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Patricia Rivière, 33 ans, enseignante au Lycée Jean Renoir de Munich

Publié le 30 octobre 2007

"Après une première année de licence d’Allemand à la Réunion, je suis partie à Hambourg en tant qu’assistante de français dans une école. Je suis rentrée à la Réunion pour obtenir les dernières UV de licence, et puis je suis repartie pour l’Allemagne où je vis encore aujourd’hui, 13 ans plus tard !"

Patricia Rivière

D’où êtes vous à la Réunion ?

"Je suis née au Tampon, où j’ai fait toute ma scolarité. Mes parents habitent dans les hauts de St Pierre, ainsi je me sens bien dans ces deux villes. Je suis issue d’une famille très modeste. Ce n’est pas le milieu qui doit décider de son destin, mais sa persévérance, le sens de la débrouille et de l’adaptation..."

Dans quelles conditions avez-vous été amenée à quitter l’île ?

"Mon histoire est un peu particulière... Après un Deug LCE Allemand (qui venait de s’ouvrir à la Réunion), je décide de partir à Besançon pour la licence. Mais voilà que je ne supporte pas Besançon ! Un mois après mon arrivée dans cette ville, je rentre sur l’île. Une décision que je n’ai jamais regrettée, malgré l’incompréhension dont je fus victime à l’époque".

Que s’est-il passé ?

"J’étais celle qui n’avait pas tenu le coup, pour les enseignants comme pour mes camarades d’étude... C’est dur de ne pas répondre aux attentes des autres, on en souffre. Mais ma décision était bien réfléchie. Après cette difficile année de licence, je décidai de partir pour Hambourg, au Nord de l’Allemagne... Certains me voyaient déjà de retour avant même que je parte, mais l’essentiel était pour moi de réussir mon projet de vie. Et aujourd’hui 13 ans plus tard, je suis encore en Allemagne. Ca m’arrive encore de rire intérieurement des moqueurs qui finalement sont restés à la Réunion".

Racontez-nous votre arrivée en Allemagne.

"Mes premières semaines à Hambourg n’ont pas été faciles... Je fus certes très bien accueillie, mais il y a toujours un temps d’adaptation. Pendant les trois premières semaines, je n’ai mangé que des pains au chocolat. Ce que je voyais dans les rayons des magasins me dégoûtait. Aujourd’hui je suis fan de la cuisine allemande : c’est délicieux et copieux ! Après un an en tant qu’assistante de français dans une école allemande, je suis rentrée à la Réunion pour obtenir les dernières UV de licence. Et puis je suis repartie pour l’Allemagne où je vis encore aujourd’hui !"

Patricia Rivière

Qu’avez-vous fait ?

"Une maîtrise d’allemand à l’Université de Saarbrücken, puis un nouveau poste d’assistante à Bremerhaven (encore au nord !), avant de descendre à Munich où travaillait alors mon copain (aujourd’hui mari)... A Munich, j’ai fait divers jobs : secrétaire bilingue à l’institut français, enseignante de français langue étrangère pour des adultes, traductrice et accompagnatrice linguistique... Mais mon projet restait toujours l’enseignement. Ainsi après ma réussite au concours de professeur des écoles à Strasbourg, j’ai passé deux ans de formation dans cette ville, avant de redescendre à Munich où je vis aujourd’hui".

Quels sont vos projets ?

"J’ai réussi mon grand projet, celui d’enseigner à l’école élémentaire. J’aime ce métier et je vais volontiers travailler chaque matin avec mes élèves... Et puis j’ai la chance de travailler à l’école franco-allemande de Munich, qui a une bonne réputation. Mes élèves sont de tous les pays. J’ai cette année une élève égyptienne et américaine, qui parle français comme si c’était sa langue maternelle ! Je n’ai pas vraiment d’autres projets, à part peut-être devenir un jour psychologue scolaire... Mais bon j’ai surtout envie de profiter de la vie maintenant !"

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Énormément bien sûr ! Des rencontres de cultures et mentalités différentes. Un jour je me suis amusée à mettre une croix sur les pays des personnes que j’avais rencontrées pendant ces dernières années. Et bien figurez-vous que j’ai coché une soixantaine de pays/régions ! Aujourd’hui je n’ai plus beaucoup de ces contacts – voyager, c’est aussi accepter l’éphémère - mais quand vous avez croisé tant d’êtres et de nationalités, vous avez des yeux différents sur le monde... J’ai vu des paysages beaux et magnifiques, cependant à mes yeux la Réunion reste le petit coin de paradis dans ce monde !"

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Tout ! Pendant longtemps je pensais pouvoir vivre loin de la Réunion, même si le retour aux sources était nécessaire de temps à autre. Mes depuis mes dernières vacances sur l’île, j’ai le sentiment de passer à côté de la vie... Je crois que j’ai satisfait mon âme nomade les dernières 13 années, je ne serais pas ce que je suis sans le voyage. L’Allemagne est l’endroit où je me suis émancipée, où j’ai construit ma vie de femme. Je conseillerais à n’importe qui de vivre le voyage... Mais voilà, j’avoue que l’idée de vieillir en Allemagne me panique un peu. Je n’ai qu’une envie maintenant : rentrer chez moi, retrouver les miens, sentir le soleil "pwaquer" ma peau, faire du sport tous les jours à l’extérieur, parler créole... Mais mon mari est allemand, il peut difficilement exercer son métier à la Réunion".

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

"La Bavière est magnifique et l’Allemagne a de très belles villes et paysages. Je trouve dommage que ce ne soit pas plus connu... Comme partout dans le monde, il y a des gens sympas et des gens pas sympas. Mais dans l’ensemble c’est un pays très tolérant !"

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