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Christophe Feraud, diplômé en Corée

Publié le 10 décembre 2018

A 26 ans, ce Saint-Paulois vient de terminer son « Master of Science » (MSc) en Management à Korea University, à Séoul. Après cinq ans en Corée dont il maîtrise la langue, il envisage de prendre la destination du Japon.


Pouvez-vous vous présenter ?

Originaire de la Plaine Saint-Paul, j’ai grandi dans une famille ni riche ni pauvre mais avec une mère qui n’a jamais tari d’efforts pour me supporter dans mes choix personnels. Après une année de PACES Pharmacie à l’université de la Réunion, j’ai décidé de quitter l’île pour continuer mon parcours en L2 Biologie option Chimie et qui a finalement débouché sur une L3 Chimie à l’université de Tours. Pour mon dernier semestre de licence, j’avais en tête d’aller faire un semestre d’échange en Chine dans le but de m’initier au Chinois…

Comment avez-vous atterri en Corée ?

Lors de ma visite au bureau des relations internationales, par manque de partenariat avec une université chinoise, on m’a proposé d’aller soit au Japon dans une ville dont je ne connaissais pas le nom, soit à Séoul en Corée du Sud. Et hop ! Dans les secondes qui ont suivi j’avais igné pour la Corée, en ayant bien sûr pas la moindre idée d’où j’allais mettre les pieds ! Catapulté dans une des trois plus prestigieuses universités du pays, j’ai commencé du jour au lendemain à côtoyer des personnes du monde entier, à devoir parler dans une voir deux langues étrangères différentes au quotidien, et à me fondre petit à petit (et tant bien que mal) dans la société coréenne. Etant plutôt timide dans ma jeunesse, cette expérience m’a poussé à évoluer de gré ou de force. Elle m’a aussi permis d’envisager une vie que je n’aurais jamais imaginée possible si j’étais resté en France ou à la Réunion. J’ai au final décidé d’y poser mes valises et cela fait maintenant cinq ans que j’habite en Corée.

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

La Corée est un pays qui a évolué très rapidement. De ce fait, la société coréenne actuelle est contrastée avec une partie plutôt âgée de la population qui est conservatrice et autre partie de la population, plutôt jeune, qui est plus ouverte aux influences extérieures. C’est ce qui rend l’expérience de la Corée contemporaine, à mon sens, extrêmement riche et dynamique. De plus, l’éducation coréenne inculque aux Coréens une profonde notion du respect d’autrui. La société peut être dépeinte comme une grande famille. Beaucoup de choses se font en groupe, et on se sent chez soi à peu près partout.


Par exemple, les vols ou agressions sont quasi inexistants, on peut laisser son téléphone sans surveillance pendant une heure sans craindre de le perdre. Du coup, la vie y est très confortable en règle générale et on garde l’esprit libre. Par contre, malgré tous les efforts du monde pour s’intégrer, on garde quand même cette étiquette d’étranger, et le monde du travail est plutôt strict. La Corée n’est certainement pas faite pour tout le monde, mais j’y ai passé sans aucun regret un cinquième de ma vie ! J’espère que d’autres Réunionnais pourront avoir une expérience aussi bonne que la mienne dans ce pays !

Quels sont vos projets ?

Je suis aujourd’hui diplômé d’un Master of Science » en Management à Korea University. Les MSc : Master of Science, sont des diplômes de haut niveau de double compétence qui permettent aux étudiants de se spécialiser dans les domaines de l’industrie et de la recherche, à un niveau international. Après cinq ans en Corée et avoir maîtrisé la langue, j’aimerais aller travailler au Japon. J’ai envie de profiter de mes dernières jeunes années pour m’imprégner facilement de la culture de ce pays que j’aime beaucoup. D’ailleurs, cela fait un an que je me suis mis au Japonais. Surtout, comme le Japon est situé à côté de la Corée, cela me permettrait de ne pas totalement rompre avec ma vie coréenne.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

J’ai toujours envisagé de retourner à la Réunion, mais dans un futur plutôt lointain. Même si j’ai habité en France puis en Corée depuis mes vingt ans, j’ai toujours conservé mes valeurs et mon identité réunionnaise. D’ailleurs, la diversité culturelle et socio-économique de la Réunion m’a permis d’aborder la plupart des situations sans préjugé et à rester humble, quelle que soit la personne en face, ce qui a grandement facilité mon intégration.


Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Aucune bien évidemment ! Lorsque j’explique que je viens d’une petite île à côté de Madagascar, on me répond toujours « Ah, Madagascar, j’ai vu le film ! ». Plus sérieusement, les gens retiennent surtout qu’on est Français avant d’être Réunionnais. Du coup, on entend plutôt les stéréotypes et clichés concernant la France.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Une chaîne avec un pendentif de la Réunion que ma mère m’a offert, un livre sur la Réunion et un grand drapeau. Sinon à chaque voyage, j’essaye de ramener rougails, achards, la pâte piment et rhum afin de les partager avec mes amis ici.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Beaucoup de choses. La famille, les amis, le confort de chez moi, la nourriture, la nature, la sensation d’espace, le rythme de vie plus léger, le climat tropical… Mais je n’en vis pas mal pour autant, la vie est plutôt confortable en Corée aussi !


Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

La Réunion est mon chez-moi, mon endroit préféré au monde. Cependant, il m’est impossible de dresser un portrait édulcoré de la situation, qui plus est lorsqu’elle est exacerbée par le mouvement Gilet Jaune actuelle. Des problèmes plus profonds (comme la vie chère, le chômage, le manque voire dans beaucoup de cas l’abandon ou le refus d’éducation, la délinquance, l’alcoolisme, dans une moindre mesure le racisme...) aux problèmes récents (surpopulation, construction à tout-va, embouteillages...), je pense que la Réunion n’a pas évolué comme elle aurait pu surtout vue le potentiel de l’île et de la population réunionnaise. Du point de vue d’un expatrié, c’est triste à dire mais cela me fait de la peine et même jusqu’à honte par moment de voir ce qui se passe à la Réunion. Je reste avant tout fier d’être Réunionnais et j’espère que la situation s’arrangera.

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