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Pascal Malbrouck, 30 ans, gérant d’un cybercafé a Bristol

Publié le 9 avril 2007

Un Deug d’Anglais à l’UR, et Pascal quitte la Réunion pour joindre le programme d’échange Léonard de Vinci. Après six ans et quelques péripéties, il est aujourd’hui manager de "The flow internet café" dans la ville anglaise de Bristol.

Pascal Malbrouck
"Moi en arrière plan avec mes dalons Fred et Boris lors d’une soirée entre la Réunion et la Pologne. Devinez où sont les Réunionnais ?"

Racontez-nous votre parcours.

"Je suis originaire de l’Etang-Salé. J’ai passé un Bac littéraire et un Deug d’Anglais à l’Université de la Réunion. J’ai quitté l’île après mon service militaire pour joindre le programme d’échange Léonard de Vinci".

Comment s’est passée votre arrivée ?

"Je suis arrivé à Birmingham avec 12 Réunionnais (qui sont tous rentrés après trois mois). J’ai suivi une formation de trois mois en gestion et accueil en hôtellerie, avant de travailler dans un des plus prestigieux hôtel de Birmingham. Mais cette ville ne me plaisait pas".

Qu’avez-vous fait ?

"J’ai demandé ma mutation à Bristol, où j’avais des amis de la fac (l’université de Bristol et celle de la Réunion sont jumelées). Tout est parti de là. Dans les trois ans qui ont suivi, j’ai eu l’occasion de faire plein de choses très enrichissantes sur le plan professionnel et pas mal de voyages".

Et ensuite ?

"J’ai tenté un retour à la Réunion où j’ai dû recommencer à zéro. J’ai l’impression que les employeurs sur l’île ne savent pas mesurer l’importance et les qualités des personnes venant de l’étranger. Arrivant d’Angleterre où tout est beaucoup plus flexible, j’ai trouvé l’environnement du travail à la Réunion très rigide et pas adapté à la conjoncture internationale et locale, surtout dans le domaine du tourisme. Finalement je suis resté six mois et je suis allé à Mayotte où j’ai pu très vite avoir des fonctions correspondant à mon expérience dans l’hôtellerie… Avant un retour en Angleterre".

Quels sont vos projets ?

"Pour l’instant m’occuper de mon cyber café. La suite sera certainement dans le secteur de la promotion touristique ici en Angleterre, mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant" .

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Je pense que la mobilité m’a permis d’être moi-même et de pouvoir apprendre tout le temps. La routine n’existe pas dans ma vie. Tout est nouveau tout le temps parce que je vois en moyenne 80 personnes par jour, avec qui je peux discuter de manière amicale".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"La famille et la qualité de vie, la mer, les pains bouchons et les couchers de soleil. Heureusement j’ai trouvé ici des dalons réunionnais que je salue au passage !"

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Je suis un peu inquiet de la situation socio économique de la Réunion. A mon avis, c’est une société dynamique qui est ralentie par un système administratif trop lourd. Il faudrait donner une dimension plus régionale à la Réunion et créer plus de partenariats avec les autres pays de la zone. Il y a une tendance à l’urbanisation qui est très inquiétante. Les gens ne se rendent pas compte que les belles routes ne rapportent pas grand chose et que ça détruit un écosystème très fragile".

Quoi d’autre ?

"Je trouve aussi que la cohésion sociale à la Réunion est en train de diminuer pour être remplacée par un style capitaliste féroce : surconsommation, endettement, augmentation du coût de la vie, etc. qui sont les stigmates des pays européens. La Réunion n’est pas connue et n’apparaît pas encore sur toutes les cartes du monde, mais je vous rassure des gens comme moi y travaillent en ce moment même".

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

"Et bien venez voir, vous comprendrez pourquoi ça fait six ans que je suis là. Bristol c’est super, mais je vous préviens, en Angleterre la vie est chère !"

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Je voudrais dire aux jeunes réunionnais qu’ils peuvent s’adapter partout sur cette planète. Nous avons une ouverture d’esprit formidable. La migration est dans nos gènes, ainsi que le sourire qui est notre passeport. C’est une formidable expérience qu’ils peuvent tenter. Le fait de rester longtemps loin de notre petite île et de nos familles et de supporter le premier hiver -surtout ici en Angleterre- ne doit pas vous retenir ! Mais il faut rentrer à la Réunion par la suite pour l’enrichir de nos expériences et de nos personnalités".

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