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Etienne, 30 ans, de retour d’un tour du monde

Publié le 23 septembre 2010

Originaire de Saint-Denis, Etienne a rejoint Paris après un périple dans 17 pays autour de la planète. Titulaire d’un BTS Electrotechnique, il travaille en temps normal comme informaticien dans des banques d’investissement. Sa dernière mission : 18 mois à la SGIB Société Générale.

Etienne Marsan
Etienne à la fin de "Inka Trail", un trek de 4 jours au Pérou qui vous emmène au
Machu Picchu à 2400m.

D’où êtes-vous à la Réunion ?

Je suis né à Saint-Denis et j’ai habité 12 ans dans le quartier du Moufia. Puis j’ai quitté l’île avec mes parents. Mon père, fonctionnaire, a été muté en Picardie. J’ai donc suivi la famille, obligé de quitter ma première vraie petite copine. A 12 ans c’est presque la fin du monde ! Mais bon, j’étais content d’aller en métropole.

Quels objets avez-vous apporté dans vos valises ?

A 12 ans, on n’a pas grand chose. Pas grand chose qui dure. Les choses que j’ai encore avec moi aujourd’hui n’étaient pas dans mes valises mais sur moi. En effet, j’étais et suis toujours un peu casse-cou. J’ai donc apporté avec moi de multiples cicatrices. Aujourd’hui, je les ai encore et quand je les regarde, je me vois dans un arbre évitant un nid de guêpe ou sur un skateboard. Je me dis que j’ai eu de la chance d’avoir passé mon enfance au soleil.

Racontez-nous votre parcours.

J’arrive en 5e dans un collège de province, à Soissons. Je suis black. Et croyez-moi, il n’y en a pas des tonnes à l’époque. Et je suis parmi les plus grands du collège et le plus grand de mon âge. D’ailleurs, on ne me croit pas quand je dis que j’ai 12 ans. Je ne sais pas pourquoi, mais un camarade veut jouer aux arts martiaux ; je lui fais un croche pied, il s’envole et retombe sur le front. C’était mon premier jour au collège… Après cinq ans à Soissons, on part en Ile de France où je finis mes études, prends mon indépendance et commence à travailler.

Et ensuite ?

J’ai réalisé un de mes rêves, un tour du monde ! Je suis parti en voyage autour de la planète pendant 11 mois. J’ai visité 17 pays, c’était super. Il y a pleins d’informations sur mon blog. Maintenant, je profite que je ne travaille pas encore pour essayer de faire une validation d’acquis d’expérience. Avoir un master serais super pour moi…

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Déjà, ce n’est pas moi qui ai choisi de venir en France. Mais j’ai eu la chance d’arriver suffisamment jeune pour me faire des vrais amis ici. C’est important. Venir ici, ça vous ouvre l’esprit. On n’est plus sur une île mais au milieu de l’Europe. Et ce que je voyais au journal à la télévision, se passe maintenant à la porte d’à coté. Le crash du concorde en 2000, j’habitais à 9km. Aujourd’hui même, une alerte à la bombe à Paris. L’évacuation des Roms, c’est des gens qu’on voit dans la rue. Ce n’est plus que de la télé.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

La famille. C’est la seule chose qu’on ne peut pas remplacer.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Franchement, je ne suis pas trop les informations de l’île. Je pense qu’on ne s’en sort pas trop mal. Tant qu’on ne fait pas la bêtise de demander l’indépendance comme d’autres îles, ça ira. Enfin, grâce au travail du parc national, c’est presque toute notre île qui vient d’être classée au patrimoine mondial de l’Unesco ! Le travail ne fait que commencer.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Dans le parcours professionnel, venir de la Réunion n’est pas un problème. Au contraire, beaucoup de monde connait cette île qui a un gros capital sympathie. Être noir, c’est une autre histoire. Une fois, quand j’étais plus jeune, je cherchais un stage et le chef m’a carrément dit "J’ai déjà trop d’Antillais dans mon service". Le racisme est encore présent mais il se cache mieux. Ma petite soeur pourtant diplômée d’école de commerce, vient juste de signer son premier CDI au bout de presque quatre ans !

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

En France, pratiquement tout le monde connait la Réunion. Mais pendant mon tour du monde, c’était amusant d’expliquer aux gens d’où je venais. Une fois au Cambodge, un monsieur me demande, « tu viens d’où » ? Je réponds, je suis français. Il me regarde et me dit, « je connais les Français, ils sont blancs, toi t’es pas blanc ». Allez expliquer à un monsieur de deux fois mon âge, qu’il y a des noirs en France. Je crois qu’il ne m’a pas cru.

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Maintenant j’habite à Paris. C’est drôle parce que la plupart des gens qui vivent à Paris viennent d’ailleurs. Les gens viennent, font leurs études ou travaillent quelques années et puis s’en vont.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Je n’ai pas de conseil à donner aux jeunes. Ils ont exactement les mêmes choses que les jeunes en France. Si : allez à l’école et obtenez un diplôme. Avec un diplôme, ils pourront travailler à la Réunion ou ailleurs. Sans diplôme, difficile d’avoir un travail en France.

Le blog d’Etienne autour du monde

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