres Réunionnais expatriés ?

"Non, mais si je me suis inscrite sur ce site, c’est bien pour combler ce manque ! Je souhaiterais discuter avec des Réunionnais via le net plus souvent, mais je n’ai guère le temps de musarder sur les forums ou les chats".

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