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Nicolas Sitalapresad, étudiant à l’Ecole Supérieure de Commerce de Toulouse

Publié le 4 septembre 2007

Pur produit de la classe Prépa HEC de Bellepierre, Nicolas est à 22 ans en troisième et dernière année de l’Ecole Supérieure de Commerce de Toulouse. Il suit une spécialisation en audit financier.

Nicolas Sitalapresad
Sur les Ramblas, lors d’un week end à Barcelone avec des amis de l’ESC.

Racontez-nous votre parcours.

"Originaire de Saint-Denis, mon domicile familial se situe à La Montagne où ma famille s’est installée au début des années 90. Après un bac S obtenu au lycée de Bellepierre et deux années de classe prépa, les concours nationaux d’entrée aux grandes écoles de commerce ont pointé le bout de leur nez. Pendant un mois d’épreuves, j’ai joué mon destin et j’ai finalement atterri à Toulouse qui était mon objectif numéro 1. Même si j’ai obtenu des écoles dites "supérieures" en termes de prestige, j’ai privilégié le cadre de vie du sud ouest qui colle davantage aux conditions réunionnaises".

Comment s’est passée votre arrivée dans la ville rose ?

"Après la prépa, cap sur Toulouse donc. Le grand saut. Heureusement un de mes oncles vivait sur place et de surcroît juste derrière ma future école. Une aubaine ! Du coup, mon acclimatation s’est passée en douceur. Il m’a beaucoup aidé dans mon installation, il m’a fait découvrir les charmes de la ville rose. C’est clair qu’au début ce n’est pas facile de quitter la Réunion, mais se faire aider par une personne qui est déjà sur place est un plus non négligeable".

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Partir de La Réunion m’a fait prendre conscience de la chance que j’ai d’être Réunionnais. A chaque fois que j’y retourne, je vois mon péi différemment. Avec le recul, on se dit que c’est tout de même énorme d’être originaire d’une île aussi diverse dans sa composition ethnique que dans ses paysages. Ensuite, il est clair que quitter la famille et La Réunion a été réellement une prise de responsabilités pour un jeune de 20 ans. Et puis c’est toujours bien de voir comment ça se passe ailleurs : les modes de vie, les coutumes,etc. Voyager permet de se forger un bagage culturel varié et enrichi".

Où en êtes-vous actuellement ?

"Je termine mon cursus et au mois de janvier prochain, j’entre dans la vie active, spécialisé en audit financier. Je dois effectuer un stage de fin d’études de six mois et commencer à travailler. Je pense déménager sur Paris vu que les perspectives de carrière les plus intéressantes sont là-bas".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Tellement de choses, à commencer par la famille ! Ma famille s’inscrit dans la pure tradition créole : repas dominical à 20 personnes, pique nique chemin volcan, etc. Ensuite le manger créole ! Les ti plats comme le rougail boucané, un bon massalé ou un carri canard ! Heureusement à Toulouse on peut trouver pas mal d’ingrédients utilisés dans la cuisine réunionnaise. Après il y a aussi Boucan Canot, les randonnées au coeur de Mafate ou Cilaos entre dalons, etc".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Le paysage économique réunionnais est fortement handicapé par l’obsolescence du secteur primaire. La culture de la canne à sucre ne rapporte plus face à la féroce concurrence du sucre de betterave. Par ailleurs, le pourcentage des activités de services est inférieur à celui de la métropole par exemple. Il y a pas mal opportunités à exploiter dans tous les secteurs. Ensuite, la balance commerciale est largement déficitaire mais sur ce point il est difficile de réagir efficacement. En raison de notre position insulaire, nous sommes obligés d’importer la grande majorité des biens de consommation à moindre coût et en provenance majoritaire d’Asie. Les charges sociales étant élevés, il est beaucoup plus avantageux pour les entreprises d’externaliser leur production...et par la même occasion réduire la création d’emplois".

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

"Les Réunionnais s’entraident beaucoup et sont plus enclins au travail en équipe. On est doté d’une grande capacité d’adaptation aussi qui nous permet de nous fondre dans un nouvel environnement. Enfin sur le plan humain, notre coté bon vivant nous amène à établir facilement le contact avec les gens et facilite la collaboration".

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

"On se fréquente beaucoup entre Réunionnais sur Toulouse. Ca fait toujours plaisir de se retrouver les week-ends pour des sorties, des barbecues. Ici, j’ai retrouvé pas mal de mes anciens camarades de classe. Il y aussi des soirées réunionnaises ! Et puis parmi les anciens de la prépa HEC de Bellepierre, nous sommes huit de ma promo à être à l’ESC. Chaque année il y en a entre quatre et dix qui intègrent l’école".

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"La Réunion est assez connue à Toulouse même si les gens font encore beaucoup l’amalgame avec les Antilles. Ils ont cette image de l’île de rêve, paradisiaque où tout le monde est en vacances ! Par contre, on peut parfois entendre des absurdités comme : "vous avez Internet là-bas ?" ou encore "Vous avez des routes à la Réunion ?". Heureusement, ce genre de phrases sont rares".

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

"Superbe ville pour un Réunionnais. On ne peut que s’y sentir bien, avec des édifices architecturaux de grande qualité. C’une ville qui bouge énormément, avec 120 000 étudiants, la deuxième ville étudiante après Paris. L’hiver n’est pas aussi rude que dans le Nord et ça aussi j’y suis sensible. Ensuite, la situation géographique est idéale : entre la côte Landaise et la Méditerranée, à trois heures de l’Espagne, etc".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"N’hésitez pas à partir si vous vous en sentez prêt. Il ne faut pas s’arrêter aux clichés "la famille va me manquer" ou "comment survivre sans les carris ?". Partez maintenant que vous êtes jeunes car ensuite ce sera trop tard. De plus, les collectivités territoriales encouragent et soutiennent la mobilité. Alors il faut en profiter".

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

"Super idée ce site ! J’ai pu retrouver des personnes que j’ai connues à la Réunion et savoir ce qu’elles sont devenues. C’est toujours bien de pouvoir faire partager son expérience personnelle aux autres Réunionnais. Continuez ainsi !"

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