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Cyrielle Grondin, 20 ans, sans emploi et sans permis de travail au Canada

Publié le 19 août 2010

Arrivée en Ontario à l’âge de 17 ans, Cyrielle se retrouve aujourd’hui mère seule, sans aide sociale et avec le risque de devoir quitter le Canada sans son enfant. Cette originaire de la Ravine des Cabris souhaiterait obtenir la résidence permanente pour poursuivre ses études et devenir professeur de français.

Cyrielle Grondin
Cyrielle et son fils Markus

Dans quelles conditions avez-vous quitté l’île ?

J’avais 17 ans, j’étais passionnée de musique. Mon rêve était de voir des concerts, de faire partie du monde gothique, qui n’est pas vraiment très présent à la Réunion. Je suis donc partie de mon plein grès après mon bac, pleine d’espoirs et de rêves, pour rejoindre celui à qui j’ai donné mon coeur en Ontario, Canada.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Un chapeau en paille, une marmite miniature, une petite boite à bijoux en forme de la Réunion, une chaine en or avec un médaillon en forme de l’île, des confitures papaye, mangue, banane et du punch mangue. Ma marmite a été perdue à Toronto avec mon chapeau quand j’ai déménagé ; les confitures et le punch bien sur ont été appréciés. Le reste est toujours présent…

Quel a été votre parcours ?

Je fais d’abord une formation en langue anglaise pendant huit mois à Toronto. La grande ville me plait énormément : une culture très différente de celle de la Réunion, des gens beaucoup plus ouverts d esprit, des concerts toutes les semaines, des grands centres commerciaux, des Ferrari dans les rues... Puis je poursuis mes études à l’université de Western Ontario. Je tombe enceinte en octobre 2008 ; le papa et moi décidons de garder le bébé. Il devait me parrainer auprès des autorités afin que je puisse avoir la résidence permanente, retourner étudier tout en m’occupant de mon fils... Mais les choses se gâtent et il me trompe durant ma grossesse. Cela ne fonctionne plus, je finis dans un foyer une semaine avant d’avoir mon fils, Markus…

Aujourd’hui où en êtes-vous ?

Je suis maman seule au foyer ; je prends soin de mon fils 24h/24. Son papa ne le voit qu’un week-end sur deux. Je ne peux plus payer mes études, je ne reçois aucune aide sociale et mon visa expire l’année prochaine. Je ne parviens pas à trouver un employeur qui veuille m’employer car l’immigration demande trop de choses. A ce train, je me verrai forcée de quitter le pays sans mon fils ! Je suis preneuse de toute aide qu’on pourrait m’apporter.

Quels sont vos projets ?

Je souhaiterais continuer mes études à l’université dans le but d’être professeur de français en Ontario.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Beaucoup de choses. Tout d’abord une expérience forte en émotions, le fait d’être maman, de devoir me battre pour ma situation. J’apprends la « vraie vie ». Le langage est un autre apport également. J’aime beaucoup l’anglais, les Etats-Unis sont la porte d’à côté, le Mexique n’est pas loin. Il y a plein d’ouvertures partout.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

La cuisine créole (rires), ma famille surtout !

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

La langue... Le fait que je sois maintenant bilingue est définitivement à mon avantage. Mais le fait de ne pas être canadien ici au Canada est un inconvénient car les portes ne s’ouvrent pas facilement. Il faut se battre encore et encore.

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

J’aime bien. Je vis dans une petite ville (Toronto est à une heure de route), il y a beaucoup de commérages mais c’est pareil partout ! Les gens sont ouverts d’esprit. Souvent les personnes âgées viennent me parler quand je fais les courses, me complimentent sur mon style. A la Réunion, si une personne âgée me voit avec mes piercings, mes tatouages, elle s’en va en courant ! Sinon, la vie ici est plus facile économiquement si on a du boulot. Tout est moins cher... mais tout est payant généralement.

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

C’est super, une très bonne opportunité pour les Réunionnais de se rencontrer, c’est sûr !

Lire aussi : Mère seule réunionnaise au Canada : "Je ne peux pas partir sans mon fils !"

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