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Thierry Bertrand, réceptionniste à l’hôtel Mercure de Sapporo au Japon

Publié le 22 août 2010

Marié à une Japonaise, Thierry, 30 ans, enchaîne les petits boulots à travers le Japon grâce à son visa vacance-travail : aide de vie, professeur de français, guide de rafting, webdesigner, barman et enfin réceptionniste dans un hôtel.

Thierry Bertrand

Racontez-nous votre parcours.

Je viens d’une famille modeste, du cote de la Chaloupe Saint Leu, savate deux doigt et do pain do beurre… Après un BTS Communication au lycée du Butor, j’ai été emploi jeune au collège Bois de Nèfle à Saint-Denis puis en formation continue Greta 3 du Butor et webmestre.

Dans quelles conditions avez-vous quitté l’île ?

Ce n’a pas été facile, mais je tiens à dire un grand merci d’abord au directeur de l’ANPE de Sainte Marie et au directeur des Assedic de Saint-Denis d’avoir accepté ma dérogation E313 pour l’Espagne… cela fait presque six ou sept ans. J’ai enchainé sur trois mois en Australie pour une formation en anglais et design et hardware. Après ce voyage en Australie, mon île de la Réunion me semblait trop petite. Je voulais en voir plus et apprendre plus.

Quelles difficultés avez-vous rencontré au cours de vos voyages ?

En Espagne, je ne parlais pas du tout la langue. Mais le plus dur, ça a été surtout en France où j’ai vraiment subi un choc culturel (j’en tremble encore). SDF dans un premier temps, j’ai eu du mal à m’en sortir. La couleur de peau et l’accent, dans certaines villes, vous fait regretter d’être français, chose que je n’ai jamais ressentie en Australie, en Espagne ou au Japon. Je conseille aux Réunionnais les villes du sud comme Toulouse, où les gens sont vraiment ouverts, chaleureux, et les structures d’aides vraiment efficaces.

Parlez-nous de votre séjour au Japon.

Arrivé au Japon, je ne parlais pas la langue non plus, mais ça a été plus facile qu’en France. Les structures d’aide au visa « vacance travail » sont très bonnes. Elles vous aident à trouver un logement et du travail, quel que soit votre niveau de langue. J’ai été « aide de vie » (à Osaka), professeur de français (à Osaka et Kyoto), guide de rafting et fun kayak (à Hokkaido et Niseko), webdesigner et graphique designer, barman dans une discothèque française à Sapporo. Mon dernier boulot en date est réceptionniste à l’hôtel Mercure de Sapporo.

rafting Japon

Quels sont vos projets ?

J’ai deux projets assez différents : ouvrir ma boite de webdesign au Japon, ou travailler pour un hôtel du groupe Accor à la Réunion.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

La langue anglaise est une clé formidable pour le monde. J’ai toujours eu 2 de moyenne en anglais pendant ma scolarité, avant de faire un tour en Australie. Aujourd’hui je parle quatre langues ! Comme quoi, ce n’est pas sur un banc en train de regarder un prof transpirer qu’on capte l’essence du « zaffaire », c’est en voyageant qu’on apprend ! La mobilité m’apporte aussi une vision plus large du monde et de la réelle situation géographique et politique de la Réunion, de da richesse, ses limites et ses possibilité futures de développement.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Je suis triste de voir qu’on limite les possibilités de mon île. Quand on voit comment Maurice augmente sont potentiel touristique (à 30 minutes d’avion de chez nous), c’est décevant. Et pour la sécurité, que font les autorités ? Les jeunes ont besoin d’encadrement, de soutien, de valeurs. Quand j’étais aide éducateur et que je demandais aux gamins ce qu’ils voulaient faire plus tard, certains me répondaient « Rmiste, comme papa »…

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

« The Rougail sausage » (comme le dit ma belle mère). Ha ha ha, le mythique rougail saucisse fumé pays… et le rougail Dakatine. La chaleur aussi, ici l’hiver atteint les -20° parfois sur presque huit mois.

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Le japon, ce n’est pas un autres pays, c’est une autre planète. J’y reste car ma femme est japonaise. Pour vraiment résumer, je travaille 13 h par jour et j’ai un jour de repos par semaine. Vous imaginez l’état dans lequel je suis. Et je ne suis que simple employé…

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Le premier pas est difficile, mais il faut partir, sortir du cocon pour grandir : Mobilité, mobilité, mobilité.

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